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23 décembre 2012

Centrafrique : Une compagnie rebelle à 85 km de Bangui

Les rebelles continuent leur progression vers la capitale centrafricaine. La coalition Séléka s'est emparée ce dimanche de Bambari, une des principales localités du pays. La rébellion a indiqué à Afrikarabia qu'une compagnie de leur mouvement serait à "seulement 85 km de Bangui". Selon eux, François Bozizé "ne peut plus tenir militairement".

carte RDC Afrikarabia Centrafrique V2.jpgQui peut arrêter l'avancée des rebelles ? Depuis trois semaines, la coalition du Séléka, un mouvement regroupant 3 rébellions centrafricaines, fait route vers Bangui, avec la ferme intention de "faire appliquer pleinement" les accords de paix de 2007. Les rebelles accusent le président centrafricain, François Bozizé, de ne pas avoir respecté ses engagements.

Après une première percée au Nord du pays, les rebelles se sont emparés de la ville minière de Bria et samedi des villes d'Ippy et Ndassima, situées dans le centre. Dimanche, dans la matinée, l'importante localité de Bambari est tombée aux mains des rebelles, après d'intenses combats. La prise de Bambari est symbolique pour la coalition. Cette grosse localité de 50.000 habitants constituait une zone de garnison importante pour l'armée régulière (FACA).

La chute de Bambari intervient alors que François Bozizé, peu enclin aux négociations jusqu'à maintenant, s'estimait prêt à dialoguer à Libreville à condition que la coalition se retire de ses positions. Inacceptable pour la Séléka, qui dit continuer son avancée pour "contrer" les attaques de l'armée régulière. Ce dimanche, un porte-parole de la rébellion a indiqué à Afrikarabia, que son mouvement ne pouvait plus se rendre à Libreville pour négocier, depuis la condamnation des rebelles par le Gabon. La Séléka demande une délocalisation des négociations et souhaite un réel "dialogue inclusif" pour régler la crise.

Sur le plan militaire, les rebelles sont toujours à l'avantage malgré l'intervention des troupes tchadiennes, en renfort de l'armée gouvernementale. Un responsable de la Séléka a confié à Afrikarabia que les troupes tchadiennes n'avaient "toujours pas affronté la rébellion" et  "ne bougeaient pas". Un signe, selon les rebelles, de l'hésitation d'Idriss Déby, à soutenir jusqu'au bout, son allié Bozizé... pour ne pas dire "un lâchage". La Séléka affirme également avoir récupéré "huit jeeps" aux FACA ce dimanche. Toujours, selon un porte-parole de la coalition, "une compagnie rebelle se trouverait dimanche soir à 85 km de Bangui" et nous adéclaré que "François Bozizé ne pouvait plus tenir militairement". Pour l'instant, les autorités centrafricaines n'ont pas réagi à la progression des rebelles vers Bangui.

Christophe RIGAUD - Afrikarabia

19 décembre 2012

Centrafrique (RCA) : Les rebelles peuvent-ils renverser Bozizé ?

Les rebelles de la coalition Séléka menacent de renverser le président François Bozizé, en exigeant le respect des accords de paix signés en 2007. Après avoir fait tombé les villes de Ndélé, Bria et Kabo, les rebelles sont maintenant à 450 km de la capitale. La rébellion affirme être en mesure de prendre Bangui et demande au président tchadien, venu à la rescousse de François Bozizé, de "revenir à la raison" et de servir de médiateur. Afrikarabia a interviewé Jean-Paul Bagaza, porte-parole de la coalition en France.

carte RDC Afrikarabia Centrafrique Bria V2.jpg- Afrikarabia : Quelles sont les revendications de votre coalition ?

- Jean-Paul Bagaza : Nous souhaitons simplement que le président Bozizé respecte les accords signés à Libreville en 2007. Il y avait deux points essentiels : le désarmement et l'insertion dans l'armée centrafricaine de tous les anciens belligérants. Nous souhaitons maintenant insérer dans cette négociation de nouveaux éléments,  comme l'instauration de la démocratie, le respect des droits de l'homme ainsi que le respect de notre constitution. Le président Bozizé a l'intention de modifier la constitution afin de pouvoir se représenter en 2016.

- Afrikarabia : Est-ce que vous demandez le départ de François Bozizé du pouvoir ?

- Jean-Paul Bagaza : Pour le moment nous ne demandons pas son départ. Ce n'est pas l'objectif de la rébellion. L'objectif de notre rébellion est le respect des accords de 2007. Il y a un mois, le président Idriss Déby du Tchad avait lui-même appelé François Bozizé à rassembler toutes les forces politiques du pays, mais il n'en a rien fait. Au lieu de tenir ses engagements, le président Bozizé a simplement procédé au débauchage de certains leaders rebelles. Il les a payé en oubliant les troupes… Et ce que nous vivons aujourd'hui, ce sont les conséquences de cette non-application des accords de 2007. François Bozizé ne tient pas parole.

- Afrikarabia : Le président Bozizé a demandé l'aide militaire du Tchad. Pour quelles raisons ?

