13 janvier 2013
Centrafrique : Accord précipité à Libreville
L'accord qui fâche tout le monde… ou presque. Si l'on en croit certaines voix au sein du Séléka, Michel Djotodia, le chef de la délégation rebelle, aurait signé "un peu vite" avec François Bozizé et surtout sans l'accord des chefs militaires. Sur le terrain, les commandants de la rébellion jugeraient le texte "inapplicable", donnant la part belle à l'opposition politique.
Après un mois de conflit armé et trois jours de difficiles négociations, un accord a finalement été signé entre François Bozizé, la rébellion Séléka et l'opposition politique. Le texte prévoit l'organisation d'élections législatives dans 12 mois et la nomination d'un nouveau Premier ministre "issu de l'opposition politique". Le président centrafricain, François Bozizé sauve donc son fauteuil jusqu'au 2016 et ne pourra pas de représenter, tout comme il lui sera interdit de révoquer son Premier ministre pendant la période de transition. L'accord prévoit également "le retrait de toutes les forces militaires étrangères du pays" (on pense bien sûr aux mercenaires sud-africains), à l'exception des Forces africaines de la FOMAC. Le nouveau Premier ministre devrait être désigné très rapidement, puisque l'opposition politique a déjà désigné l'avocat Nicolas Tiangaye comme son candidat.
Une opposition politique archi-gagnante
Côté rebelle, l'ambiance est nettement moins euphorique. Très rapidement après la signature de l'accord, des voix dissonantes se sont faites entendre. La Séléka est en effet la grande perdante du texte de Libreville. La rébellion espérait au moins la primature, qui revient en fait à l'opposition politique, et une reconnaissance des grades militaires pour les rebelles. Au final : rien de tout cela ne figure dans l'accord de Libreville. Un membre du Séléka, très remonté, se demande quelle mouche a piqué son chef de délégation, Michel Djotodia, de signer aussi rapidement avec François Bozizé un tel texte. Quelque peu déboussolé, il nous affirme que "ces accords n'engagent pas les chefs militaires du mouvement… Ils sont tout simplement inapplicables !". Ce membre du Séléka trouve également que l'opposition politique sort archi-gagnante de Libreville, alors "qu'elle n'a rien fait". "C'est un peu comme si elle avait gagné au Loto !" conclut-il.
Un accord "mort né"
Depuis vendredi, jour de la signature de l'accord, ça tangue sévèrement au sein de la rébellion. Certains craignent même l'implosion du mouvement. Une autre composante du Séléka a ouvertement critiqué l'accord de Libreville ce dimanche sur internet. Il s'agit de l'Alliance pour la renaissance et la refondation (A2R). Cette faction, très nouvelle dans la "galaxie Séléka", est principalement constituée d'officiers des FACA, l'armée régulière centrafricaine, hostiles au régime Bozizé. L'A2R n'a rejoint la coalition Séléka que fin décembre 2012. Dans un communiqué rédigé à Bimbo, le 12 janvier dernier, l'A2R estime que "le rendez-vous de Libreville n’aura été qu’un bal macabre de fossoyeurs car les questions de fonds n’auront pas été abordées et tranchées". Et de conclure : "l’accord politique de Libreville est mort né".
Bozizé seul...mais toujours président
A Bangui, dans l'entourage de François Bozizé, l'accord de Libreville fait grincer quelques dents. On accuse en effet le président centrafricain d'avoir sauvé son poste, au détriment de son gouvernement et d'avoir "tout donné". Seul François Bozizé peut savourer les bénéfices de l'accord de Libreville : une présidence assurée jusqu'en 2016, une rébellion stoppée militairement, désorganisée politiquement et une opposition moribonde qui se querellera sans doute autour des postes gouvernementaux à se partager. Une seule interrogation ? Qu'a gagné Michel Djotodia a signer dans la précipitation cet accord ? On peut supposer avoir la réponse dans quelques jours, une fois le gouvernement de transition composé.
