08 mai 2011
Rwanda : La visite de Kagame en France encore repoussée
Annoncée pour début 2011, prévue en avril, puis début juillet, la visite officielle du président rwandais Paul Kagame à Paris serait fixée fin 2011 par Kigali… autant dire que le rapprochement franco-rwandais est loin d'être la priorité du Paul Kagame. Pour preuve, les récentes passes d'armes entre Paul Kagame et Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères.
Rien ne va plus entre Paris et Kigali. Les multiples reports de la visite officielle de Paul Kagame accentuent le malaise persistant entre la France et le Rwanda. Un semblant de réchauffement s'était opéré avec la visite de Nicolas Sarkozy à Kigali en février 2010, après 3 années de brouille diplomatique. Le ministre des Affaires étrangères de l'époque, Bernard Kouchner, n'y était sans doute pas pour rien. Réputé proche du président Kagame, Kouchner avait tout fait pour tenter de recoller les morceaux. On attendait donc en retour, la visite officielle de Paul Kagame à Paris, la première depuis le génocide de 1994.
Entre temps, Bernard Kouchner est débarqué du Quai d'Orsay. Et son remplaçant n'est pas un inconnu à Kigali : il s'agit d'Alain Juppé, de retour aux Affaires étrangères. Une arrivée très mal vécue par le Rwanda. Juppé était au même poste pendant le génocide de 1994 et a toujours défendu l’opération Turquoise, dont il fut l’un des principaux artisans. Kagamé a toujours accusé la France d’avoir soutenu et armé les génocidaires, mais aussi de les avoir protégés, pendant cette fameuse opérationTurquoise. Juppé n'a jamais accepté la repentance de la France sur l'ambiguïté de son action pendant et après le génocide, comme en témoigne un post sur son blog personnel.
La tension est montée d'un cran dans une récente interview du président rwandais qui indiquait qu'Alain Juppé n'était pas le bienvenu à Kigali. Réponse d'Alain Juppé : "je n'ai pas l'intention d'y aller tant que circulerait un rapport mettant en cause le rôle de la France en 1994". Juppé dénonce le rapport Mucyo, visant pêle-mêle : François "Mitterrand, Edouard Balladur, Hubert Védrine, Dominique de Villepin, François Léotard et Alain Juppé lui-même. Ce rapport rwandais, publié en 2008, accuse la France et principalement son armée d'avoir participé au génocide de 1994. Pour Juppé il s'agit d'un simple "contre-feu" à l'enquête Bruguière mettant en cause le FPR de Kagame dans l'attentat de l'avion du président Habyarimana, coup d'envoi au génocide.
Les plaies sont donc encore vives entre les deux pays et le principal obstacle au rapprochement franco-rwandais porte désormais un nom, celui d'Alain Juppé. Tant que celui-ci est au Quai d'Orsay, on voit mal comment Kagame peut se rendre à Paris.
Christophe Rigaud
15:08 Publié dans Afrique | Lien permanent | Commentaires (5)
06 mai 2011
RDC : L'ICG prévoit une transition "quasi certaine"
Dans son dernier rapport Afrique, l'International Crisis Group (ICG) revient sur les incertitudes qui planent sur l'organisation des prochaines élections présidentielles et législatives en République démocratique du Congo (RDC), prévues le 28 novembre 2011. Pour l'ONG, le gouvernement congolais fait face à un dilemme : "respecter les échéances constitutionnelles et organiser des élections bâclées ou ignorer ces échéances et plonger dans une période d’inconstitutionnalité du pouvoir". L'ICG demande donc aux autorités congolaises "d'accélérer la préparation des scrutins, de négocier un calendrier électoral de secours ainsi qu’un accord politique pour une période de transition quasi certaine".
A 6 mois d'élections générales en RD Congo, l'International Crisis Group (ICG) s'inquiète de la tournure que prend l'organisation du scrutin. L'ICG dénonce les multiples retards accumulés, le "calendrier glissant", l'absence de la communauté internationale et le non respect des délais constitutionnels. Pour cette ONG, il faut faire vite, "garantir la transparence du scrutin", la "sécurisation du processus électoral" et exiger un "engagement fort des Nations unies". Si de telles mesures ne sont pas prises, souligne l'ICG, "les partenaires internationaux devraient se désengager pour ne pas cautionner un processus profondément vicié". Et d'avertir : "les élections à venir sont au mieux un problème logistique et au pire une nouvelle cause de déstabilisation"... on ne peut être plus clair sur l'urgence des décisions à prendre.