- Jean-Paul Bagaza : Le président Idriss Déby a été mal informé par le président Bozizé. François Bozizé lui a menti en expliquant que la rébellion, qui sévit en Centrafrique, est une rébellion "de la France" et "de François Hollande". Bozizé a dit à Déby que la France voulait le renverser et que le régime tchadien serait ensuite le prochain sur la liste à tomber. C'est ce qui a précipité la décision d'Idriss Déby à dépêcher une centaine de chars afin de nous empêcher d'avancer vers Bangui. Nous avons donc demandé au président Déby de revenir à la raison et nous l'avons même sollicité pour devenir médiateur dans cette affaire. Nous lui avons expliqué que la France ne nous soutient pas et que nous sommes une rébellion interne à la Centrafrique. Comme en 2010, Bozizé essaie de sauver son régime avec une intervention tchadienne, mais aujourd'hui, la donne a changé.

- Afrikarabia : La population soutient-elle votre rébellion ?

- Jean-Paul Bagaza : La population centrafricaine ne veut plus de Bozizé. C'est quelqu'un qui ne voit que son intérêt personnel et celui de son camp. Aujourd'hui, notre rébellion est soutenue par la population centrafricaine.

- Afrikarabia : A combien de kilomètres de la capitale se trouve votre rébellion et quelles sont vos chances d'arriver jusqu'à Bangui ?

- Jean-Paul Bagaza : Nos hommes sont à environ 450 km de Bangui. Mais à l'heure où je vous parle (20h mercredi 19 décembre, ndlr), nos hommes ont déjà infiltré la capitale. Il y a eu des tirs d'armes automatiques au niveau de l'aéroport. Il faut bien constater que l'armée centrafricaine (FACA, ndlr) n'existe pas. Il faut savoir aussi que depuis 2003, ce sont les forces tchadiennes qui constituent la garde rapprochée du président Bozizé.

- Afrikarabia : Est-ce que selon vous, François Bozizé contrôle toujours la situation dans la capitale ?

- Jean-Paul Bagaza : Bozizé n'a plus le contrôle de la capitale. Son propre chef d'Etat major a fui. Bozizé avait fait ses valises et voulait se réfugier à Ndjamena, avant l'intervention de l'armée tchadienne. A Bangui, c'est la panique totale. Tout le monde sait que Bozizé va tomber. Même les FACA disent qu'ils ne mourront pas pour quelqu'un qui ne tient pas compte de leur situation sociale. Certaines villes sont tombées sans résistance. Pour preuve, la rébellion n'a perdu aucun homme sur le terrain. Côté gouvernemental, il y a eu 14 morts et nous avons fait une centaine de prisonniers.

Propos recueillis par Christophe RIGAUD - Afrikarabia

18 décembre 2012

RDC : Des millions de personnes "prises au piège" selon Oxfam

Alors que les négociations entre les rebelles du M23 et les autorités congolaises n'ont pas encore commencé à Kampala, la menace d'une reprise des hostilités inquiète Oxfam. Pour cette ONG, "des millions de personnes sont prises au piège dans et autour de Goma, ainsi que dans d’autres villes de l’Est" de la République démocratique du Congo (RDC).

carte RDC Afrikarabia GomaV2.jpgDepuis le retrait des rebelles du M23 de la ville de Goma, samedi 1er décembre, une situation de "ni guerre ni paix", règne sur la capitale provinciale du Nord-Kivu. Mais la peur n'a pas disparu. L'issue des pourparlers entre la rébellion et le gouvernement congolais reste incertaine. Et si les négociations capotaient ? La guerre reprendrait sans doute et le M23, toujours en embuscade, aux portes de la ville, ferait de nouveau tomber Goma.

Selon l'ONG Oxfam, présente au Nord et au Sud-Kivu, notamment dans les trois camp de réfugiés autour de Goma, "plus d’un million de personnes sont menacées par les attaques des milices, rebelles et armées régulières alors que les combattants commencent à se positionner dans et autour" de la capitale du Nord-Kivu. Oxfam "craint que les populations civiles ne subissent des attaques ciblant les camps de déplacés, et que plus d’un million de personnes cherchent à se protéger dans une zone qui fourmille de soldats et de miliciens".

Pour Nicolas Vercken, d'Oxfam France, "il existe désormais un vrai risque de guerre, qui vient s’ajouter à la violence quotidienne et aux exactions auxquelles fait face la population. Un tel conflit serait catastrophique pour la population congolaise, qui subit déjà le pillage, le viol et la torture de la part de plus de 25 groupes rebelles dans l’Est de la RDC".

En plus des rebelles du M23, de nombreuses milices, rançonnent, violent, tuent… y compris l'armée régulière (FARDC). Les soldats congolais constituent souvent l'une des premières sources d'insécurité dans l'Est du pays… avant les rebelles. Oxfam note qu'au moins "quatre groupes armés contrôlent les voies d’entrée et de sortie de Masisi, empêchant presque totalement les personnes de fuir la zone". "Plus de 8000 familles s’abritent à l’heure actuelle dans des églises et des écoles de la ville, et n’ont que difficilement accès à l’eau potable, aux soins médicaux ou aux médicaments", explique Oxfam.

Nicolas Vercken lance un appel aux négociateurs de Kampala pour "mettre fin à cette situation de folie destructrice". Mais aussi aux institutions internationales : "l’Union Africaine et l’ONU doivent s’impliquer comme chefs de file des négociations et s’assurer qu’un agenda pour une solution de long terme soit trouvé". Pour l'instant, seul le "règlement intérieur" des négociations a été validé par les deux parties à Kampala. Quand aux chances de réussites… elles sont minces.

Christophe RIGAUD - Afrikarabia