28 mai 2013
La RDC épinglée par Amnesty international
Dans son rapport 2013 sur la situation des droits de l'homme dans le monde, Amnesty international n'est pas tendre avec le régime de Kinshasa. Selon l'ONG, "les groupes armés comme les forces de sécurité gouvernementales ont menacé, harcelé et arrêté arbitrairement des défenseurs des droits humains, des journalistes et des membres de l’opposition politique".
Les rapports se suivent... et se ressemblent. Le nouveau rapport 2013 d'Amnesty international (1) sur la République démocratique du Congo observe que le retour du conflit entre les rebelles du M23 et le gouvernement à l'Est du pays a considérablement aggravé la situation des droits de l'homme dans le pays. "Exactions perpétrées par des groupes armés, violences faites aux femmes, enfants soldats, personnes déplacées, torture, procès inéquitables, arrestations et détentions arbitraires, liberté d’expression"... la liste dressée par Amnesty est impressionnante.
Rebelles et armée régulière accusés
Après la réélection contestée de Joseph Kabila en novembre 2011, la RDC a renoué avec ses anciens démons. En avril 2012, un nouveau mouvement rebelle, issu de l'ancienne rébellion du CNDP, a vu le jour, ramenant la guerre dans les Kivus. Le M23 a réussi à s'emparer de la ville Goma pendant 11 jours, sans rencontrer de résistance de la part de l'armée régulière (FARDC), démotivée et sous-payée. Dans son rapport 2013, Amnesty note que "le redéploiement des soldats des FARDC pour combattre le M23 dans l’Est du pays a créé un vide en matière de sécurité dans d’autres régions". Car outre le M23, des dizaines d'autres groupes armés se sont "réveillés" et terrorisent les populations civiles : FDLR, Raï Mutomboki, FNL, APCLS, LRA, ADF/NALU, et de nombreux groupes d'autodéfense Maï-Maï... Amnesty note que ce sont les femmes et les jeunes filles qui paient "le terrible prix de l’intensification des hostilités". "Un grand nombre de femmes ont été victimes de viol et d’autres formes de violences sexuelles imputables aussi bien à des membres des FARDC qu’à des groupes armés" révèle l'ONG. Idem sur les enfants soldats. Amnesty explique que les enfants sont recrutés aussi bien par les groupes armés... que par l'armée régulière.
Le cas Ndongala
En dehors des zones de conflits, circonscrites essentiellement à l'Est du pays, Amnesty dresse un portrait peu flatteur de la situation des droits de l'homme en RDC. "La pratique de la torture, et plus généralement des mauvais traitements, est endémique dans tout le pays", relève l'ONG. La justice congolaise n'est pas épargnée par le rapport : "le manque d’indépendance des tribunaux, les violations des droits des accusés, l’absence d’aide juridique et la corruption figurent au nombre des obstacles à l’équité des procès". Amnesty note également que "les arrestations et détentions arbitraires demeurent généralisées dans tout le pays". Les opposants politiques sont les premières victimes de ces arrestations. Le rapport revient sur la "disparition" de l'opposant Eugène Diomi Ndongala le 27 juin 2012, alors qu’"il était en chemin pour aller signer une charte de coalition avec d’autres partis politiques". Amnesty rappelle qu'"il a été remis en liberté 100 jours plus tard, après avoir été détenu au secret par l’Agence nationale de renseignements (ANR), à Kinshasa. Il n’a pas été autorisé durant sa détention à recevoir la visite de ses proches ni à consulter un avocat ou un médecin, malgré les problèmes de santé chroniques dont il souffrait".
Liberté d'expression minimale
La liberté d’expression a également été sévèrement restreinte, "en particulier pendant la période qui a suivi les élections et alors que le M23 gagnait du terrain dans l’Est du pays", dénonce Amnesty. "Des stations de radio, des chaînes de télévision et des journaux ont été suspendus arbitrairement par les autorités. Des locaux d’organes de presse ont été la cible d’incendies volontaires, entre autres dégradations. On ignorait l’identité des auteurs de ces attaques".
Le gouvernement congolais affirme pourtant faire des efforts pour améliorer les droits de l'homme en RDC. Un ministère de la Justice et des Droits humains a d'ailleurs été récemment créé. Amnesty note qu'en février 2012, ce même ministère avait "demandé aux autorités judiciaires civiles et militaires d’ouvrir des enquêtes sur les allégations de violences électorales... mais les investigations ne semblaient guère avoir progressé au cours de l’année".
Christophe RIGAUD - Afrikarabia
(1) Le rapport complet d'Amnesty est à lire ici.
