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03 décembre 2011

RDC-Elections : La CENI distille des résultats triés sur le volet

Le climat est toujours extrêmement tendu en République démocratique du Congo (RDC). La Commission électorale (CENI) a décidé de couper court aux rumeurs en diffusant des résultats partiels de la présidentielle avant la date prévue, le 6 décembre. L'opposition dénonce une "manoeuvre" pour "préparer" la population à la réélection du président Joseph Kabila.

CENI candidats présidentielle.png4 jours avant la date officielle et dans une mise en scène savamment orchestrée, la Commission électorale (CENI) a décidé de publier des résultats partiels de l'élection présidentielle en RDC. Devant les pressions, les craintes de nouvelles violences et les rumeurs de résultats "informels" sur internet et par SMS, la CENI livre ses premiers chiffres, sur seulement 15% des 64.000 bureaux de vote.

Ces premiers résultats, très partiels, mettent le président sortant Joseph Kabila en tête avec 52%, devant son concurrent, Etienne Tshisekedi avec 34% des voix. L'opposition, et principalement l'UDPS, rejette fortement ces chiffres. La CENI a retenu des provinces, comme le Katanga, qui sont traditionnellement acquises à Joseph Kabila. D'autres provinces, comme Kinshasa, plutôt réputées proche de l'opposant Etienne Tshisekedi, ne représentent que 0,02% des bureaux retenus par la CENI… un déséquilibre "intentionnel" selon l'UDPS. "C'est de l'irresponsabilité, de la provocation. On ne peut que critiquer ces chiffres", d'après Jacquemain Shabani, secrétaire général du parti de Tshisekedi. "Pourquoi seulement 0,02% des bureaux de vote à Kinshasa, alors qu'on sait, et nous avons des témoins, que dans 90% des centres de vote le résultat est connu ?" tempête-t-il. Pour l'UNC de Vital Kamerhe, lui aussi dans l'opposition, la divulgation des ces résultats constitue un "ballon d'essai pour l'opinion", pour la préparer la réélection de Joseph Kabila.

Du côté du PPRD, le parti du président sortant, la publication de résultats partiels doit permettre de couper court à toutes les rumeurs et les chiffres fantaisistes qui circulent sur internet et par SMS. Pour Comi Toulabor, analyste politique, interrogé par Radio Okapi, ces résultats partiels doivent "dédramatiser le résultat final. Que chaque candidat sache comment il est situé et, progressivement, comment il naît électoralement".

Quel enseignement tirer de ces chiffres très partiels, voire très "partiaux" ? La seule information qui s'en dégage est la certitude d'un duel qui se jouera entre Joseph Kabila et Etienne Tshisekedi. Mais ces résultats, consciencieusement choisis par la CENI, dont le président est un proche de Joseph Kabila, n'ont visiblement d'autre but que de rassurer les partisans du président sortant. En effet, depuis 4 jours, de nombreuses informations "informelles" circulent sur la "bonne tenue" du vote en faveur d'Etienne Tshisekedi. Certaines voix dans la presse internationale se sont même laissées aller croire la victoire du "vieux Sphinx" de l'UDPS, crédible… et même possible. Sur le site de RFI, "un haut responsable de la majorité présidentielle" concédait même être "surpris par la percée de l’opposant historique".
A 72 heures de l'annonce officielle des résultats, la CENI prépare donc les Congolalis à toutes les hypothèses… même à la réélection de Joseph Kabila.

Christophe RIGAUD

02 décembre 2011

Violences en RDC : La Garde présidentielle en accusation

Selon l'ONG américaine, Human Rights Watch (HWR), au moins 18 civils ont été tués et une centaine gravement blessés dans les deux jours qui ont précédé les élections en République démocratique du Congo (RDC). Au banc des accusés : la Garde présidentielle de Joseph Kabila.

Image 4.pngLes 26, 27 et 28 novembre 2011, jours des élections présidentielle et législatives en RDC, Kinshasa a vécu une véritable flambée de violence, en marge de la campagne électorale. Selon HRW, au moins 18 civils ont été tués et une centaine gravement blessés, principalement par les forces de sécurité. Pour l'ONG américaine, "la plupart des victimes, dont 14 dans la seule capitale Kinshasa, ont été tuées "par des soldats de la garde républicaine", l'ex-garde présidentielle.

