Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

12 décembre 2010

RWANDA : "6 millions de morts en RDC ? Extravagant !" selon Aldo Ayello

Les 9 et 10 décembre derniers se tenaient à Kigali une conférence internationale sur le génocide au Rwanda. Deux jours de travaux qui ont regroupé  des chercheurs, des hommes politiques, des diplomates et des écrivains. Parmi eux, le diplomate italien Aldo Ayello, pour qui "l'extravagance du chiffre de 6 millions de morts au Congo devrait suffire à discréditer l'ensemble du pré-rapport "mapping" de l’ONU". Voici son interview réalisée à Kigali.

Capture d’écran 2010-12-12 à 21.37.19.pngEntre 1992 et 1994, le diplomate italien Aldo Ayello a été envoyé par les Nations Unies au Mozambique pour ramener la paix. Puis jusqu’en 2007 il a représenté l’Union européenne en Afrique centrale pour rapprocher les belligérants. Réputé excellent connaisseur de la région des Grands lacs, il porte un regard sévère sur le pré-rapport « mapping » du Haut commissariat aux droits de l’Homme de l’ONU sur les allégations de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité, voire de « génocide » commis en République démocratique du Congo (ex-Zaïre) et dont la responsabilité incomberait essentiellement à l’Armée patriotique rwandaise. Quand au chiffre de 6 millions de victimes, il le qualifie de « tout simplement extravagant ».

Monsieur Aldo Ayello, vous vous trouvez en ce moment au Rwanda pour participer à un colloque organisé par la Commission nationale contre le génocide au sujet du « Mapping report » de la Commission des droits de l’Homme de l’ONU sur des allégations de crimes de guerre, voire de génocide au Congo entre 1996 et 1998. Ce rapport a fait grand bruit. Qu’en pensez-vous ?

Aldo AYELLO : - J'ai passé 15 ans en Afrique dont la Tanzanie dans la région des Grands Lacs, j'en ai donc une expérience directe et je connais bien le contexte sur lequel le rapport de la commission de l'ONU fait une curieuse impasse. La sortie de ce rapport m'a profondément étonné. Pour ce que j'en ai lu, il contient beaucoup de contradictions et d'incohérences. Mais le pire est à mon avis la véritable amnésie qui semble toucher les auteurs du rapport sur le contexte des événements qu'ils prétendent décrire et analyser. Et le chiffre extravagant de victimes.

Que voulez-vous dire en parlant du contexte ?

Aldo AYELLO : - Il s'agit de la définition même du supposé "mapping". Pour comprendre et apprécier les événements qui se sont produits dans la région des Grands Lacs entre 1993 et 2003, il ne suffit pas de se fier à des témoins dont beaucoup semblent apporter des informations de deuxième ou de troisième main, mais aussi de comprendre l'ensemble du conflit, sa genèse, ses raisons profondes. Or le rapport ne le fait pas. Il ne définit pas le cadre, et d'abord le génocide. Je parle du vrai génocide, celui commis en 1994 au Rwanda contre les Tutsi. Le rapport de la commission de l'ONU ignore complètement cet événement décisif. Cette façon de mettre entre parenthèses le génocide des Tutsi et le massacre concomitant des Hutu démocrates empêche de comprendre ce qui s'est passé avant, pendant et après.

Avant ?

Aldo AYELLO : - Il est indispensable de se rappeler que le génocide de 1994 contre les Tutsi a été scientifiquement planifié. Comment les auteurs du rapport peuvent-ils oublier par exemple le témoignage et les télégrammes du général Roméo Dallaire, commandant en 1993 et 1994 la force des Nations unies (MINUAR) au Rwanda ? Les télégrammes étaient on ne peut plus précis, notamment celui du 11 janvier, et pointent la faillite de l'ONU à prévenir le génocide, jusqu'au lâche retrait de l'essentiel des effectifs de la MINUAR. C'est grâce au secrétaire général Boutros Boutros Ghali qu'une présence minimum a permis que la communauté internationale conserve un droit de regard sur ce qui se produisait. Peut-être que cette petite présence a sauvé quelques vies humaines. Peut-être a-t-elle dans certains cas, imposé un minimum de retenue aux auteurs du carnage. Je suis vraiment étonné que les auteurs du rapport fassent l'impasse sur tout ça. Et qu'ils oublient également que l'ONU a ensuite toléré que les camps de réfugiés - qui ont accueilli la population hutu obligée de fuir son pays sous la pression des génocidaires - puissent s'installer à quelques mètres seulement de la frontière du Rwanda. Voilà qu'elle a été l'origine des tragédies qui ont suivi.

