19 décembre 2010
RWANDA : l’enquête du juge Bruguière explose en plein vol
Après douze ans d’instruction sur l’attentat du 6 avril 1994 contre l’avion du président rwandais Habyarimana, les nouveaux juges « antiterroristes » français Nathalie Poux et Marc Trévidic ont levé les mandats d’arrêt internationaux qui avaient été lancés en 2006 contre des suspects rwandais par le juge Jean-Louis Bruguière. L’accusation marque le pas et pourrait aboutir à un non-lieu. Un coup de théâtre en perspective !
Photo : L'épave du Falcon 50 de Juvénal Habyarimana en décembre 1995. Au premier plan, le président rwandais Pasteur Bizimungu.
Le mercredi 6 avril 1994 vers 20 h 30, le Falcon-Dassault du président rwandais Juvénal Habyarimana est touché par deux missiles alors qu’il s’apprête à atterrir à Kigali. L’avion explose et ses débris tombent sur la résidence présidentielle, située à proximité de l’aéroport. Tous les occupants sont tués, à commencer par le président du Rwanda, son collègue du Burundi Cyprien Ntaryamira et les trois membres français de l’équipage. Un épais mystère entoure l’attentat. Et depuis lors, deux thèses s’affrontent.
Un attentat des extrémistes hutu ?
Pour les uns, l’attentat a été commis à l’instigation des extrémistes hutu, qui ne veulent pas du partage du pouvoir et de la paix avec la rébellion majoritairement tutsi de Paul Kagame, paix à laquelle vient de se résigner le président du Rwanda. A l’appui de cette thèse, le fait que le génocide des Tutsi et le massacre des Hutu démocrates commence quelques minutes après l'attentat, menés par la Garde présidentielle et le Bataillon de reconnaissance, bras armés des durs du régime. Soigneusement planifiée depuis des mois, l’extermination des Tutsi est menée avec méthode partout dans le pays. Elle fera environ un million de morts en cent jours.
Un attentat de la rébellion majoritairement tutsi ?
Thèse inverse : l’attentat aurait été commis par un commando de rebelles du Front patriotique, qui se serait introduit derrière les barrières des Forces armées rwandaises pour « aligner » l’avion. Selon les tenants de cette thèse, Paul Kagame aurait pris cyniquement le risque de voir les Tutsi du Rwanda exterminés, pour s’emparer plus facilement du pays. Et l’Armée patriotique aurait commencé à faire mouvement vers la capitale avant l’attentat.
La désignation du juge Bruguière
Peu après l’attentat, le mercenaire français et ancien « gendarme de l’Elysée » Paul Barril tente de déposer plainte en France au nom d’Agathe Habyarimana, la veuve du président assassiné, qui est sa cliente. Mais le Parquet refuse d’y donner suite. Il réitère en 1998 alors qu’une mission d’information parlementaire s’apprête à analyser le rôle de la France au Rwanda. Cette fois, l’avocate de Paul Barril a déposé une plainte au nom de la famille du co-pilote français. Le célèbre juge « antiterroriste » Jean-Louis Bruguière est désigné pour instruire la plainte concernant les victimes françaises de l’attentat. Et il acceptera ensuite que la famille du président Habyarimana, qui réside en France, se porte partie civile.
La « méthode Bruguière »
Convaincu que sa vie serait en danger s’il enquêtait au Rwanda, le juge refusera toujours de s’y rendre et négligera même d’ordonner une expertise balistique. Par contre, il entend longuement les chefs extrémistes hutu emprisonnés à Arusha dans l’attente de leur jugement par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) institué par l’ONU au lendemain du génocide. Ceux-ci pointent du doigt le mouvement rebelle. Le juge français accorde aussi une grande importance au témoignage d’anciens militaires de l’Armée patriotique qui s’accusent d’avoir participé à l’attentat. Très vite, la conviction du juge est faite : l’attentat ne peut avoir été commis que par le FPR de Paul Kagame. L’instruction se poursuivra dans cette seule direction, négligeant toute autre piste.
Une instruction chaotique
Des anomalies ont caractérisé l’instruction. Fabien Singaye, un ancien espion au service de la famille Habyarimana, par ailleurs gendre de Félicien Kabuga (recherché par le TPIR comme le supposé « financier du génocide » et toujours en fuite) est recruté par Bruguière comme interprète puis comme expert. Les « repentis » qui s’auto-accusent de l’attentat ne sont même pas mis en examen après leur audition. Plus tard ils reviennent spectaculairement sur leurs aveux. Le « juge antiterroriste » consulte des hommes politiques et des diplomates étrangers sur l’évolution de son dossier. L’instruction, menée uniquement à charge, « fuite » auprès de journalistes amis, etc.