Christophe RIGAUD - Afrikarabia
Photo : Conférence de Libreville © DR
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RDC : L'opposition extra-parlementaire s'allie à la société civile
Une plateforme politique regroupe pour la première fois l'opposition extra-parlementaire et la société civile. L'Action pour une autre voie (AV) rassemble une vingtaine de partis politiques et des associations des droits de l'homme comme l'Asadho, les Toges Noires ou la Ligue des Electeurs. Cette plateforme citoyenne et non partisane prône "la cohésion nationale" et appelle au "dialogue politique".
Une nouvelle plateforme politique est née. L'Action pour une autre voie (AV) se propose de rassembler politiques et société civile autour de "la cohésion nationale et du retour du dialogue politique". En plus d'une vingtaine de partis politiques, l'AV regroupe également des associations de la société civile, comme les Toges Noires, l'Asadho, le Codhod, l'Acaj ou la Ligue des Electeurs.
Le Coordonnateur de la plateforme, Auguste Mampuya, dénonce "le climat politique et sécuritaire qui aboutit à une véritable impasse politique : panne de débat, panne d’initiatives, panne de gouvernance, panne des institutions…". L'objectif affiché : "sortir l’Etat du blocage actuel" dans un esprit citoyen et non partisan. Auguste Mampuya rappelle que "depuis les élections (entachées de nombreuses irrégularités, ndlr), c’est une évidence incontestable que notre pays et l’Etat connaissent une sorte d’impasse politique (…) exacerbée par l’insécurité et la guerre qui nous sont imposées par le Rwanda et l’Ouganda et leurs complices".
L'Action pour une autre voie (AV) propose au président Kabila "la convocation d’un dialogue politique franc et ouvert entre tous : pouvoir, opposition parlementaire, opposition extra-parlementaire, groupes armés, société civile et diaspora…" afin de "s'accorder sur une vision indérogeable de la maison commune Congo". L'appel de cette nouvelle plateforme répond ainsi positivement au "dialogue intercongolais" proposé début janvier par le président Joseph Kabila. Si les principaux partis d'opposition congolais (UDPS, MLC… ) ont tous rejeté la "main tendue" du président congolais, "un rassemblement national" est "salutaire", argumente Auguste Mampuya.
Christophe RIGAUD - Afrikarabia
17:40 Publié dans Afrique, République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (1)
RDC : L'UE s'inquiète du sort de Pierre-Jacques Chalupa
L'affaire Chalupa préoccupe la délégation de l'Union européenne (UE) en République démocratique du Congo (RDC). L'opposant politique Pierre-Jacques Chalupa avait été condamné en octobre dernier à 4 ans de prison pour fausse attestation de nationalité congolaise. Selon l'UE, l'état de santé "préoccupant de l'ancien député nécessite une prise en charge médicale urgente".
Dans un communiqué, la délégation de l'Union européenne a manifesté "sa profonde préoccupation sur la situation de Pierre-Jacques Chalupa". Le président de l’ADD avait été condamné en octobre dernier à quatre ans d’emprisonnement pour détention d’une fausse attestation d’acquisition de la nationalité congolaise, d’une fausse carte d’électeur et d’un faux passeport congolais. Mais plusieurs ONG des droits de l'homme y voyaient un "acharnement" du pouvoir en place à Kinshasa pour "déstabiliser les opposants politiques" au président Joseph Kabila.
La délégation de l'Union européenne a rappelé qu'elle suivait "avec beaucoup d'attention le procès en appel le concernant devant la Cour Suprême de Justice". L'Union européenne s'inquiète "en particulier du fait que la Cour n'a toujours pas statué sur la requête de mise en liberté provisoire de M. Chalupa, motivée par sa situation médicale". La santé de l'ancien député congolais est en effet "préoccupante et nécessite une prise en charge médicale urgente qui ne peut être assurée en détention", poursuit le communiqué. Concernant le procès en appel de Pierre-Jacques Chalupa, l'UE souhaite que son cas "soit traité rapidement, de manière indépendante et équitable".
Commerçant né dans l’Est du Congo avant l’indépendance, de parents portugais et grecs, Pierre-Jacques Chalupa avait entamé il y a vingt ans sa naturalisation. Pour cela il avait d'ailleurs renoncé à la nationalité portugaise. L'opposant politique a toujours plaidé non coupable, qualifiant de non fondées les accusations du ministère public.