Qu'aurait dû faire l'ONU après le génocide et l'exil forcé de millions de Rwandais ?

Aldo AYELLO : - Les règles internationales concernant l'accueil de populations réfugiées sont claires. Notamment, les camps doivent être installés à une grande distance de la frontière du pays quitté pour des raisons évidentes de sécurité. Or l'ONU a toléré que certains camps soient installés à quelques mètres seulement de la frontière du Rwanda. Ces camps étaient encadrés par les mêmes autorités qui venaient de diriger le génocide. L'ONU a toléré que les anciennes Forces armées rwandaises (FAR) puissent s'installer au milieu de ces réfugiés avec leurs armes et leurs munitions. L'ONU a toléré que les ex-FAR puissent se réorganiser et compléter leurs effectifs dans l'intention clairement affichée d'attaquer le Rwanda pour reprendre le pouvoir et, dans l'intervalle, de déstabiliser les autorités par une série d'incursions armées. Je rappelle que les organisations non-gouvernementales et le Haut-Commissariat aux réfugiés n'avaient pas le contrôle des camps. Qu’elles n’avaient même pas le droit d’y pénétrer pour recenser le chiffre réel de réfugiés. Que les autorités rwandaises en exil trichaient effrontément sur le nombre de réfugiés pour obtenir des stocks d'équipements et de rations alimentaires qu'elles revendaient à la population zaïroise pour se procurer davantage d'armes et de munitions. L'intention déclarée de ces gens était "de continuer le travail qui n'avait pas été terminé", c'est-à-dire de revenir au Rwanda pour parachever l'extermination des Tutsi.

Les auteurs du pré-rapport n'évoquent pas cette situation ?

Aldo AYELLO : - Précisément. J'ai cherché dans le rapport le rappel des causes de la crise que les rapporteurs prétendent expliquer et analyser. Je n'ai pas trouvé un seul paragraphe sérieux sur tout ça, rien sur la responsabilité de la communauté internationale qui a laissé violer ses propres règles en tolérant l’installation à la frontière du Rwanda des forces préparant la reconquête du pays en s'appuyant sur le financement des camps par le détournement massif de l’aide de la communauté internationale, notamment de l'Union européenne. Faut-il rappeler que le financement de cette population forcée à l'exil coûtait un million de dollars par jour, dont la moitié financée par l'Union européenne ? Quelques mois seulement après avoir fui le Rwanda, les ex-FAR avaient reconstitué leur effectif d'environ 50 000 militaires. Elles avaient réussi à transférer au Zaïre l'essentiel de leurs armes lourdes et de leurs véhicules ainsi que la plus grande partie de leurs armes légères. Elles ont racheté le reste aux militaires zaïrois avec l'argent pillé au Rwanda avant leur fuite et l'argent détourné des budgets destinés à l'aide aux réfugiés.

Pour reprendre la guerre perdue en juillet 1994 ?

Aldo AYELLO : - En 1995 et 1996, le Rwanda était soumis à des incursions armées et à des attaques pratiquement quotidiennes. Il ne se passait pas de semaine sans que des rescapés soient assassinés par des commandos venus du Zaïre. Je rappelle que la route stratégique entre Kigali et Gisenyi, à la frontière du Zaïre, était fréquemment minée. L'insécurité était telle qu'on ne pouvait plus l'emprunter la nuit, et le jour, il fallait organiser des cortèges de véhicules, escortés par de puissants effectifs militaires.