Les mandats d’arrêt internationaux
Finalement, en novembre 2006, le juge Jean-Louis Bruguière émet neuf mandats d’arrêt internationaux contre de hauts dignitaires de l’armée rwandaise et tente d’obtenir du procureur du Tribunal pénal international, Carla Del Ponte, des poursuites contre le chef de l’Etat rwandais Paul Kagame (qui bénéficie en France de l’immunité). Il semble que le juge ait obtenu un « feu vert » de l’Elysée et du Premier ministre Dominique de Villepin, adeptes de la thèse du « double génocide » au Rwanda. Bruguière provoque la colère du gouvernement rwandais qui rompt ses relations diplomatiques avec la France.
Bruguière, militant politique
Selon un télégramme confidentiel de l’ambassadeur américain à Paris Craig Stapleton, - révélé récemment par Wikileaks -, le juge Bruguière lui avait confié « qu’il avait l’accord du président Chirac » et il n’avait « pas caché son désir personnel de voir le gouvernement Kagame isolé ». Dans ces conditions, « l’enquête Bruguière » est-elle encore une instruction judiciaire menée par un magistrat indépendant ou une opération politique complaisamment relayée judiciairement ? La question se pose avec acuité lorsqu’en 2007 le juge apporte un soutien public au candidat Nicolas Sarkozy et se présente lui-même aux élections législatives dans la 3e circonscription du Lot-et-Garonne. Les électeurs n’apprécient pas plus son arrogance que sa voiture blindée et ses gardes du corps dans cette circonscription réputée facile. Battu, Jean-Louis Bruguière ne peut décemment considérer sa mise en disponibilité comme une simple parenthèse, mais bien comme un point final à sa vie de juge d’instruction.
Le dossier repris par Marc Trévidic
Jusqu’alors, Jean-Louis Bruguière pouvait s’appuyer sur un magistrat adjoint, le juge Marc Trévidic. Ce dernier reprend la plupart des dossiers. Celui du Rwanda lui paraît simple : les 9 hauts gradés rwandais visés par les mandats d’arrêt ne se présentent pas à son cabinet. Le magistrat s’apprête donc à clore l’instruction et à renvoyer les suspects devant une cour d’assises qui, en leur absence, les condamnera automatiquement au maximum de la peine. C’est ce qu’il explique aux parties civiles et à leurs avocats au mois d’octobre 2008. Une telle issue empêchera définitivement les suspects de s’expliquer judiciairement, sauf à venir se constituer prisonniers en France, ce que personne n’envisage, à plus forte raison alors que les relations diplomatique sont rompues entre le Rwanda et la France.
Coup d’éclat : l’arrestation de Rose Kabuye
En novembre 2008, Rose Kabuye, l’élégante et charismatique chef du protocole du président du Rwanda, est arrêtée en Allemagne, en vertu d’un des mandats d’arrêt lancés par Bruguière, alors qu’elle prépare une visite de Paul Kagame. Si le régime rwandais organise de grandes manifestations de protestation, il ne s’oppose pas au transfert de Rose Kabuye vers la France. Et la confrontation avec Marc Trévidic se passe plutôt bien, d’autant que le juge des Libertés s'oppose à sa mise en détention provisoire. Bientôt, le juge lève le mandat d’arrêt la concernant et l’autorise même à des allers-et-retour entre Paris et Kigali, entre deux interrogatoires.
L’accès au dossier pour les accusés
Jusqu’alors, les Rwandais visés par l'ordonnance Bruguière n’ont pas eu accès au dossier d’instruction. La mise en examen de Rose Kabuye permet à ses deux avocats, le Français Lev Forster et le Belge Bernard Maingain, de s’y plonger. Ils ne tardent pas à en relever les errements. Il semble que les deux juges chargés du dossier, Marc Trévidic et Nathalie Poux, soient à leur tour surpris et leur intime conviction ébranlée par un certain nombre d’anomalies, en particulier l’absence d’expertise balistique. En septembre 2010, Marc Trévidic se rend au Rwanda avec des experts en balistique sur les lieux de l’attentat. Il a l’occasion d’interroger longuement Richard Mugenzi, l’espion-radio des FAR qui aurait « intercepté » le message de revendication de l’attentat par le FPR. L’homme révèle qu’il s’agit d’un montage grossier, que les enquêteurs du juge Bruguière, supposés expérimentés, se sont laissés abuser par une manipulation. En juin 2010, un nouvel interrogatoire d’Abdul Ruzibiza à Stockholm - peu avant sa mort - laisse transparaître que l’accusateur numéro 1 du FPR est un mythomane impénitent.