Impliquer la communauté internationale
Le rapport de l'ICG estime donc qu'un" report des élections" qui serait préférable à "des élections bâclées". L'ONG demande au Conseil de sécurité des Nations unies et l’ensemble des bailleurs de fonds, de "clairement faire pression sur les autorités congolaises pour qu’elles mettent en œuvre les mesures essentielles et appliquent les mêmes standards qu’en 2006". Dans cette perspective, la nomination d’un Envoyé spécial pour les Etats-Unis, la France et l’Union européenne (UE) serait nécessaire afin "de ne pas se retrouver piégé dans un processus biaisé qui pourrait déraper dans la violence, à l’instar de celui qu’à récemment expérimenté la Côte d’Ivoire".
Négocier un nouveau calendrier
Compte tenu des multiples retards sur la loi électorale, les listes d'électeurs et les moyens financiers à trouver, l'ICG estime que la classe politique congolaise et la communauté internationale "devraient dès maintenant anticiper la possibilité bien réelle que l’échéance constitutionnelle du 5 décembre ne puisse pas être respectée. Négocier un accord avec l’opposition, établir une nouvelle échéance pour l’organisation des élections et limiter les responsabilités du gouvernement aux affaires courantes durant la période de transition ne garantiront pas des élections libres et transparentes".
Voici donc un rapport qui jette un véritable pavé dans la mare, à seulement 6 mois du scrutin fixé par la Commission électorale congolaise (CENI) au 28 novembre. L'ICG rappelle pourtant une évidence : les élections de novembre prochain se dérouleront dans de très mauvaises conditions... avec tous les risques de dérapages possibles. Le principal risque étant que le candidat arrivé en seconde position ne reconnaisse pas sa défaite (quel que soit ce candidat). Le temps presse pour prendre rapidement les bonnes décisions avant qu'il ne soit trop tard.
Christophe Rigaud
Photo : Kinshasa 2006 Ch. Rigaud (c) www.afrikarabia.com
11:25 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (3)
05 mai 2011
RDC : Noël Mamère à l'initiative d'un colloque sur les enjeux électoraux
Le 16 mai prochain, le député écologiste français Noël Mamère organisera à l'Assemblée nationale un colloque sur les prochaines élections en République démocratique du Congo (RDC). Intitulé : "République démocratique du Congo - Élections sous haute tension : défis et enjeux", ce colloque vise à sensibiliser la classe politique française aux problématiques de la RDC, premier pays francophone au monde. A 6 mois d'élections décisives pour l'avenir de la RDC, trois tables rondes seront animées autour des enjeux électoraux, de la protection des populations civiles, de la justice et de la lutte contre l'impunité. Des sujets majeurs pour ce pays qui n'arrive pas à sortir de 15 années de conflits à répétition.
On croyait la République démocratique du Congo définitivement abandonnée par les politiques français de tous bords, jusqu'à ce colloque organisé par le député Vert Noêl Mamère. Le parlementaire français est visiblement sensible à la situation dramatique qui prévaut en République démocratique du Congo (insécurité, viols, assassinats, menaces sur le processus démocratique et la liberté de la presse... ).
Depuis la visite éclair de Nicolas Sarkozy en mars 2009, la France est restée relativement atone sur le dossier congolais : assassinat de Floribert Chebeya, rébellion LRA à l'Est, FDLR aux Kivu, coup d'Etat manqué à Kinshasa... et surtout sur la révision constitutionnelle de dernière minute, imposant un seul tour à la future élection présidentielle. Même Catherine Ashton, haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, avait indiqué que cette révision "méritait un débat public plus large" et constituait tout de même "un changement des règles du jeu électoral" à quelques mois du scrutin.
On ne doute pas que l'écologie aura également sa place dans ce colloque. La RDC constitue un enjeu écologique important pour la planète. Ce pays possède la première réserve forestière d'Afrique. Le fleuve Congo pourrait également être une des solutions aux problèmes énergétiques du continent (la centrale électrique d'Inga pourrait alimenter la majorité des pays de l'Afrique australe).
Au programme de ce colloque :
Une première table ronde sur "les élections" animée par Ghislaine Dupont, journaliste à Radio France Internationale, donnera la parole à :
− Paul Nsapu Mukulu, président de la Ligue des Electeurs (RDC)
− Alain Délétroz, vice-président de l'International Crisis Group
− François de Peyrecave, conseiller à la sous-direction Afrique centrale, Ministère des Affaires étrangères (sous réserve).