Comment les auteurs du pré-rapport ont-ils pu faire l'impasse sur cette situation ?

Aldo AYELLO : - C'est bien le problème. Entre 1994 et 1996, le Rwanda était un pays assiégé, et l'inconséquence, l'incohérence, la lâcheté de la communauté internationale contribuaient très lourdement à cette situation. Les autorités de l’ex-gouvernement « intérimaire » qui avaient préparé puis encadré le génocide voulaient imposer une négociation au gouvernement rwandais pour partager le pouvoir en faisant l'impasse sur l'épouvantable carnage qu'ils avaient provoqué. À cette époque, j'ai rencontré à plusieurs reprises le président du Rwanda Pasteur Bizimungu et le vice-président et ministre de la défense Paul Kagamé. Tous deux se plaignaient amèrement de l'incurie de l'ONU qui laissait se préparer une nouvelle tragédie.

Que disaient-ils précisément ?

Aldo AYELLO : - À plusieurs reprises, Paul Kagamé m'a dit : "Il faut que l'ONU permette aux Rwandais pris en otage par les génocidaires de revenir dans leur pays, sinon nous serons forcés de le faire nous-mêmes." J'ai rapporté ses paroles à mes interlocuteurs de l'ONU, mais ils n'en ont pas tenu compte. Aucun pays européen n'était prêt à envoyer des militaires  dans les camps de réfugiés pour soustraire la population à la terreur de l’encadrement génocidaire. Personne ne voulait s'occuper de rétablir des règles normales en matière d'accueil et d'administration des populations réfugiées. Personne n'était prêt à consacrer des ressources pour déplacer les camps ou pour protéger les Rwandais qui voulaient rentrer dans leur pays et qui était assassinés par les forces génocidaires dès qu'ils en manifestaient l'intention. Je conserve un souvenir précis des demandes des autorités de Kigali, répétées mille fois, de concourir au rétablissement d'une situation normale en matière de réfugiés. Il est étrange que ce problème qui a dominé la scène politique rwandaise pendant les années 1994 à 1996 ait été complètement ignoré par les auteurs du rapport de la commission de l'ONU.

Comment cela est-il possible ?

Aldo AYELLO : - Je me pose la question. Je n'étais pas le seul à qui le président de la République du Rwanda et son vice-président posait le problème. Tous les représentants des gouvernements étrangers qui rencontraient les nouvelles autorités du Rwanda entendaient le même refrain. La question a été la base des négociations de Lusaka. J'entends encore les réponses de certaines autorités gouvernementales occidentales : « Ce serait trop risqué, trop dangereux, trop coûteux ». Comment pouvaient-ils présenter de tels arguments alors que le coût du maintien des camps de réfugiés était d'un million de dollars par jour !

C'était la volonté politique qui manquait ?

Aldo AYELLO : - Exactement. L'opération aurait incombé à des militaires des pays développés qui ne voulaient pas s'engager. J'entends encore Paul Kagamé, qui était alors vice-président de la république me dire : « Si les occidentaux ne veulent pas rétablir l'ordre dans les camps, empêcher les ex=FAR de préparer une attaque armée générale contre le Rwanda et faciliter le retour des réfugiés, alors nous serons obligés de le faire nous-mêmes. » J'ai relayé ces propos aux responsables de l'Union européenne, à des hauts responsables des États-Unis, à toute une série de membres de la communauté internationale. Je me suis heurté à une fin de non recevoir.

Considérez-vous que l'attaque menée par l'armée patriotique rwandaise et les troupes de Kabila à la fin de 1996 constituait un acte de légitime défense ?

Aldo AYELLO : - Appelons les choses par leur nom. L'accueil complaisant par les autorités du Zaïre des responsables du génocide, l'autorisation qu'il aura été donnée de reconstituer une force armée considérable, à se fournir en armes et munitions, la tolérance dont ils ont bénéficié pour terroriser les camps de réfugiés, et enfin la préparation d'une attaque générale contre le Rwanda qui était prévue au tout début 1997, tout ceci a entraîné un acte de légitime défense des autorités du Rwanda.

