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02 juin 2013

RDC : Une ONG demande l'arrestation d'un policier à Likasi

L'Association africaine de défense des droits de l'homme (ASADHO) appelle l'auditeur de la garnison de Likasi à arrêter un commandant de police du commissariat de Kikula (Katanga). L'ONG accuse ce policier de viol sur une étudiante en droit détenue dans son commissariat.

Afrikarabia logo V2.pngDans un communiqué, l'ASADHO affirme qu'une étudiante en droit de l'université de Lubumbashi, arrêtée et détenue dans un cachot du commissariat de Kikula, du 16 au 23 mai 2013, aurait été violée à plusieures reprises par le commandant Alain Basele.

L'ONG rapporte qu'après avoir porté plainte contre le commandant du commissariat, l'auditeur de la garnison a refusé d'ouvrir une instruction. L'ASADHO dénonce également l'attitude du maire de Likasi, qui se serait opposé à l'arrestation du commandant Basele "au motif que la victime aurait déposé sa plainte sous l’instigation d'une organisation de défense des droits de l’homme, alors qu’elle n’avait pas la volonté de le faire". L'ONG congolaise rappelle que de nombreux auteurs de violences sexuelles jouissent de "l'impunité des autorités politiques, judiciaires ou de la Police Nationale Congolaise". L'ASADHO souhaite que le commandant Basele soit rapidement entendu par l'auditeur de la garnison de Likasi et demande au maire de la ville de s'bstenir de toute "obstruction aux actions de la justice".

Christophe RIGAUD - Afrikarabia

MISE AU POINT : A la suite de cet article, le maire de Likasi nous a communiqué un démenti formel de toute "obstruction aux actions de la justice" et précise que le dossier du capitaine Basele est bien en cours d'instruction par le 1er Substitut de l'Auditeur, le Major Oscar Matonge. Le maire de Likasi précise également que "la porte de son bureau reste ouverte à toute personne cherchant à obtenir les informations exactes sur une situation prévalant au sein de la ville". L'intégralité du droit de réponse du miare de Likasi est accessible ici.

31 mai 2013

RDC : Le militaire peut-il tout résoudre dans les Kivus ?

D'ici la mi-juillet,une nouvelle Brigade spéciale d'intervention de l'ONU de 3.000 hommes aura pour mission de mettre fin à la guerre en RDC. Son mandat "offensif" réussira-t-il à "neutraliser et désarmer" les groupes armés ? Les militaires pourront-il ramener la paix dans les Kivus sans une approche politique du conflit ? Beaucoup en doute.

Image 1.pngL'ONU a décidé de frapper un grand coup à l'Est de la République démocratique du Congo (RDC). Souvent accusées d'impuissance dans un conflit qui dure depuis plus de 15 ans, les Nations-unies ont décidé d'employer la manière forte et "d'imposer la paix" selon les propres termes de Ban Ki-moon, en visite à Goma, le 23 mai dernier. Les rebelles du M23 avait prévu un "comité d'accueil" sur mesure, en réactivant les hostilités avec l'armée régulière quelques jours auparavant. Bons princes, les rebelles ont accepté de cesser les combats durant la visite du secrétaire général de l'ONU, histoire de bien montrer à la communauté internationale qu'ils dominaient la situation militaire.

3.000 casques bleus "offensifs"

Le voyage de Ban Ki-moon à Goma laisse pourtant plus de questions que de réponses. Après 14 ans d'impuissance face aux multiples crises qui ont secoué la RDC et l'échec de la prise de Goma par les rebelles du M23 en novembre dernier, la Mission des Nations unies au Congo (Monusco) cherche toujours la solution au conflit des Kivus. Avec l'arrivée de la Brigade d'intervention, prévue à la mi-juillet et composée de 3.000 casques bleus munis d'un mandat "offensif", Ban Ki-moon croit avoir trouvé une des clés du problème. L'objectif affiché est de palier à l'inefficacité de l'armée régulière (FARDC), qui n'est plus que l'ombre d'elle-même sur le terrain militaire. Avec ce nouveau mandat, le premier de ce type dans l'histoire de l'ONU, Ban Ki-moon espère donner un coup d'arrêt aux groupes rebelles : essentiellement le M23... et les FDLR. Mais il faut savoir que l'Est de la RDC est victime d'une vingtaine de groupes armés et qu'il sera difficile, sur un territoire aussi grand, de courir après tout le monde en même temps.