Une deuxième table ronde, animée par Vincent Hugeux, journaliste à l’Express, sera consacrée à "la protection des populations civiles", avec :
− Nicolas Vercken, responsable de plaidoyer Conflits à Oxfam France
− Alexandra Novosseloff, chargée de mission Nations unies à la direction des Affaires stratégiques, Ministère de la Défense
− Général Joana, conseiller spécial Paix et Sécurité en Afrique à la DGE Affaires extérieures et politico militaires de l’UE, ancien commandant d’EUSEC
La dernière table ronde animée par Philippe Bernard, journaliste au Monde, traitera de "la justice et de la lutte contre l'impunité" avec :
− Arnaud Zajtman, journaliste et co-réalisateur du film documentaire « Kafka au Congo »
− Florent Geel, responsable Afrique, Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH)
− Jean-Marie Fardeau, directeur de Human Rights Watch en France
Ce colloque aura lieu LUNDI 16 MAI 2011, de 9h00 à 13h00, à l'ASSEMBLÉE NATIONALE à PARIS (Salle 6217).
Christophe Rigaud
Photo : Ch. Rigaud (c) www.afrikarabia.com
16:49 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (5)
RDC : La diaspora toujours privée d'élections
Le droit de vote de la diaspora aux élections en République démocratique du Congo (RDC) est une problématique récurrente que dénonce régulièrement les Congolais de l'étranger, sans aucune réponse de Kinshasa. A l'approche de la présidentielle du 28 novembre prochain, la diaspora dénonce l'inaction du gouvernement congolais. Gaspard-Hubert Lonsi Koko du RDPC accuse non seulement les autorités de vouloir interdire le droit de vote à la diaspora, mais aussi d'empêcher les candidats de l'étranger de se présenter.
A quelques mois des prochaines élections générales en RD Congo, la diaspora demande une fois de plus à pouvoir être associé au scrutin. Dans un récent communiqué, Gaspard-Hubert Lonsi Koko, candidat à la présidentielle et porte-parole du RDPC dénonce les incohérences de la loi congolaise. Pour ce candidat de la diaspora, l'article 4 stipule que "le vote est un droit civique" et que " tout Congolais [...] est appelé à y prendre part". Mais par ailleurs, l'article 5 prévoit que l'électeur doit se trouver sur le territoire de la RDC le jour des élections". Le Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo (RDPC) demande donc aux autorités congolaises de "procéder à l’enrôlement des Congolais de l’étranger et d’implanter des bureaux de vote dans les ambassades de la République Démocratique du Congo afin de leur permettre de prendre part au scrutin"... une pratique très répandue dans la majorité des pays.
Concernant les futurs candidats à la présidentielle congolaise, Gaspard-Hubert Lonsi Koko dénonce l'article 9 de la loi sur l'organisation électorale. Pour pouvoir être éligible, le candidat doit "produire l’attestation de sa situation fiscale des deux derniers exercices ". Pour le porte-parole du RDPC, "cette condition aurait dû déjà être posée lors de l’inscription sur les listes électorales" et précise "qu'il est juridiquement impossible de rendre inéligible quelqu’un qui, ne pouvant pas produire l’attestation de sa situation fiscale, est déjà détenteur d’une carte d’électeur"... ce qui semble être le cas de Gaspard-Hubert Lonsi Koko.
Cette question, extrêmement sensible à quelques mois du scrutin, a toujours été revendiquée par la diaspora. Mais aucun parti (à part ceux de la diaspora) ne se sont avancés sur ce terrain. Le débat sur les cartes d'identité congolaises et la révision du fichier électoral sont tellement sujets à caution que le problème semble inextricable dans la situation actuelle de la RDC (notamment l'état de guerre quasi-permanent à l'Est du pays). Il semble également déraisonnable, pour l'instant, d'organiser des élections dignes de ce nom dans les ambassades au vue des conditions de fonctionnement et de la situation financière des représentations diplomatiques à l'étranger. Pour autant, il paraît évident que des aménagements peuvent être apportés pour facilité la candidature des Congolais de l'étrangers aux différentes élections.