Car si l'armée patriotique rwandaise n'avait pas attaqué fin 1996, peut-être qu'elle n'aurait pas résisté à l'invasion armée massive qui était programmée par les ex-FAR quelques semaines plus tard, et le génocide aurait été parachevé.

Que pensez-vous des observations du rapport de l'ONU qui laisse entendre que des actes de génocide contre les Hutu auraient été commis au Zaïre par l'APR et les forces de Kabila ?

Aldo AYELLO : - Parler de génocide commis au Zaïre contre les réfugiés rwandais demande beaucoup d'imagination et de fantaisie. Je vous renvoie à l'article 6 du traité de Rome, ce qu'on appelle la convention sur le génocide. Il s'agit "d'actes commis dans l'intention de détruire en totalité ou en partie un groupe national, ethnique, religieux, etc.". À la suite de l'attaque du Zaïre fin 1996, les autorités rwandaises ont créé un couloir humanitaire qui a permis de rapatrier au Rwanda des millions de personnes libérées de l'étreinte de la terreur dans les camps. Ces gens n’ont pas été exterminés, mais bien au contraire protégés. Il s'agissait encore une fois d'un acte de légitime défense de la part d'un pays assiégé et en faveur de millions de réfugiés soumis à la propagande qui avait conduit au génocide, et dont la plupart se félicitaient de pouvoir rentrer dans leur propre pays sous la protection de l'APR.

Mais d’autres réfugiés se sont enfuis… ?

Aldo AYELLO : - Je n'ignore pas que des centaines de milliers de réfugiés ont été repoussées plus profondément dans le territoire zaïrois sous l’effet de la panique ou sous la contrainte des militaires des ex-FAR qui s'en servait comme d'un bouclier humain. Dans la plupart des cas, même lorsque ces réfugiés avaient parcouru à pied des centaines de kilomètres à l'intérieur du Zaïre jusqu'à Tingi=Tingi ou Kisangani, ils ont pu être ramenés au Rwanda. Dans d'autres cas, il y a eu des pertes humaines, notamment lorsque ces réfugiés ont été utilisés comme boucliers humains par les ex=FAR et les forces armées zaïroises qui leur apportaient leur concours pour tenter d'éviter la défaite. Que des dizaines de milliers de réfugiés aient perdu la vie dans ces terribles circonstances, du fait que des combats, de la maladie, de l'épuisement, voir de « dommages collatéraux », est une évidence. Citer le chiffre de 6 millions de victimes provoquées par l'armée patriotique rwandaise et les autres pays qui ont participé aux opérations militaires dans le Zaïre jusqu'à la chute de Mobutu est tout simplement extravagant et devrait suffire à discréditer l'ensemble du rapport.

Pourquoi ce chiffre qui est répété à l’envie sur la « Toile » ?

Aldo AYELLO : - Il ne repose sur rien de concret. On voit bien l’effet de propagande qui est recherché. Il s'agit d'atteindre un chiffre comparable au nombre des Juifs exterminés par les nazis, pour attirer l'attention de l'opinion publique internationale, jouer sur le registre de l'émotion, de l'indignation, de la passion. Ou pire encore, souffler sur les braises de la haine. Encore une fois, tout ceci n'a rien à voir avec la réalité.

Propos recueillis à Kigali par François MOLYNEUX

11 décembre 2010

RDC : Monsengwo, un cardinal très politique

Et si le nouveau phénomène politique de cette fin d'année était… un homme d'église ? En ce mois de décembre, on attendait le retour de Tshisekedi, de discours sur l'état de la nation de Kabila, le démarrage du procès Bemba… mais le hasard du calendrier a fait entrer un nouveau venu sur la scène politique congolaise : le cardinal Laurent Monsengwo. Et pour sa première messe, le nouvel archevêque de Kinshasa a choisi un ton résolument politique. A moins d'un an des élections présidentielles en République démocratique du Congo (RDC), il faudra désormais compter avec ce nouvel acteur politique congolais.