Doutes sur le caractère "guerrier" de la Brigade

La liste des difficultés que devra rencontrer la future Brigade ne s'arrête pas là. Outre le risque de dommages collatéraux sur les populations civiles, qui écornerait sévèrement l'image des casques bleus, la Brigade sera perçue désormais comme "partie prenante" du conflit par le M23, les FDLR et les groupes Maï-Maï. Autre problème : Quel niveau de risque feront prendre les pays contributeurs à leurs soldats ? On sait qu'en Tanzanie et même en Afrique du Sud, deux pays qui participent à la Brigade, la question continue de faire débat, ce qui expliquerait d'ailleurs la lenteur de sa mise en place. Pour Kris Berwouts, un analyste indépendant, spécialiste de l'Afrique centrale : "le M23 a joué remarquablement avec les opinions publiques tanzaniennes et sud-africaines" et il se demande "quelles seront les réactions à Dar Es Salaam et Prétoria quand les premiers corps des soldats reviendront des Kivus". Sur le site de Voice of America, le responsable d'International Crisis Group (ICG) pour l'Afrique centrale, Thierry Vircoulon, ne croit pas au caractère "offensif" et "guerrier" de la Brigade. Pour preuve, le spécialiste d'ICG, note l'appel du président tanzanien au Rwanda, l'encourageant à négocier avec les FDLR. Une prise de position qui sème le doute, pour Thierry Vircoulon, sur la "détermination" de la Brigade à faire la guerre dans les Kivus. Kris Berwouts, pense d'ailleurs que "la stratégie du M23 sera dans un premier temps de faire rapidement des victimes dans les rangs de la Brigade", afin de décourager et démoraliser les opinions publiques des pays contributeurs.

Pas de militaire sans politique

La solution militaire sera-t-elle suffisante pour ramener la paix dans les Kivus ? Certainement pas. "L'action militaire peut créer un peu d'espace, un peu de souffle, pour laisser place à l'action politique, mais rien n'indique que l'on va dans cette direction", explique Kris Berwouts. Et de regretter que "l'action militaire ne soit pas soutenue par une démarche politique plus convaincante". En effet, si des avancées sur la bonne gouvernance, la restructuration de l'armée, l'indépendance des institutions, la volonté d'un dialogue national, sont fortement "recommandées" par l'ONU... rien n'est encore effectif. Le militaire sans solution politique risque donc de déboucher sur une impasse. Ce qui fait dire à Kris Berwouts que "l'espace ne restera pas vide très longtemps dans les Kivus. Si la Brigade réussie à affaiblir un groupe armé sur le terrain, un autre occupera rapidement l'espace laissé libre par le premier".

Christophe RIGAUD - Afrikarabia

Photo © Ch. Rigaud www.afrikarabia.com

30 mai 2013

RDC : Le film "Radio Congo" en quête de financements participatifs

Un projet de film documentaire sur l'arrivée d'un moteur à huile de palme dans une radio de brousse en République démocratique du Congo (RDC) est en cours de préparation. Porté par le réalisateur Philippe Ayme, "Radio Congo" recherche actuellement des soutiens, via un site de financement participatif.

Image 1.pngLa radio comme "vecteur de démocratie et de lien social", c'est ce que souhaite montrer le réalisateur Philippe Ayme dans son film documentaire "Radio Congo". En République démocratique du Congo, pays tourmenté par quinze années d'une guerre sans fin, la radio joue un rôle déterminant dans l'information des populations rurales, souvent enclavées.

Passionné par l'Afrique, Philippe Ayme souhaite suivre le quotidien de Radio Nsemo, une des nombreuses radios de brousse, installée à Idiofa dans la province du Bandundu. Philippe constate alors que, comme de très nombreuses radios, "cette station fonctionne grâce à un groupe électrogène". Problème : "avec le conflit au Nord-Kivu et la flambée du prix du pétrole, le prix du carburant ne cesse d’augmenter. Les responsables de la radio sont donc contraints de réduire le temps de fonctionnement du générateur", explique le réalisateur.

Mais depuis quelques années, une solution alternative existe. Dans une autre province congolaise, une radio a réussi à fonctionner grâce... à l'huile de palme. Moins coûteuse et directement récoltée à proximité du village, l'huile de palme permet de faire tourner le générateur électrique qui alimente la radio et l'émetteur. "Ce sont les habitants qui fournissent à tour de rôle l'huile nécessaire", note Philippe Ayme, "ce qui permet à la radio d'émettre 10 heures par jour, contre seulement 2 lorsque la station était alimentée en fioul". C'est cette expérience originale que souhaite filmer le réalisateur à Idiofa, avec l'arrivée d'un nouveau moteur à huile de palme pour Radio Nsemo.

Pour réaliser son film documentaire, "Radio Congo", Philippe Ayme a besoin d'un coup de pouce. Car si le projet est original, il est souvent difficile de trouver les diffuseurs pour ce type de film. Les chaînes de télévision sont en effet de plus en plus frileuses à s'engager sur des sujets à l'international dans un pays peu connu du grand public. Le réalisateur Philippe Ayme a donc eu l'idée de présenter son projet sur un site de financement participatif : kisskissbankbank.com. Le site permet aux particuliers de soutenir le film en échange d'avantages divers : projection, DVD, affiche du film... Philippe Ayme recherche 3.500 euros pour boucler son budget de repérage prévu cet été. Le projet "Radio Congo" est  soutenu par l'association Atelier Atlas Production et la société de production Adalios. Une structure de production congolaise, Matombi, semble égaleemnt  intéressée par le projet. Pour en savoir plus, n'hésitez pas à vous rendre sur le site du projet  "Radio Congo". Nous, on le trouve passionnant.

