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05 décembre 2012

RDC : Echec de la lutte contre la LRA

Une plateforme de 11 ONG dénoncent aujourd'hui l'inefficacité de la stratégie de l'ONU et de l'Union Africaine contre les rebelles de l'Armée de résistance du Seigneur (LRA). La rébellion sanglante de Joseph Kony sévit depuis 26 ans en République centrafricaine (RCA), au Sud-Soudan et en République démocratique du Congo (RDC). En cause : "l'indifférence de l'ONU" et le "sous-financement" de la mission de l'Union Africaine.

Image 1.pngDans un communiqué, 11 ONG internationales (1) affirment que la lutte anti-LRA mise en place par l'ONU et l'Union Africaine (UA) n'a pas réussi à vaincre l'Armée de Résistance du Seigneur (LRA). 6 mois après le lancement d'une force pour contrer les attaques du chef rebelle Joseph Kony, ce rapport rédigé par une plateforme d'ONG souligne le faible engagement des gouvernements régionaux, "l'indifférence de l'ONU" et le "sous-financement de la mission de l'Union Africaine".

Selon Ben Keessey, le directeur d'Invisible Children, “cela fait trop longtemps que les populations d’Afrique centrale subissent les atrocités innommables de la LRA. Leurs enfants sont enlevés et assassinés. Leurs familles sont contraintes de partir de chez elles et leurs moyens de subsistance sont détruits". Pour le responsable de cette ONG, "l’ONU a fait preuve d’une grande responsabilité et a beaucoup investi dans le développement d’une stratégie pour soutenir ces populations et apporter une réponse aux horreurs perpétrées par la LRA. Aujourd’hui, elle ne doit pas relâcher ses efforts. Les enjeux sont trop grands, et il y a trop à perdre”.

Le rapport dénonce également "l'asile" que donnerait le gouvernement soudanais aux rebelles de Joseph Kony. L'aide du Soudan et la reprise de la guerre à l'Est de la République démocratique du Congo (RDC) renforceraient, selon ces ONG, "l'autorité meurtrière" de la LRA dans la région. Le rapport s'inquiète également de "l’inefficacité flagrante de la collaboration ONU-UA", au moment où l'on parle "d'une probable intervention militaire au Mali".

Pour Ernest Sugule, Coordinateur de SAIPED en République démocratique du Congo, “ce rapport est un appel à la raison en direction du Conseil de Sécurité. S’il ne mobilise pas ses énergies pour la stratégie et s’il ne s’assure pas que les gouvernements régionaux sont vraiment engagés, on risque de voir tout le processus tomber à l’eau. Le Secrétaire Général doit  affirmer publiquement sa détermination à voir la Stratégie Régionale de lutte contre la LRA de l’ONU mise en œuvre dans son intégralité”. Ces 11 ONG demandent enfin "plus de troupes" sur le terrain et "l'accès des (militaires) aux sites de repli de la LRA".

Depuis maintenant 26 ans, la LRA du rebelle ougandais Joseph Kony, terrorise les populations de République démocratique du Congo (RDC), de République Centrafricaine et du Sud-Soudan. D’après le HCR, entre décembre 2008 et fin 2011, la LRA  a tué 2000 personnes, en a enlevé plus de 2600 et a provoqué le déplacement de 400.000 habitants au Nord et à l'Est de la RDC.

Christophe RIGAUD - Afrikarabia

(1) Organisations signataires:
1. Action Congolaise pour l’Accès a la Justice (ACAJ)
2. Association Africaine de Défense des Droits de l’Homme (ASADHO)
3. Commission Diocésaine Justice et Paix Dungu-Doruma (CDJP)
4. The Enough Project
5. European Network for Central Africa (EurAc)
6. Global Center for the Responsibility to Protect
7. Groupe LOTUS
8. IKV Pax Christi
9. Invisible Children
10. Resolve
11. Solidarité et Assistance Intégrale aux Personnes Demunies (SAIPED)

04 décembre 2012

RDC : 4 Congolais en grève de la faim à Paris contre la guerre

Depuis samedi 1er décembre, un groupe de quatre Congolais a entamé une grève de la faim devant l'église du Sacré Coeur à Paris. Ils dénoncent la guerre meurtrière en République démocratique du Congo (RDC) et demandent la création d'un Tribunal pénal international pour les crimes au Congo.