Capture d’écran 2010-12-11 à 22.37.00.pngFraîchement débarqué de Rome le 1er décembre dernier, le cardinal Monsengwo, fait une irruption très remarquée dans l'arène politique congolaise et embarrasse déjà les autorités de Kinshasa. Lors de sa messe d’accueil en tant que nouveau cardinal, l’archevêque de Kinshasa a invité tous les belligérants dans l’Est du pays à cesser les combats. Laurent Monsengwo, souhaite que les milices « déposent les armes et fasse la paix dans la justice et la réconciliation ». Des mots du cardinal Laurent Monsengwo, qui ont fortement résonné dans le stade des Martyrs, devant plus de 80 000 personnes.
« Point n’est besoin de tuer tant d’hommes et de femmes. Point n’est besoin de tant de violences innommables pour se faire de l’argent. C’est de l’argent criminel », a scandé le cardinal Monsengwo. Des paroles de paix très classiques pour un homme d'église, mais lorsque le nouvel évêque de Kinshasa déclare : « le pouvoir qui ne s’occupe pas du bien commun est un pouvoir sans objet »… certains regards se sont tournés vers le chef de l'état, Joseph Kabila, déjà en campagne pour sa réélection en 2011. Cette interpellation très politique à destination de la classe politique congolaise, a fait grand bruit à Kinshasa… un discours particulièrement apprécié par la population congolaise.

Dans son homélie, Laurent Monsengwo a parlé d'unité, de paix, de vérité, de justice et de réconciliation pour tous… un message qui prend une résonance particulière, un an avant un scrutin électoral décisif pour la RD Congo. Une chose est sûre : il faudra désormais compter avec une nouvelle personnalité politique à Kinshasa, en la personne du cardinal Laurent Monsengwo.

Christophe Rigaud

10 décembre 2010

RDC : Attention... journalistes en danger !

Arrestations, interpellations, assassinats, le journalisme est un métier à risque en République démocratique du Congo (RDC). L'ONG congolaise Journalistes en danger (JED) vient de publier son rapport 2010 sur les atteintes à la liberté de la presse dans le pays... des atteintes en constante augmentation.

Image 4.pngSelon JED : "la situation en 2010 indique une augmentation des atteintes à la liberté de la presse de 11 cas de plus par rapport à 2009". Si les agressions, menaces et pression administratives, économiques ou judiciaires ont diminué en 2010, on note par contre une augmentation des privations de liberté des journalistes sous forme d'interpellations (27 contre 20) et d'incarcérations (17 contre 3) note le rapport. "Pour la sixième année consécutive depuis 2005, un cameraman a été tué" en 2010, rappelle l'ONG congolaise en rappelant la mort de Patient Chebeya Bankome, abattu par balle le 5 avril à Béni (est), dans la province instable du Nord-Kivu.

Deux militaires ont été condamnés à la peine de mort pour ce meurtre, "mais toutes les pistes dans cette affaire n'ont pas été explorées", déplore JED. Parmi les "cas flagrants" d'atteintes à la liberté de la presse, l'organisation cite le cas d'un journaliste détenu pour "trahison" pendant 5 mois à Kinshasa pour avoir publié un communiqué des rebelles hutu rwandais. Il avait finalement été acquitté et libéré. JED cite aussi la fermeture pendant un mois d'une radio dans la province du Bandundu (ouest) et la détention sur la même période d'un de ses journalistes, sur décision du gouverneur provincial.

Rwanda : le président Kagame reçoit le prix de la paix mondiale

Le président du Rwanda Paul Kagame a reçu jeudi 9 décembre le prix de la paix mondiale qui lui a été remis par Mohamed Ali, président de la Fondation pour la paix mondiale et l’unité, au cours d’une réception à l’hôtel Serena de Kigali.