L’interrogatoire des autres suspects
Si Rose Kabuye a obtenu une simple « mise en examen » qui a levé son mandat d’arrêt, ce n’est pas le cas des autres suspects. Ils doivent préalablement être entendus par les juges français. Mais où ? Les juges refusent de les écouter au Rwanda. A l’étranger, ils seraient immédiatement arrêtés. Finalement, une solution est négociée entre les magistrats français, les avocats Bernard Maingain et Jean-Marie Mbarushimana, et le gouvernement du Burundi. Celui-ci s’engage à ne pas mettre les mandats d’arrêt à exécution, et à trouver un local sécurisé pour les interrogatoires. L’ambassade de France se charge de trouver des interprètes de qualité.
D’où sont partis les missiles ?
Sur les huit suspects « recherchés », deux manquent à l’appel : Éric Hakizimana, l’un des tireurs présumés, et le général Kayumba Nyamwasa. Le premier est introuvable. Le second, en délicatesse avec le gouvernement rwandais, a fui en Afrique du Sud. Les autres sont longuement interrogés par Marc Trévidic et Nathalie Poux, en particulier le général James Kabarebe, actuel ministre de la Défense du Rwanda. A l’issue de ces auditions, les juges prononcent leur mise en examen, qui permet de lever les six mandats d’arrêt internationaux. C’en est apparemment fini de la crispation judiciaire. On n’attend plus que les expertises balistiques. Si elles concluaient que les tirs de missiles ne sont pas partis de la vallée de Masaka mais du camp Kanombe, fief de la Garde présidentielle du président Habyarimana, on s’acheminerait sans doute vers un non-lieu général. Et les investigations prendraient la direction opposée.
Jean-François DUPAQUIER
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16 décembre 2010
RDC : Ne Muanda Nsemi se rapproche de Tshisekedi
Le Bundu dia Malaya (BDM), le parti du député Ne Muanda Nsemi, est-il en train d'opérer un rapprochement avec l'UDPS d'Etienne Tshisekedi en vue des prochaines présidentielles de 2011 ? Le leader du BDM assistait au premier congrès de l'UDPS aux côtés de Vital Kamerhe et Azarias Ruberwa. Les 3 opposants à Joseph Kabila ont visiblement été séduits par Etienne Tshisekedi.
Samedi dernier, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) ouvrait son tout premier congrès national à Kinshasa. Après un retour triomphal en République démocratique du Congo (RDC), Etienne Tshisekedi est plus courtisé que jamais. L'unité de l'opposition est encore loin d'être une réalité à l'approche des prochaines élections présidentielles de novembre 2011, mais le message de rassemblement lancé par Tshisekedi a visiblement été entendu. Trois leaders politique de premiers plans assistaient au discours de Tshisekedi : Vital Kamerhe, président honoraire de l’Assemblée nationale et candidat déclaré à la présidentielle, Azarias Ruberwa, président national du RCD et Ne Muanda Nsemi, le président du parti Bundu dia Mayala (BDM), la branche politique du BDK interdit en RD Congo. Interrogé par Radio Okapi, le leader du BDM souhaite voir émerger un candidat unique de l'opposition, après discussion entre les différents partis. Et pour Ne Muanda Nsemi, Etienne Tshisekedi semble être son candidat à la prochaine présidentielle.
Si le BDM décide de rallier l'UDPS de Tshisekedi, c'est un candidat de poids qui viendrait gonfler les rangs de l'opposition. Ne Muanda Nsemi, président national du Bundu dia Mayala (BDM) et leader de la secte politico-religieuse Bundu dia Kongo (BDK), est très populaire dans le Bas-Congo. On se souvient que le BDK avait affronté pacifiquement la Police en 2007 et 2008 et avait fait trembler le pouvoir central de Kinshasa. Depuis, le Bundu dia Kongo a été interdit et Ne Muanda Nsemi a créé un nouveau parti, le Bundu dia Malaya. Le personnage fait pourtant toujours peur à Kinshasa : son charismatisme et son influence sur la politique congolaise sont restés intactes et tout ce qu'il pourra dire sur les différents candidats à la présidentielle sera écouté avec la plus grande attention dans le Bas-Congo... et cela, Etienne Tshisekedi l'a bien compris.