Christophe RIGAUD - Afrikarabia
15:50 Publié dans Afrique, République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (2)
12 janvier 2013
RDC : Lumumba en débat à Paris
Patrice Lumumba est toujours d'actualité. 52 ans après son assassinat, cet homme politique congolais continue de susciter un réel intérêt. Une conférence se tiendra à Paris, dimanche 20 janvier 2013 autour du nationaliste panafricain.
Alors qu'une énième enquête vient de s'ouvrir en Belgique sur les conditions de l'assassinat de Patrice Lumumba, le leader congolais continue de faire débat. En 2013, 52 ans après sa disparition, de nombreux congolais se revendiquent encore du "lumumbisme". A Paris, une conférence sera organisée à la Maison de l'Afrique, dimanche 20 janvier 2013. Une bonne occasion de se demander ce qui reste aujourd'hui de l'héritage de Patrice Lumumba.
Pour évoquer cette figure marquante du Congo : Anicet MOBE, sociologue et Historien congolais et le Professeur Jean Omasombo Tshonda, Historien, biographe de Patrice Lumumba et ancien membre de la Commission Lumumba à Bruxelles. Ces spécialistes retraceront la vie et le combat du premier Premier Ministre élu de la République du Congo. Un film sera également projeté, avant la conférence : "Assassinat de Lumumba: Une mort de style colonial", un documentaire de Thomas Giefer (2001). Des personnalités viendront également témoigner de "l'appui, réel ou supposé, proposé ou reçu des pays étrangers pour lutter contre l'éclatement du pays".
Dimanche 20 janvier 2013
de 15h00 à 18h00
Maison de l'Afrique
7, rue des carmes 75005 PARIS
12:50 Publié dans Afrique, République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (2)
10 janvier 2013
RDC : "Les milices ont remplacé l'armée"
Critiquée pour son inefficacité , accusée des pires exactions sur les populations civiles, l'armée congolaise doit se réformer. Dans un ouvrage retraçant l'histoire des armées en République démocratique du Congo, Jean-Jacques Wondo pointe les nombreux dysfonctionnements des forces de sécurité : manque de leadership politique, soldes insuffisantes, carence de formation, intégration ratée des rebelles, règne des milices… Jean-Jacques Wondo analyse pour Afrikarabia l'échec du secteur de la sécurité et ébauche des solutions.
- Afrikarabia : Quelle a été l'évolution des différentes armées congolaises depuis son indépendance en 1960 ?
- Jean-Jacques Wondo : Depuis le départ, ce pays n'a jamais disposé d'une armée comme nous l'entendons, c'est à dire d'une armée censée défendre le territoire national. Cet ouvrage propose une analyse synoptique qui montre que, dès la Force publique, jusqu'aux FARDC, cette armée a toujours été rongée par cette maladie que je qualifie d'intraversion (1), de perversion et de subversion.
- Afrikarabia : Aujourd'hui, l'armée congolaise est critiquée de toutes parts. Quels sont ses principaux travers ?
- Jean-Jacques Wondo : Une armée est avant une question politique. Donc le mal est d'abord politique. Il y a clairement un manque de volonté politique par que cette armée soit républicaine et nationale. De ce fait, on laisse les milices remplacer l'armée et faire n'importe quoi. Cette armée est une armée de milices. Elle n'obéit pas au principe de défense territoriale, mais aux intérêt de leurs chefs.
- Afrikarabia : En comparant l'armée congolaise de la période Mobutu à celle actuelle de Joseph Kabila, on s'aperçoit que l'on est passé d'un régime autoritaire fort à un régime autoritaire faible, avec des rébellions plus fortes que l'armée régulière.
- Jean-Jacques Wondo : Du temps de Mobutu, nous avions un pouvoir autoritaire sous une dictature et aujourd'hui, nous avons ce que je qualifie dans mon livre de "dictocratie". A la différence de Mobutu, nous avons actuellement en RDC un leadership faible. Il n'y a pas de leadership capable de mettre en place une réelle armée. Si vous comparez deux périodes : 1961-64 et la période 1998-2003. A quelques variantes près nous avons dans ces deux époques un Congo morcelé. Mais à l'époque, en 64-65, il y avait un leadership fort de Mobutu pour mettre fin au désordre.
