01 août 2012
RDC : Le général Munene et le M23
L'interview du général dissident Faustin Munene accordée à Afrikarabia, puis sur RFI, a suscité une vive polémique. Le président de l'Armée de résistance populaire (ARP) avait entretenu une certaine ambiguïté dans les relations entre son mouvement de résistance et la rébellion du M23 qui sévit à l'Est de la République démocratique du Congo (RDC). Faustin Munene a donc souhaité faire une mise point. Le 24 juillet dernier, dans nos colonnes et quelques jours plus tard sur RFI, le général Faustin Munene, en dissidence contre le régime de Kinshasa, s'était exprimé sur les rebelles du M23 en lutte contre l'armée régulière congolaise au Nord-Kivu. Sur Afrikarabia, Faustin Munene déclarait que "(le M23) intègre le camp que nous appelons celui de la résistance" et de conclure, "en ce qui nous concerne, la résistance n’a pas de couleur". Sur RFI, deux jours plus tard, au micro de Christophe Boisbouvier, l'opposant congolais, réfugié au Congo-Brazzaville, déclarait également : "que la résistance congolaise ne tient pas compte des ethnies, des tribus, des religions... Le M23 est donc un grand mouvement de résistance". Il n'en fallait pas plus pour que de nombreux Congolais réagissent vivement. Beaucoup y ont lu, entre les lignes, un soutien à peine déguisé à la rébellion du M23, soutenue par le Rwanda voisin.
L'ancien chef d'état-major de l'armée congolaise a souhaité clarifier sa position. Dans un communiqué, le général Munene estime n'avoir "jamais reconnu le M23 comme étant un mouvement de résistance patriotique, ni un allié de l'Armée de résistance populaire (ARP), mais plutôt une dissidence du CNDP incorporée dans le PPRD, le parti de Joseph Kabila pour des objectifs hégémoniques en RDC". Selon Faustin Munene, "le M23 est composé essentiellement d'éléments rwandais avec quelques éléments locaux voués à cette cause, à la solde de Joseph Kabila et Paul Kagame".
Cette mise au point du général Munene permet donc d'éclaircir les relations entre l'ARP et le M23, que tout sépare sur le papier. Pourtant, les propos du patron de l'ARP sur Afrikarabia et RFI, qualifiant le M23 de "grand mouvement de résistance", cachaient mal une certaine satisfaction de voir un mouvement rebelle ébranler le régime de Kinshasa. Car, si l'ARP et le M23 n'ont pas les mêmes objectifs (notamment au sujet des Kivus), ils ont au moins un ennemi commun : le président Congolais, Joseph Kabila.
Christophe RIGAUD
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31 juillet 2012
RDC : Jean-Marie Vianney Kabukanyi relaxé
Le secrétaire général adjoint de l'UDPS a été relâché lundi 30 juillet après deux jours de détention par la police congolaise. Le secrétaire général adjoint de l'UDPS avait été interpellé samedi 28 juillet pour "détention illégale d'armes". Le parti d'opposition avait dénoncé une "arrestation arbitraire" et un "scénario" monté par le pouvoir en place.Le secrétaire général adjoint chargé des questions administratives du principal parti d'opposition congolais, l'UDPS a été libéré lundi 30 juillet dans la soirée. Jean-Marie Vianney Kabukanyi avait été arrêté "vers 23h45 à son domicile en compagnie de son jeune frère". La police congolaise l'accusait de détention illégale d'armes et l'avait d'abord emmené dans les bureaux de l'ANR (l'Agence nationale de renseignements) avant de le conduire dans les locaux de la Police d'intervention rapide (PIR).
Le parti d'Etienne Tshisekedi avait dénoncé dimanche "une arrestation arbitraire". Après la libération ce lundi du cadre de l'UDPS, le chargé de communication, Augustin Kabuya, cité par Radio Okapi a qualifié cette arrestation de "scénario" et de montage" et de préciser : "ils nous ont laissé entendre que le secrétaire général détenait des armes de guerre chez lui et quand les policiers ont vérifié ils se sont rendus compte qu’il n’y avait rien". Selon les autorités congolaises, la suite de l'affaire "appartient à l'ANR".
L'arrestation de ce cadre de l'UDPS intervient dans un contexte un peu particulier à Kinshasa. Jean-Marie Vianney Kabukanyi, chargé des questions administratives à l'UDPS avait conduit la délégation de son parti à l'ambassade de France à Kinshasa pour demander la "délocalisation" du XIVème sommet de la Francophonie prévu à Kinshasa en octobre 2012. Une pétition avait été déposée pour la venue en RDC de la ministre française chargée de la Francophonie, Yamina Benguigui. La ministre avait confirmé la tenue du sommet dans la capitale congolaise sans confirmer la présence du chef d’Etat français, François Hollande. L'opposition, qui conteste la réélection du président Joseph Kabila lors des élections de novembre dernier, demande à François Hollande de ne pas venir "légitimer des élections frauduleuses".
Cette interpellation intervient également 1 mois après la "disparition" d'un autre opposant congolais, Eugène Diomi Ndongala, le président de la Démocratie chrétienne (DC). Accusé de viol sur mineures par la police, ses proches affirment qu'il a été enlevé par des hommes armés, alors que les autorités congolaises le considèrent en cavale. Son parti dénonce une "cabale" politique (…) "pour le faire taire définitivement".
Christophe RIGAUD
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