Christophe Rigaud
15:10 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (3)
04 mai 2011
RDC : L'ANR, bête noire des journalistes congolais
Les services de renseignements de la République démocratique du Congo (ANR) sont une fois de plus épinglés par l'ONG Journaliste en danger (JED). A l'occasion de la journée mondiale de la presse, cette ONG congolaise dénonce "la monté de l'intolérance politique et l'interférence des services de sécurité dans le travail des médias". En ligne de mire : l'Agence nationale de renseignement, l'ANR.
A quelques mois d'élections décisives pour la République démocratique du Congo (RDC) fixées le 28 novembre 2011, Journaliste en danger demande aux autorités congolaises des mesures urgentes de sécurité pour les journalistes "face à la montée des violences".
Si aucun journaliste n'est à ce jour en détention en RDC dans le cadre de l'exercice de son métier, JED dénonce au moins 35 cas d'attaques dirigées contre des journalistes congolais ou contre des médias, depuis janvier 2011. L'ONG relève : 12 emprisonnements, 8 agressions, 9 cas de censure, 6 cas de pressions diverses sur des médias congolais. En tête des organismes portant atteintes à la liberté de la presse : l'ANR, les services de renseignement congolais, très présents sur le terrain.
A l'approche des élections présidentielles et législatives de l'automne 2011, le constat de l'ONG congolaise est alarmant. Pour l'heure, aucune garantie supplémentaire n'a été apporté par les autorités congolaises sur la sécurité des journalistes en RDC.
Christophe Rigaud
Photo : Ch.Rigaud (c) www.afrikarabia.com
21:47 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (2)
03 mai 2011
RDC : Polémique sur la légalité du calendrier électoral
Après la publication du nouveau calendrier par la Commission électorale congolaise (CENI), l'opposition dénonce le non respect des délais constitutionnels. Au centre de la polémique, : le flou qui entoure la période de transition entre la fin du mandat de Joseph Kabila, le 6 décembre et la prestation de serment du nouveau président, le 20 décembre.
La CENI vient de fixer la date de l'unique tour des prochaines élections présidentielles et législatives en République démocratique du Congo (RDC) : le 28 novembre 2011. Mais déjà une première polémique fait rage à Kinshasa autour de la légalité du nouveau calendrier électoral. Ce calendrier indique la Commission électorale procédera à la publication des résultats provisoires le 6 décembre 2011, le jour de la fin du mandat de Joseph Kabila. Toujours selon la CENI, le nouveau président de la République prêtera serment le 20 décembre. Pour l'opposition, il y aura donc une vacance du pouvoir de 14 jours.
De nombreuses voix s'élève pour demander une clarification de la constitution. Une constitution très contradictoire dans ses textes : elle stipule à la fois que le 6 décembre 2011, Joseph Kabila n'est plus officiellement Président de la République démocratique du Congo, mais signale dans le même temps dans son article 70 que "le Président de la République reste en fonction jusqu’à l’installation effective du nouveau Président élu". Le président de la CENI a souhaité couper court à la polémique en affirmant que "la Constitution demande à ce que le Président en fonction reste jusqu’à ce que le nouveau Président élu le remplace. L’essentiel est que le 6 décembre, il connaît celui qui est élu, ce sont des formalités, et le 20 décembre le nouvel élu prête serment. Il n’y a aucun problème, il n’y a aucune violation de la Constitution".
Deux éléments pourraient clarifier la situation : l'avis de la Cour constitutionnelle ou avancer le calendrier électoral... mais là il semble que cela ne soit pas possible compte tenu du retard pris sur l'organisation des élections sur le terrain.
Christophe Rigaud
12:39 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (2)
02 mai 2011
RDC : Assassinat du général Floribert Kisembo
Une information du site Le Confidentiel affirme que le commandant de la 7ème région militaire de République démocratique du Congo (RDC), Floribert Kisembo, a été assassiné en Ituri, au Nord-Est du pays. Floribert Kisembo avait pris la tête d'une faction de l'UPC en 2003, en rivalité avec Thomas Lubanga, avant d'être nommé général de l'armée congolaise (FARDC) en 2005, à la suite des accords de paix de Pretoria. Selon Le Confidentiel, le général Kisembo serait entré en conflit avec le chef de l'Etat, Joseph Kabila et avait déserté son poste afin de constituer un nouveau mouvement rebelle. Toujours selon Le Confidentiel, ce sont des soldats de l'armée régulière congolaise qui ont abattu Kisembo dimanche 1er mai 2011.
Christophe Rigaud
07:49 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (1)