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16 décembre 2012

François Muamba (RDC) : "Je suis à Kampala pour arrêter l'hémorragie"

François Muamba, président de l'ADR, se trouve à Kampala pour assister aux négociations entre le M23 et le gouvernement congolais. Contrairement aux autres partis d'opposition qui boycottent les discussions, l'ancien numéro deux du MLC estime que l'ensemble de la classe politique congolaise doit faire front à "l'agression rwandaise". François Muamba se dit prêt à soutenir le président Kabila et même à participer à un gouvernement d'union nationale.

François Muamba filtre 2.jpg

- Afrikarabia : Les quatre principaux groupes parlementaires d'opposition ont refusé de participer aux négociations entre le gouvernement congolais et le M23. Pour quelles raisons êtes-vous allé à Kampala ?

- François Muamba : Je pense que mes collègues ont mal apprécié la nature du problème qui se pose à la République démocratique du Congo. Nous faisons l'objet d'une agression extérieure, avec des visées et des prétentions sur notre sol et sur nos ressources. A partir de ce moment là, nous ne sommes plus dans un contexte qui doit s'apprécier en terme de tendances politiques : "je suis opposant ou je suis de la majorité". On le voit dans tous les pays du monde lorsqu'une nation est agressée dans sa substance : tout le monde doit se mettre ensemble pour d'abord défendre la nation. La métaphore que j'utilise le plus souvent est médicale : quand un corps perd du sang et qu'il y a des plaies et des fractures, il tombe sous le sens qu'il faut d'abord arrêter l'hémorragie. Et ensuite on peut s'attaquer aux problèmes des fractures et des plaies. En tant qu'opposition, nous avons des revendications. Mais ces revendications, qui sont séculaires, relèvent des fractures et des plaies. Le corps, la République démocratique du Congo, perd son sang. Moi, je suis à Kampala pour arrêter l'hémorragie. Si par les discussions et le dialogue, nous pouvons faire en sorte que la guerre s'arrête, sans tirer un coup de feu… ce sera très bien. Mais une fois que l'exercice du dialogue sera terminé, j'espère positivement, il sera tant, ensuite, que les querelles politiques reprennent.

- Afrikarabia : Vous pensez que la solution à la crise des Kivus est politique ?

- François Muamba : En réalité, les trois fronts (militaire, diplomatique et politique) doivent être simultanés. Les résultats commencent à tomber sur le plan diplomatique. C'est en effet la première fois que sur ce type d'agression, un pays comme le Rwanda est aussi malmené diplomatiquement. Si nous devons renforcer cela par des discussions politiques, parlons-en avec le M23. Les rebelles disent qu'ils ont pris les armes parce qu'un certain accord du 23 mars 2009 n'aurait pas été exécuté correctement… nous sommes ici à Kampala pour examiner cela. Les chefs d'Etat de la région des Grands Lacs ont clairement indiqué le 24 novembre dernier qu'il y aurait dans ce document du 23 mars des revendications dites "légitimes". Si cela peut vider la question des prétextes à ces guerres à répétition dans l'Est, alors parlons-en.

- Afrikarabia : Le M23 demande maintenant la démission du président Joseph Kabila. Vous estimez que les rebelles vont trop loin dans leurs revendications ?

- François Muamba : Ce que vous dites s'obtient par une victoire militaire… nous sommes d'accord ? De deux choses l'une, soit les rebelles veulent discuter avec le président de la République démocratique du Congo, soit ils veulent le chasser du pouvoir, mais il faut savoir. Il y a des gens d'expérience ici, il y en a aussi des plus jeunes, notamment chez eux (au sein du M23, ndlr) qui disent une chose aujourd'hui et le contraire le lendemain… il faut que jeunesse se passe comme on dit. Il ne faut pas oublier que le M23 a dû quitter Goma pour se retrouver avec nous, ici à Kampala, pour discuter, alors qu'il voulait prendre Bukavu et Kisangani… cela veut donc dire qu'un certain nombre de choses se sont passées. Le président Kabila est toujours le président de la République démocratique du Congo, mais cela ne dispense pas le même président de la République, de régler les problèmes qui se posent. Le M23 prend les armes pour dire que l'accord du 23 mars n'a pas été exécuté d'une manière satisfaisante, parlons-en, nous sommes là pour cela. Visiblement, les rebelles ont d'autres choses à dire, qui ressemblent à deux gouttes d'eau à ce que dit l'opposition et qui concernent les problèmes économiques, sociaux et politiques du pays… Sur ces points, le M23 n'a pas le monopole de ces revendications et surtout, il n'avait pas besoin de prendre les armes pour cela. Alors, retournons à Kinshasa et parlons-en entre nous. Et si j'ai bien entendu le président de la République dans son discours de samedi devant les deux chambres, il est lui-même disposé à s'attaquer à tous ces problèmes.