grève de la faim déc 2012 filtre.jpgDéjà trois jours de grève de la faim pour Pierrot, Hervé, Nicole et Angélique, quatre jeunes Congolais du RNC (1). Emmitouflés dans leurs anoraks, les grévistes de la faim cachent mal la fatigue et le froid qui commence à les gagner dans ce parc au pied du Sacré Coeur, dans le 18ème arrondissement de Paris. Depuis samedi 1er décembre, ce petit groupe a décidé de dénoncer la guerre qui frappe depuis plus de 16 ans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC), en cessant de s'alimenter. La décision n'a pas été prise à la légère. Après avoir "épuisé tous les moyens de pression" pour sensibiliser le public au calvaire du peuple congolais, Hervé ne voyait plus que la grève le faim pour faire bouger les choses. Une "conduite extrême", comme il le dit, qui n'est rien au regard des millions de morts, des viols et crimes atroces commis en RDC, dans l'indifférence générale de la communauté internationale.

"L'arme judiciaire"

Au milieu du petit groupe, on trouve maître Hamuli Rety. président du CRID (2) et avocat, notamment auprès du Tribunal pénal international pour le Rwanda. Ce juriste n'est pas en grève de la faim, mais défend une idée simple, partagée par les grévistes : "si les solutions militaires, politiques et diplomatiques ont toutes échoué depuis plus de 15 ans, pourquoi ne pas utiliser l'arme judiciaire". Maître Réty plaide pour la création d'un Tribunal pénal international pour le Congo, à l'image de celui créé pour le Rwanda et l'ex-Yougoslavie.

16 années de perdu

Pour justifier la pertinence de sa proposition, Hamuli Rety fait d'abord le constat des échecs passés. "Toutes les solutions proposées par la communauté internationale ont été de "bonnes-mauvaises" solutions" ironise-t-il. Et d'énumérer : "les négociations entre victimes et belligérants, entre agresseurs et agressés, le brassage des armées (intégration des rebelles dans l'armée régulière, ndlr) qui a été une aberration, les accords de Sun City, le partage du pouvoir (le fameux 1+4, ndlr), tout a échoué !". "Les enfants qui avaient 5 ans à l'arrivée de l'AFDL (la première rébellion de 1997, soutenue également par le Rwanda, ndlr) ont aujourd'hui 20 ans. C'est pratiquement toute une génération qui a été sacrifiée", explique-t-il.

La suite du Tribunal pénal international sur le Rwanda (TPIR)

Selon maître Rety, seul un Tribunal pénal international peut être efficace. "On a parlé de la création d'une Cour spéciale (comme au Liban pour l'assassinat de Rafic Harriri, ndlr), mais aujourd'hui le Congo de Joseph Kabila, le Congo de l'AFDL, du RCD est incapable d'organiser des procès justes et équitables puisqu'ils sont parties prenantes", fait remarquer cet ancien avocat du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Fort de son expérience d'Arusha, le siège du TPIR, Hamuly Rety souhaiterait que le Tribunal pénal international pour le Congo soit la continuité logique de celui pour le Rwanda. "Rien que pour des raisons de rationalités budgétaires, le tribunal existe déjà, il est rodé, les matériaux judiciaires existent, la jurisprudence, les pièces à conviction sont là", explique maître Rety, "or ce qui se passe au Congo, c'est pratiquement la continuité du génocide rwandais. Les acteurs des massacres au Congo sont pratiquement les mêmes". Enfin, preuve pour cet avocat de l'efficacité de cette juridiction : les succès remportés en ex-Yougoslavie, au Libéria ou en Sierra-Leone. Reste maintenant à maître Rety de convaincre la communauté internationale… une lourde tâche en perspective.

Christophe RIGAUD - Afrikarabia

Regardez les témoignages vidéos des grévistes de la faim au Sacré Coeur à Paris et celui d'Hamuli Rety.


Paris : Grève de la faim de Congolais contre la... par ChristopheRigaud

(1) RNC : Rassemblement pour la Nation Congolaise.

(2) CRID : Convention pour la République, les institutions et le développement durable.