11:52 Publié dans Afrique, République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (8)
Commentaires
Amnesty international est-elle crédible depuis qu'elle a défendu les génocidaires hutus réfugiés au Congo et que se permettait de poursuire le FPR (Front patroiotique rwandais)?
Écrit par : anneet | 28 mai 2013
Je suis en partie d'accord avec ce rapport, toutefois, Armnesty international ne fait que dénoncer , pourquoi ces décideurs nationaux et internationaux même les médias internationaux et radiookapi ne font que chanter à longueur des journées mais les maux qui rongent la RDc et le peuple congolais sont connus par Le CONSEIL DE SECURITE DES NATIONS UNIES, Organe des Décideurs du monde. Pour le cas de JP.BEMBA, ils ont utilisés tous les Instruments et services de sécurité du Monde pour le jetter en Prison 5 ans dejà à la CPI et les autres qui ont le pouvoir et la mission régallienne d'un Etat càd la SECURITE, la JUSTICE et la PROTECTION des personnes et les biens. C'est deux poids , deux mesures car tout ce rapport sera balayé par L. Mende lors d'un Point de Presse pompeux. Dieu bénira les Congolais, car nous croyons en lui.Amen!
Écrit par : manou | 28 mai 2013
amnisty international vous nous fatiguez avec vos rapports qui ne donnent aucun changement sur tout ce qui se passe en Afrique.
Écrit par : emile | 28 mai 2013
Votre rapport est vrai,moi même qui vous ecris ce message,je suis un officier superieur de la Police congolais,dont j'étais témoin gênant et oculaire dans l'assassinat de Floribert Chebeya et de Fidèle Bazana(tous)activistes des DH de l'ONG la Voix de Sans Voix,ils ont été assassinés à l'Inspection Générale de la Police ce 01 juin 2010,j'ai vecu cette scenaria via mon caméra de surveillance,mais la justice n'a pas voulu me livrer en vue de dire la vérité,elle a préférée me faire disparaitr
Écrit par : Paul Mwilambwe | 29 mai 2013
Ce que vous dites semble être vrai. Toutefois dans un rapport ce qui est d'autant plus important c'est de fournir aussi des données chiffrées.
Écrit par : Edmond MUHIMA | 30 mai 2013
A quoi servent tous ces rapports quand on sait que rien ne sera entrepris pour arreter les auteurs de ces méfaits!
Est-ce pour se faire bonne conscience simplement?c'est ce que je crois sincèrement,car à entendre le SG de l'ONU, son organisation ne se permettrais pas un ECHEC en RDC comme au Rwanda, ça, c'est se moquer des congolais;au Rwanda il y a eu 800 mille morts tandis qu'en RDC,si on en croit au chiffre avancé par plusieurs organisations, on en serait aujourd'ui à plus de 6 millions de morts? Alors quel chiffre doit-on atteindre pour parler d'un échec?
Vraiment le congolais (Bantou) n'est pas une espèce protégée
merci quand meme pour le travail.
Écrit par : landa | 01 juin 2013
Tant que la question du respect des droits humains n'est pas encore eu une solution pour luter contre l'impunite,la question de paix en RD.congo est lointaine.que pense le gouvernement congolais pour ces peuples qui continuent a vivre dans une violation de ses droits pendant au moin 20ans.
Pour LISVDHE/rusthuru
BENJAMIN
Écrit par : Benjamin BAHATI | 06 juin 2013
le monde humain est a la derive. la culture de l'illegalite et de l'immoralite publique atteint des proportions indicibles dans ce monde ultramoderne. vous ecrasez une ou deux mouches en passant a washington ou new york, c'est la commotion generale dans le gouvernement; tous les cirques mediatiques se mettent en branle. c'est le terrorisme.
mais quand le gouvernement de kinshasa envoie sa police arracher de braves messieurs-dames a leur domicile a goma, bukavu, kisangani, lubumbashi, kinshasa pour les deshabiller publiquement et les torturer au grand jour, sous le pretexte qu'ils sont "tutsi" ou quelque chose de ressemblant...; le monde entier qui en est temoin ne s'en inquiete pas le moins du monde. C'EST DU DEJA VU!... LE RWANDA 1990-1994. c'est normal. la france est passee par la. et c'est la france qui etablit les normes. c'est elle qui gouverne l'ONU a new york comme a goma. ...
il demeure que s'il ya des zones de non-droit en afrique, les leaders et les elites africaines y sont pour quelque chose. ils pactisent trop facilement avec les politiques et les marchands occidentaux. pour le petit sou et la camelote, ils continuent a brader leurs pays sans etat d'ame.
Écrit par : ntarugera deo koya | 15 juin 2013
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