- Afrikarabia : La sortie de crise doit-elle passer par un compromis, qui serait la formation d'un gouvernement d'union nationale ou d'unité nationale ?

- François Muamba : Nous ne pouvons pas admettre qu'un pays qui attaque la République démocratique du Congo, nous oblige à former un nouveau gouvernement. Est-ce que maintenant la situation nécessite que le président prennent des mesures courageuses pour mettre la RDC une bonne fois pour toute à sa place ? Oui. On ne peut pas être la RDC et avoir un peuple qui meurt de faim. On ne peut pas être la RDC et ne pas pouvoir participer à la sécurisation et à la stabilisation de l'ensemble de la région. On ne peut pas être la RDC et ne pas pouvoir fournir au reste du monde un nouveau moteur de croissance (notamment grâce à ses ressources naturelles, ndlr)… Si le président de la République ne relevait pas ces enjeux là, la situation de "balkanisation" du pays deviendrait alors une réalité. Et être opposant aujourd'hui en RDC, cela veut dire : si Joseph Kabila prend les choses en main, on le soutient ; s'il ne les fait pas, on s'oppose.

- Afrikarabia : Cela veut dire, éventuellement, que François Muamba serait disponible pour intégrer un gouvernement d'union nationale ?

- François Muamba : Ce qui n'est vraiment pas possible serait de dire : François Muamba va aller au PPRD (le parti de Joseph Kabila, ndlr) ou à la MP, qui est la plateforme présidentielle. Mais s'agissant d'une décision du président de la République, qui serait de dire : où est la "dream tram" pour l'agenda que je viens d'indiquer, je serai disponible.

Propos recueillis par Christophe RIGAUD - Afrikarabia

Photo : François Muamba © DR

RDC : Une carte interactive pour suivre le conflit du Kivu

Le think tank International Crisis Group (ICG) propose une carte interactive pour visualiser la crise entre les rebelles du M23 et l'armée régulière congolaise à l'Est de la République démocratique du Congo. Un outil qui permet de mettre "une géographie" sur un conflit complexe.

Carte interactive ICG.pngLe site internet du centre de recherche International Crisis Group (ICG) a recensé sur une carte interactive "tous les incidents de sécurité" dans l'Est de la République démocratique du Congo. Cette carte permet de visualiser l'évolution de la guerre dans les Kivus, depuis la création de la rébellion du M23 en avril 2012. La cartographie proposée par ICG révèle notamment les zones de forts affrontements, durant l'été 2012, autour des villes de Bunagana et Rutshuru, deux villes tombées aux mains des rebelles… un excellent outil pour remettre une géographie et une chronologie sur ces événements.

Les données sont actualisées et revues en fonction des nouvelles informations en provenance des zones de crise. Vous pouvez accéder à cette carte en cliquant ici.

13 décembre 2012

RDC : Matata Ponyo sur la sellette ?

Le Premier ministre de la République démocratique du Congo, Augustin Matata Ponyo se trouve dans une situation très inconfortable. Depuis la reprise de la guerre à l'Est du pays et la suspension du prêt du FMI accordée à la RDC, le Premier ministre pourrait servir de fusible à un président Joseph Kabila, lui-même très affaibli.

Capture d’écran 2012-12-13 à 23.06.03.pngLes heures d'Augustin Matata Ponyo sont-elles comptées à la tête du gouvernement congolais ? Beaucoup le pensent à Kinshasa. Les sites Direct.cd et CongoNews affirment même qu'il pourrait démissionner. Il faut dire que depuis quelques semaines, le Premier ministre congolais enchaîne les déconvenues. A commencer par la crise dans les Kivus.

"Impuissance" gouvernementale à l'Est

Sur le front de la guerre à l'Est, le Premier ministre n'a jamais vraiment eu la main sur le dossier. Le conflit avec les rebelles du M23 est directement géré par la présidence et l'Etat major de l'armée. Sa responsabilité est donc limitée. Mais sur le plan diplomatique, qui dépend directement de son gouvernement, Matata Ponyo n'a pas su convaincre. Dans une tribune publiée dans le quotidien français Libération, le Premier ministre congolais appelle la communauté internationale à "aider la République démocratique du Congo". Pour l'essayiste Gaspard-Hubert Lonsi Koko, Matata Ponyo signe là un aveu "d'impuissance" et ne fait que confirmer "l'aspect moribond de la diplomatie congolaise" (voir son article).

La majorité présidentielle se fissure

Dans la majorité présidentielle, à Kinshasa, on juge également l'action du Premier ministre "un peu faible". Il faut dire que Matata Ponyo n'a jamais fait complètement partie du "sérail politique" congolais. Membre discret du PPRD (le parti présidentiel), Matata Ponyo n'a jamais été considéré par ses pairs comme "un politique", mais plutôt comme un "simple technocrate". La majorité présidentiel commence d'ailleurs à se craqueler depuis quelques mois. Certains dans la majorité n'ont toujours pas digérer le choix de ce Premier ministre "technique", très éloigné du cercle des "purs et durs" du PPRD, qui n'attendent que la chute.