- Afrikarabia : L'une des raisons avancées pour expliquer la faiblesse l'armée congolaise est d'ordre financière. Les soldes des soldats sont extrêmement modiques : 82$ pour un général quatre étoiles et 60$ pour un soldat de seconde classe.
- Jean-Jacques Wondo : Dans mon livre, je compare l'évolution des soldes de 2006 à 2010, complétée par des informations de 2012, où le salaire moyen d'un soldat des FARDC est passée de 10$ à 60$. Il y a donc eu une faible augmentation. Mais avec 60$, on est incapable de motiver une armée. J'ai été en contact avec un jeune officier l'année passée. Il a été témoin d'une mission assignée à un bataillon à l'Est du pays, comprenant environ 1.000 personnes. Ils ont reçu pour ces 1.000 personnes la somme de… 6.000$ ! Avec femmes et enfants ! Ces problèmes ne datent pas d'aujourd'hui, dès 1895, on a connu la première mutinerie au sein de la Force publique à Luluabourg. Mais c'est aussi la conception de l'armée qui est mal assimilée par nos politiciens, où l'on conçoit l'armée comme un danger pour le pouvoir politique. C'est aussi pour cette raison que l'armée régulière est "laissée pour compte" par les régimes.
- Afrikarabia : On parle aussi d'une autre problématique : celle du "brassage", c'est à dire de l'intégration de rebelles dans l'armée régulière après la signature d'accords de paix.
- Jean-Jacques Wondo : Le "brassage" est une des pistes de solution, mais pas la solution miracle. Le "brassage" a réussi en Sierra Leone. Au Libéria, il a plus ou moins bien marché. Chez nous en RDC, le "brassage" a été un échec. Le rapport de l'Union européenne, qui supervisait le "brassage", affirme qu'il y a eu des "ratés"… mais on ne peut pas accuser tout le monde. Le "brassage" a souffert au départ d'un défaut de conceptualisation. Au moment des derniers accords de paix (en 2009, ndlr), il fallait satisfaire tout le monde, rebelles et gouvernement. A un moment, le gouvernement est sorti de la logique du "brassage" pour passer à la "logique de régiments". Le CNDP (les rebelles de l'époque, ndlr) n'a pas voulu être mélangé avec les autres unités.
- Afrikarabia : Quelles sont les pistes à explorer pour reconstruire cette armée congolaise ?
- Jean-Jacques Wondo : La première piste est d'abord politique. L'armée, comme le dit von Clausewitz, "ce n'est que la continuation de la politique par d'autres moyens". Cela signifie que la puissance d'une armée est une option politique que l'Etat doit décider. Deuxième piste : la formation. Depuis 2001, cela fait environ plus de 10 ans que le Congo n'a pas formé d'officiers sur son territoire ! Il y a eu quelques tentatives pour former des officiers à l'étranger, mais cela n'a pas vraiment marché. On peut déjà, entre des cycles de formation de 18 mois à 6 ans, commencer à former la base d'une armée efficace sur une période de 10 ans… il y a là aussi un problème de volonté politique et pourquoi pas "d'agendas cachés". Qu'est-ce qui nous empêche de créer des centres d'entraînement et de formation pour nos militaires dans la région du Bandundu par exemple, pendant qu'on tente de pacifier et sécuriser l'est du pays ? On parle beaucoup de la responsabilité de la communauté internationale, mais je veux dire aux Congolais que nous devons apprendre à assumer nos propres responsabilités. Il est tant que les Congolais développent ce que j'appelle la "résilience politique". Ce n'est pas le déploiement d'une force neutre à l'Est ou la construction d'un mur entre la RDC et le Rwanda qui vont faire que le Congo ait une Armée forte!