Capture d’écran 2010-12-10 à 07.27.31.pngCe prix lui avait été officiellement attribué à Londres, siège de la Fondation, le 23 octobre 2010. Depuis cinq ans, la Fondation pour la paix et l'unité récompense les acteurs de la société civile qui font le plus pour construire une bonne  entente entre communautés, notamment interconfessionnelles. Cette initiative a été prise par la Communauté musulmane britannique lors de sa cinquième session, tenue à Londres. Parmi les critères de choix, la communauté musulmane retient non seulement celui ou celle qui a fait le plus pour une bonne intégration des communautés religieuses dans la cité, mais aussi « la promotion du caractère sacré de la vie » et la capacité à promouvoir le dialogue.

Pour la cérémonie, le président Kagame était entouré du mufti du Rwanda, le cheik Saleh Habimana, de plusieurs évêques catholiques et protestants et de nombreux acteurs de la vie civile.  Mohamed Ali a vivement félicité le président rwandais pour la façon dont il a reconstruit le pays après le génocide des Tutsi de 1994. Il a insisté sur le rôle du Président dans l'arrêt du génocide de 1994 contre les Tutsi et la reconstruction du pays dans un pays plus harmonieux, stable et prospère qui est devenu un modèle pour l'Afrique et une source d'inspiration à d'autres pays sortant d'un conflit. Paul Kagame a répondu qu’il restait beaucoup à faire et souligné que l’avenir du Rwanda dépendait des Rwandais et d’eux seuls.

09 décembre 2010

RDC : L'étrange bilan de Joseph Kabila

Dans un discours sur l'état de la nation, le président de la République démocratique du Congo (RDC), Joseph Kabila vient d'affirmer devant les députés et sénateurs que son pays "se porte mieux qu'avant". Un drôle de satisfecit quand on connaît l'état de la situation sécuritaire à l'Est et le niveau de développement du pays, qui selon le PNUD est en recul par rapport à 1970. Drôle de bilan.

Image 4.pngA un an des élections présidentielles en RD Congo, le président Kabila effectuait son premier bilan après 4 années à la tête de l'état congolais : "la nation congolaise se porte mieux qu’il y a un an ou mieux qu’il y a 15 ans et son état s’améliore chaque jour davantage".

Devant députés et sénateurs congolais, réunis en congrès, Joseph Kabila s'est distribué des bons points : "le pacte conclu avec le peuple congolais à l’occasion des dernières élections présidentielles nous imposait cinq objectifs majeurs à savoir, le rétablissement et la consolidation de la paix, la réhabilitation de l’Etat dans ses prérogatives régaliennes ; l’amélioration de la gouvernance politique, économique et social, la relance économique et la reconstruction du pays".

Pour lui, la situation s’est sensiblement améliorée, malgré quelques foyers résiduels persistent encore ça et là du fait de la présence de groupes armés étrangers, notamment des rebelles rwandais des Forces Démocratiques pour la libération du Rwanda ( FDLR ) et rebelles ougandais de Allied Democratic Forces/ National Army for Liberation of Uganda (ADF/NALU) .

Sur le plan économique, le Chef de l’Etat a indiqué "qu'en dépit des signes de reprises perceptibles depuis la fin de l’année dernière, l’activité économique s’est déroulée dans un environnement international plutôt préoccupant. La situation macro-économique du pays a été bonne, avec un taux de croissance de 6 % en 2010 contre 2 % en 2009".

Le bon bilan de Joseph Kabila reste à tempérer selon les dernières études du PNUD de novembre 2010. Selon l'agence onusienne, le niveau de développement en République Démocratique du Congo est en recul en 2010 par rapport à celui de 1970, selon le classement annuel du développement humain.

La RDC partage avec la Zambie et le Zimbabwe le niveau inférieur de ce classement où trône, en première position, la Norvège, suivie de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande. Ce classement mondial, qui se base sur le bien-être de la population de la planète depuis vingt ans, prend en ligne de compte le degré de prospérité économique, le niveau d'éducation ou encore l'espérance de vie dans les cinq continents.

Stabilité militaire, politique et économique ne sont donc pas encore au rendez-vous en République démocratique du Congo (RDC)... sans parler de la situation des droits de l'homme (affaires Chebeya, Tungulu... ) et des assassinats de journalistes.