Christophe RIGAUD - Afrikarabia

28 mai 2013

La RDC épinglée par Amnesty international

Dans son rapport 2013 sur la situation des droits de l'homme dans le monde, Amnesty international n'est pas tendre avec le régime de Kinshasa. Selon l'ONG,  "les groupes armés comme les forces de sécurité gouvernementales ont menacé, harcelé et arrêté arbitrairement des défenseurs des droits humains, des journalistes et des membres de l’opposition politique".

Image 1.pngLes rapports se suivent... et se ressemblent. Le nouveau rapport 2013 d'Amnesty international (1) sur la République démocratique du Congo observe que le retour du conflit entre les rebelles du M23 et le gouvernement à l'Est du pays a considérablement aggravé la situation des droits de l'homme dans le pays. "Exactions perpétrées par des groupes armés, violences faites aux femmes, enfants soldats, personnes déplacées, torture, procès inéquitables, arrestations et détentions arbitraires, liberté d’expression"... la liste dressée par Amnesty est impressionnante.

Rebelles et armée régulière accusés

Après la réélection contestée de Joseph Kabila en novembre 2011, la RDC a renoué avec ses anciens démons. En avril 2012, un nouveau mouvement rebelle, issu de l'ancienne rébellion du CNDP, a vu le jour, ramenant la guerre dans les Kivus. Le M23 a réussi à s'emparer de la  ville Goma pendant 11 jours, sans rencontrer de résistance de la part de l'armée régulière (FARDC), démotivée et sous-payée. Dans son rapport 2013, Amnesty note que "le redéploiement des soldats des FARDC pour combattre le M23 dans l’Est du pays a créé un vide en matière de sécurité dans d’autres régions". Car outre le M23, des dizaines d'autres groupes armés se sont "réveillés" et terrorisent les populations civiles : FDLR, Raï Mutomboki, FNL, APCLS, LRA, ADF/NALU, et de nombreux groupes d'autodéfense Maï-Maï... Amnesty note que ce sont les femmes et les jeunes filles qui paient "le terrible prix de l’intensification des hostilités". "Un grand nombre de femmes ont été victimes de viol et d’autres formes de violences sexuelles imputables aussi bien à des membres des FARDC qu’à des groupes armés" révèle l'ONG. Idem sur les enfants soldats. Amnesty explique que les enfants sont recrutés aussi bien par les groupes armés... que par l'armée régulière.

Le cas Ndongala

En dehors des zones de conflits, circonscrites essentiellement à l'Est du pays, Amnesty dresse un portrait peu flatteur de la situation des droits de l'homme en RDC. "La pratique de la torture, et plus généralement des mauvais traitements, est endémique dans tout le pays", relève l'ONG. La justice congolaise n'est pas épargnée par le rapport : "le manque d’indépendance des tribunaux, les violations des droits des accusés, l’absence d’aide juridique et la corruption figurent au nombre des obstacles à l’équité des procès". Amnesty note également que "les arrestations et détentions arbitraires demeurent généralisées dans tout le pays". Les opposants politiques sont les premières victimes de ces arrestations. Le rapport revient sur la "disparition" de l'opposant Eugène Diomi Ndongala le 27 juin 2012, alors qu’"il était en chemin pour aller signer une charte de coalition avec d’autres partis politiques". Amnesty rappelle qu'"il a été remis en liberté 100 jours plus tard, après avoir été détenu au secret par l’Agence nationale de renseignements (ANR), à Kinshasa. Il n’a pas été autorisé durant sa détention à recevoir la visite de ses proches ni à consulter un avocat ou un médecin, malgré les problèmes de santé chroniques dont il souffrait".

Liberté d'expression minimale

La liberté d’expression a également été sévèrement restreinte, "en particulier pendant la période qui a suivi les élections et alors que le M23 gagnait du terrain dans l’Est du pays", dénonce Amnesty. "Des stations de radio, des chaînes de télévision et des journaux ont été suspendus arbitrairement par les autorités. Des locaux d’organes de presse ont été la cible d’incendies volontaires, entre autres dégradations. On ignorait l’identité des auteurs de ces attaques".

Le gouvernement congolais affirme pourtant faire des efforts pour améliorer les droits de l'homme en RDC. Un ministère de la Justice et des Droits humains a d'ailleurs été récemment créé. Amnesty note qu'en février 2012, ce même ministère avait "demandé aux autorités judiciaires civiles et militaires d’ouvrir des enquêtes sur les allégations de violences électorales... mais les investigations ne semblaient guère avoir progressé au cours de l’année".

Christophe RIGAUD - Afrikarabia

(1) Le rapport complet d'Amnesty est à lire ici.