HRW raconte "qu'un convoi de la garde présidentielle a fait feu sur des civils, tuant 12 manifestants et en blessant plusieurs dizaines dont une femme enceinte. Les soldats auraient riposté après avoir essuyé des jets de pierres de la part de partisans de l'opposition".

Pour Anneke Van Woudenberg, d'Human Rights Watch Afrique, "les élections ne peuvent être une excuse pour que les soldats tirent au hasard sur la foule. Les autorités devraient suspendre immédiatement les responsables de ce bain de sang inutile et les tenir pour responsables".

D'après les autorités congolaises, il ne s'agirait pas de membres de la garde présidentielle: "il pourrait s'agir de personnes déguisées ou portant des uniformes de la garde présidentielle mais aucun élément de la garde présidentielle ne se trouvait dans les rues", a déclaré le ministre de la Sécurité, Adolphe Lumanu.

HRW en profite pour joindre sa voix à celle de l'Onu et lancer "un appel au calme, en particulier à Kinshasa qui est globalement favorable à l'opposition". Pour Anneke Van Woudenberg "à mesure qu'approche la proclamation des résultats de l'élection, il est essentiel que tous les chefs de file, vainqueurs ou vaincus, se comportent d'une manière responsable et pacifique".

Les élections présidentielle et législatives ont été marquées par des problèmes d'organisation, des fraudes présumées et des affrontements entre membres des différentes partis politiques et les forces de sécurité. Les résultats sont attendus le 6 décembre.

Christophe RIGAUD

01 décembre 2011

RDC-Elections : Guerre des nerfs dans l'attente des résultats

Le dépouillement et la compilation des résultats des élections présidentielle et législatives sont en cours en République démocratique du Congo (RDC). L'UDPS de l'opposant Etienne Tshisekedi affirme avoir "une avance confortable" sur Joseph Kabila, alors que la Majorité présidentielle accuse l'opposition de vouloir créer "un climat d'insurrection".

Site internet Kabila 2011.jpgAvant la publication des résultats officiels le 6 décembre par la Commission électorale congolaise (CENI), les partis politiques des deux candidats favoris se livrent à une bataille de communiqués sur fond de rumeurs sur les résultats des premiers dépouillements. car si une chose est sûre : la victoire se jouera entre le président sortant Joseph Kabila et l'opposant "historique" Etienne Tshisekedi.

A l'UDPS, le parti d'opposition d'Etienne Tshisekedi, Jacquemain Shabani, est à la manoeuvre. Le secrétaire général du parti confirme à qui veut l'entendre, "l'avance" de l'UDPS dans ces élections. Des résultats provenant de différents procès-verbaux des bureaux de vote confirment, selon le parti d'Etienne Tshisekedi, un "écart confortable, incontestable et irrattrapable en dépit de la fraude constatée". Sûre de sa victoire, l'UDPS en profite pour accentuer sa pression sur le camp présidentiel en déclarant désormais "se concentrer sur la passation de pouvoir"… avant de "mettre en garde le pouvoir sortant contre toutes les manoeuvres et tentatives en cours visant à frustrer l'expression populaire".

Au PPRD, le parti présidentiel, on affirme être confiant : "nous sommes certains que le candidat Joseph Kabila va l’emporter avec un score significatif". Mais devant les déclarations victorieuses de l'UDPS, les pro-Kabila crient à "l'intoxication" et à la "manipulation de la population afin de créer un climat d'insurrection". Les partisans du président sortant rappellent que "seule la CENI est habilitée à publier les résultats électoraux".

A quelques jours de l'annonce des résultats, tant attendus, mais aussi tant redoutés par les Congolais, l'avenir n'a jamais semblé aussi incertain en RDC. Les nombreux observateurs et les ONG, présents sur place, craignent l'embrasement et les violences post-électorales. Car chacun des deux deux camps, sûrs de gagnés, se préparent surtout "à ne pas perdre" et donc à contester le scrutin.

Christophe RIGAUD