Un Premier ministre pour rassurer

Pourtant le choix de Matata Ponyo paraissait judicieux de la part de Joseph Kabila (voir cet article d'Afrikarabia). Après les élections frauduleuses de novembre 2011, le président Kabila cherchait un homme de compromis à la primature. Il souhaitait également à rassurer la communauté internationale et les nombreux bailleurs de la RDC, échaudés par sa réélection contestée. Matata Ponyo semblait parfait pour le job. Il avait l'avantage de connaître parfaitement les grands équilibres macroéconomiques, ainsi que les principales institutions internationales. Formé en économie monétaire et internationale à l'Université de Kinshasa, où il avait été professeur assistant, il avait ensuite suivi une brillante carrière au sein de la Banque Centrale du Congo (BCC).

Quand Matata ne rassure plus le FMI

Mais après le dossier de l'Est, le Premier ministre a trébuché dans un autre domaine, plus ennuyeux pour son image : l'économie. Le FMI a en effet annoncé début décembre, la suspension du prêt de 240 millions de dollars à la République démocratique du Congo. Le FMI accuse la RDC de ne pas avoir publié toutes les informations concernant plusieurs transactions relatives à des contrats miniers. Un coup dur pour Matata Ponyo, économiste de formation, qui juge la décision du FMI, "disproportionnée". En cause : l'opacité de certains contrats entre la Gécamines (la société minière d'Etat) et l'entreprise Straker International Corporation, immatriculée dans les îles Vierges. L'avertissement du FMI tombe au plus mauvais moment : le Premier ministre tentait depuis plusieurs semaines de convaincre les investisseurs étrangers de venir faire des affaires en RDC.

Si Matata Ponyo n'arrive plus à convaincre le FMI, à quoi sert-il ? semble-t-on se demander à Kinshasa, surtout que le contexte politique est des plus instable. Avec les négociations délicates entre le gouvernement et le M23, le président Kabila pourrait bien être tenté de se servir de son Premier ministre comme fusible en cas de problème. Devant l'impasse des discussions avec la rébellion, qui demande la démission de Joseph Kabila, on parle de plus en plus de la composition d'un gouvernement d'union nationale… seul moyen, disent certains, de sortir de cette crise "par le haut". L'évolution des négociations avec le M23 et le rapport de force sur le terrain militaire détermineront la viabilité plus ou moins longue du gouvernement Matata Ponyo. Pour l'instant, les négociations sont au point mort et l'avantage militaire est toujours du côté du M23. Pour combien de temps ?

Christophe RIGAUD - Afrikarabia

Photo : Matata Ponyo à Paris 2012 © Ch. Rigaud www.afrikarabia.com

10 décembre 2012

RDC : Kampala, chronique d'un échec annoncé

Les négociations entre le  gouvernement congolais et les rebelles du M23 ont débuté ce dimanche à Kampala. Sans la présence de Joseph Kabila, ni de l'opposition congolaise et surtout sans agenda précis, ni ordre du jour, les négociations risquent de tourner au dialogue de sourds. Pire, chacune des délégations semble être prisonnière de ses propres contradictions.

carte RDC Afrikarabia Kampala V2.jpgImpossibles négociations. On a beau retourner le problème dans tous les sens, il paraît difficile de croire que les "discussions" entre la rébellion du M23 et le gouvernement congolais débouchent sur un plan de paix durable. Premier obstacle : la légitimité des délégations. Le niveau de représentations est extrêmement faible à Kampala. 

Une marge de manoeuvre réduite

Côté gouvernemental, le président Joseph Kabila est le grand absent des négociations, alors que le M23 souhaitait vivement sa présence. C'est François Tshibanda, le Ministre des Affaires étrangères, qui s'y colle. Avantage tout de même pour le diplomate : c'est lui qui représentait Kinshasa lors de la signature des fameux accords du 23 mars 2009, que souhaitent renégocier les rebelles. A ses côtés, le vice-président de l'Assemblée nationale, Charles Mwando, plusieurs fois ministre sous Mobutu et ancien gouverneur du "Grand Kivu" pendant 12 ans. Côté rébellion, le président du mouvement, Jean-Marie Runiga sera lui aussi absent du tour de table. De même, l'aile militaire du M23, représentée par Sultani Makenga, ne sera pas à Kampala, il aurait "mieux à faire sur le terrain", selon un membre du M23. Sachant que les ficelles du M23 sont tirées depuis Kigali, on peut supposer que François Rucogoza, ancien ministre de la Justice du gouvernement provincial du Nord-Kivu, et à la tête de la délégation du M23, dispose d'une marge de manoeuvre réduite.