Propos recueillis par Christophe RIGAUD - Afrikarabia
"Les armées du Congo-Kinshasa, radioscopie de la Force publique aux FARDC" de Jean-Jacques Wondo aux éditions Monde nouveau / Afrique nouvelle
(1) Intraversion : "qui vit centré sur lui-même, se détourne du monde extérieur"
22:55 Publié dans Afrique, République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (13)
07 janvier 2013
Centrafrique : Bozizé joue la carte sud-africaine
Le renfort de près de 400 soldats sud-africains à Bangui peut-il sauver le régime de François Bozizé ? Le président centrafricain semble le croire et pourrait miser sur un règlement militaire du conflit. Pour preuve : sa possible absence aux négociations prévues mardi à Libreville. Sur le terrain militaire, la rébellion accentue sa pression autour de Damara, dernier verrou avant Bangui.
Jacob Zuma sauvera-t-il François Bozizé ? L'Afrique du sud vient d'autoriser le déploiement providentiel de 400 soldats sur le sol centrafricain avec pour mission de "sécuriser la capitale", autant dire… le régime en place à Bangui. Si à Prétoria, la nouvelle a quelque peu fait tousser l'opposition au parlement sud-africain, à Bangui, le président Bozizé reprend confiance. Après la débandade de l'armée régulière face aux rebelles du Séléka, le président centrafricain ne devait son salut qu'au bon vouloir des troupes tchadiennes de la Fomac, basées à Damara, la porte d'entrée pour Bangui. Avec l'arrivée des sud-africains, François Bozizé change de mains protectrices et passe du Tchad (plutôt versatile c'est dernier temps) à l'Afrique du sud et peut de nouveau croire à un règlement militaire du conflit. Du coup, François Bozizé n'est plus vraiment disposé à se rendre à Libreville pour négocier avec des rebelles, qu'il pense désormais pouvoir dominer sur le terrain militaire. Le nom du président centrafricain, ne figure toujours pas dans la composition de la délégation de Bangui.
Les rebelles remettent la pression
Les rebelles ont rapidement compris le changement de stratégie de François Bozizé. Depuis l'arrivée en catimini, le 31 janvier dernier, de 3 gros porteurs sud-africains (voir Afrikarabia), le Séléka sentait bien que le vent avait tourné et qu'une contre-offensive gouvernementale se préparait, appuyée par les soldats sud-africains. Samedi 5 janvier, la rébellion a donc décidé de remettre la pression sur Bangui en prenant deux nouvelles villes autour de Bambari, Alindao et Kouango. Ce dimanche, de sources gouvernementales, on apprenait que les rebelles se tenaient à seulement 12 km de Damara, la fameuse "ligne rouge" et surtout, dernier verrou avant la capitale centrafricaine.
Bozizé absent à Libreville ?
Côté rebelle, on affirme être sûr que "Bozizé veut maintenant aller à la guerre". On regrette également "le temps perdu" par la CEEAC, l'instance régionale en charge du dossier, "qui nous a fait croire que François Bozizé voulait négocier, ce qui n'était visiblement pas le cas". Les négociations prévues à Libreville ce mardi sont donc bien mal engagées. L'absence possible de François Bozizé risque d'être très remarquée à la table des négociations, alors que les rebelles estiment que son départ du pouvoir "n'est pas négociable". Pour la coalition Séléka, la composition de sa délégation n'est pas encore effective et doit faire consensus entre toutes les composantes de l'alliance. La présence d'Eric Massi, notamment, n'était pas encore acquise.
Enfants-soldats ?
Une polémique est venue s'immiscer dans le conflit centrafricain : la présence d'enfants-soldats dans les rangs de la rébellion, mais aussi des milices pro-gouvernementales. Selon l'UNICEF, environ 2 500 enfants se trouveraient enrôlés dans différents groupes armés en Centrafrique. Des garçons et des filles séparés de leurs familles, qui peuvent être obligés de combattre, de transporter des fournitures ou risquent d'être abusés sexuellement, selon le représentant de l'UNICEF en Centrafrique, Souleymane Diabate. Seule la coalition Séléka a, pour le moment, démentie formellement avoir des enfants-soldats dans ses troupes. Les rebelles affirment même être disposés à recevoir les responsables de l'UNICEF dans les régions qu'ils contrôlent. Le Séléka se déclare également prêt à ouvrir un corridor humanitaire aux ONG pour venir en aide à la population.
Christophe RIGAUD - Afrikarabia
00:07 Publié dans Afrique, Centrafrique | Lien permanent | Commentaires (1)