Au crédit de Joseph Kabila, le pays sort à peine d'une quinzaine d'années de guerre et de massacres à répétition. Sans revenus et avec une économie d'une extrême faiblesse, il est difficile de faire des miracles en 4 petites années. Le budget de l'état congolais est toujours aussi mince :  6,7 milliards de dollars... peut-être 100 fois moins que ce qui serait nécessaire ! On peut donc avoir quelques indulgences pour Joseph Kabila, au moins sur le plan économique... quand à se satisfaire de ces maigres résultats... il y a malheureusement un pas que Joseph Kabila a allègrement franchi dans son discours sur la l'état de la nation.

Christophe Rigaud

08 décembre 2010

RDC : Tshisedeki est arrivé à Kinshasa

Après 3 ans d'un "exil médical" forcé, l'opposant historique à Mobutu, est arrivé à Kinshasa ce mercredi vers 14h30 en provenance d'Afrique du Sud. Etienne Tshisekedi, 78 ans, est candidat à la présidentielle de 2011 en République démocratique du Congo (RDC). Plusieurs milliers de militants étaient venus l'accueillir.

Capture d’écran 2010-12-08 à 22.28.18.pngMalgré une forte présence policière, plusieurs milliers de militants de l'UDPS sont venus attendre leur leader à l'aéroport de Ndjili à Kinshasa. Les policiers, présents en nombre, les ont empêchés d'accéder à l'enceinte de l'aéroport.

Sur la quinzaine de kilomètre du parcours entre l'aéroport et le siège du parti d'opposition, de très nombreux congolais étaient présents sur le bord de la route ont pu constater les agences de presse présentent sur place.

Etienne Thsisekedi devait se rendre en début de soirée au siège du l'UDPS à Kinshasa où il devait prononcer un discours.

L'opposant historique au Maréchal Mobutu avait quitté la RD Congo il y a maintenant trois ans pour des raisons de santé et résidait en Belgique. Etienne Tshisekedi avait annoncé en août depuis Bruxelle qu'il se présenterait à l'élection présidentielle prévue en novembre 2011 en RDC. Après avoir boycotté les précédentes élections de 2006, l'UDPS prendra part aux différents scrutins qui se dérouleront jusqu'en 2013.

07 décembre 2010

RWANDA : 2 opposants accusés de mobiliser des troupes en RDC

Selon un journal sud-africain, Business Day, "deux anciens hauts-dignitaires rwandais se servent de l’Afrique du Sud pour renverser le régime du président Paul Kagame". C'est en tout cas ce qu'affirme le haut commissaire rwandais en Afrique du Sud qui accuse également les deux "comploteurs", Kayumba Nyamwasa et Patrick Karegesa, de vouloir mobiliser des troupes en République démocratique du Congo (RDC) en vue d'un coup de force à Kigali.

logo afkrb.pngDans l'article du journal sud-africain, les "conspirateurs" sont clairement nommés : il s'agit l’ancien général rwandais Kayumba Nyamwasa et Patrick Karegesa, ancien chef de la sécurité extérieure du Rwanda. Ces deux personnalités avaient violemment rompus avec l'actuel président, Paul Kagame et s'étaient réfugiés en Afrique du Sud. Kigali accuse les deux opposants de mobiliser les forces de la République démocratique du Congo (RDC) pour prendre les armes contre le gouvernement rwandais. Le haut commissaire rwandais, note que les deux hommes complotent "via la mobilisation ethnique au Rwanda et les opérations militaires au Congo, pour renverser notre gouvernement"... sans plus de précisions sur ces fameuses "forces" en RDC.

Kigali attend toujours toujours une décision de l’Afrique du Sud sur une demande d’extradition de Kayumba Nyamwasa au Rwanda pour "corruption et détournement de fonds".

A noter enfin que les autorités sud-africaines ont déclaré ne pas être au courant de ces allégations.

Christophe Rigaud