Pas grand chose à négocier avec le M23

Viennent ensuite les contradictions. Et elles sont nombreuses dans les deux camps. A Kinshasa, on a toujours rejeté tout dialogue avec le M23, jusqu'à la prise de Goma. Après le retrait des rebelles de la capitale du Nord-Kivu et sous pression des pays voisins, le gouvernement a été dans l'obligation de s'asseoir à la table des négociations... à reculons. Avant la rencontre de Kampala et alors que le M23 demandait la renégociation des accords du 23 mars 2009, le ministre congolais François Tshibanda affirmait que Kinshasa avait respecté ces accords et donc qu'il n'y avait pas grand chose à négocier avec la rébellion. Aujourd'hui à Kampala, François Tshibanda va donc devoir rediscuter ces accords avec le M23 puisqu'il s'agit de l'exigence minimale des rebelles, qui sont prêts à s'emparer une seconde fois la ville si les négociations traînaient. Tshibanda ne pourra pas esquiver une discussion sur les accords du 23 mars.

Avantage militaire au M23

Une autre contradiction commence à se faire jour dans le camp gouvernemental concernant la stratégie à adopter face au M23. Les militaires congolais, le nouveau chef d'Etat major de l'armée de terre François Olenga en tête, pensent que l'option militaire est encore possible. L'armée congolaise pourrait, selon les généraux, reprendre la main sur le Nord-Kivu et battre le M23 (depuis 8 mois, les FARDC n'ont pourtant jamais dominés les rebelles, ndlr) . Les FARDC espèrent donc que les négociations vont durer assez longtemps pour se réorganiser autour de Goma… et ils l'ont déjà fait. Certaines sources parlent aussi d'un possible soutien du Zimbabwe et de l'Angola qui permettrait de "booster" l'entrain de l'armée congolaise. Pour l'instant, l'avantage militaire est toujours du côté du M23, qui ne s'est retiré que de 20 km de la capitale du Nord-Kivu. Beaucoup à Goma, affirment que des éléments du M23 sont toujours dans la ville.  A Kinshasa, dans l'entourage du président Kabila, on affirme au contraire vouloir négocier. Certains pensent qu'il serait même possible au gouvernement d'accéder aux revendications "corporatistes" du M23, concernant l'intégration des rebelles dans l'armée, le "non éloignement" des Kivus ou les grades… Mais un observateur avisé de la région me faisait remarquer qu'il n'imaginait pas un seul instant Sultani Makenga réintégrer les FARDC après 8 mois de rébellion. Pour résumé, le rapport de force militaire sera déterminant : soit Kinshasa arrive à reprendre l'avantage sur les rebelles et rien ne sera négociable, soit le M23 reprend une nouvelle fois Goma et le gouvernement congolais sera obligé de lâcher du leste.

Soutien tardif du M23 à Tshisekedi

Le camp des rebelles ne manque pas non plus de contradictions. Deux lignes stratégiques s'affrontent également. Les militaires, qui s'en tiennent à la renégociation des accords du 23 mars et à la défense de leur territoire, riche en minerais et les politiques, qui élargissent les revendications. Jean-Marie Runiga demande notamment la libération des prisonniers politiques, la dissolution de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), la levée de la privation des mouvements de l'opposant congolais Etienne Tshisekedi et l'arrestation du général John Numbi, soupçonné d'avoir commandité l'assassinat de Floribert Chebeya. La branche politique exige également de discuter des élections frauduleuses de novembre 2011. Sur ce point, la situation du M23 est pour le moins équivoque. Pendant la campagne électorale, l'ex-CNDP (qui deviendra le M23) a été fortement sollicité par Joseph Kabila pour "sécuriser le scrutin" à l'Est du pays. Pour bon nombre d'observateurs, l'ex-CNDP à permis à Joseph Kabila de réaliser d'excellents score dans les zones qu'il contrôlait. Certains parlent même de bourrage d'urnes. Le soutien du M23 apporté au candidat malheureux le présidentielle, Etienne Tshisekedi, sonne bien faux presque 1 an après l'élection. Enfin, une partie radicale de l'aile militaire estime que seul le départ de Joseph Kabila pourrait les contenter. Une revendication qui n'est évidemment pas acceptable par Kinshasa.

A peine commencées, les négociations de Kampala semblent donc piégées. L'ordre du jour n'est toujours pas établi, le calendrier n'est pas fixé et les divergences internes sont trop nombreuses pour entamer un véritable dialogue débouchant sur une paix durable. Il est donc fort à parier, qu'en cas de blocage prolongé, les armes se remettent à parler dans les Kivus.

Christophe RIGAUD - Afrikarabia