Christophe Rigaud
16:24 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (1)
15 décembre 2010
RDC : Kinshasa, plus grande ville d'Afrique en 2020
Les Nations-Unies estiment que la capitale de République démocratique du Congo (RDC) accueillera 4 millions de nouveaux habitants dans les 10 prochaines années. En 2020, Kinshasa pourrait donc , avec plus de 12 millions d'habitants devenir la ville la plus peuplée d'Afrique. Pour l'ONU, ces chiffres sont une source d'inquiétude pour les les conditions de vie des futurs habitants de la mégapole congolaise.
Selon ce rapport de l'ONU Habitat, la croissance démographique la plus forte dans la décennie sera celle de Kinshasa qui regroupe déjà 13 % de la population du pays . Une ville qui a déjà du mal a gérer l'afflux de nombreux migrants en 2010.
Kinshasa abrite désormais de nombreux "quartiers informels", bidonvilles, taudis, toujours plus loin du centre-ville et des services minimums (routes, eau, école, électricité, santé… ). "L'urbanisation de la pauvreté est un développement dramatique sur le continent africain, car elle est génératrice de contrastes alarmants entre la richesse des quartiers d'affaires ou des zones résidentielles pour les couches sociales à revenus élevés, d'une part, et la masse des misérables croupissant dans de vastes taudis", rapporte le document.
"Totalement laissés pour compte, les Kinois vivent ainsi à 95 % de la débrouille et la majorité en dessous du seuil de pauvreté", selon l'ONU. L'afflux de nouvelles populations pauvres et rurales ne devrait malheureusement pas améliorer la vie quotidienne des Kinois dans les années à venir.
Photo : Christophe Rigaud (c) www.afrikarabia.com
21:34 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (0)
RDC : Tensions à Goma pour l'arrivée de Kamerhe
Après l'annonce de sa démission du PPRD et de sa candidature à la prochaine élection présidentielle de 2011 en République démocratique du Congo (RDC), Vital Kamerhe avait prévu un meeting à Goma. Des incidents ont rapidement éclaté entre partisans de Kamerhe et supporters du président Joseph Kabila.
De violents incidents ont émaillé le retour de Vital Kamerhe à Goma, dans la province dont il est originaire. Le maire de la ville n'avait en effet pas autorisé la manifestation et très vite, les esprits se sont échauffés, la police a tiré en l'air pour disperser partisans et opposants de l'ancien président de l'assemblée nationale congolaise. Un correspondant de l'Agence France Presse révèle également que le nouveau candidat à la présidentielle a également été empêché par la police et la garde républicaine de se rendre au gouvernorat du Nord-Kivu. Plusieurs manifestants pro-Kabila ont traité Vital Kamerhe de "traître"… il faut dire qu'avant de se brouiller avec le chef de l'Etat, Vital Kamerhe a été le directeur de campagne de Joseph Kabila lors des précédentes élections de 2006. Depuis hier, Kamerhe a créer son propre parti, l'UNC et a décidé de se présenter face à Joseph Kabila aux présidentielle de 2011.
Christophe Rigaud
21:14 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (5)
Massacres de Noël en RDC : L'appel des ONG entendu
Après l'appel lancé par 19 organisations humanitaires pour empêcher les rebelles de la LRA de commettre de nouveaux massacres à l'approche de Noël, l'ONU vient d'annoncer l'envoie de renforts de casques bleus dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC). La mobilisation exceptionnelle de 19 ONG a donc fini par porter ses fruits sur le terrain.
L'ONU a décidé d'envoyer 900 Casques Bleus de la Monusco supplémentaires pour lutter l'Armée de résistance du Seigneur (LRA), responsable de nombreux massacres ces deux dernières années à l'approche des fêtes de Noël. "Forte des leçons apprises les années précédentes, la Monusco a renforcé ses positions dans les zones où les rebelles de la LRA opèrent" a confirmé le porte-parole de l'ONU.
L'opération de sécurisation se poursuivra sur le terrain jusqu'à la mi-janvier, notamment dans la zone de Dungu dans le nord-est de la RD Congo.
09:01 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (0)
14 décembre 2010
RDC : Kamerhe candidat en 2011
Il a tout plaqué : la présidence de l'assemblée nationale, le PPRD (le parti qu'il a fondé avec Joseph Kabila) et enfin son poste de député… Vital Kamerhe a démissionné de toutes ses fonctions officielles pour se lancer dans la bataille le présidentielle de 2011 en République démocratique du Congo (RDC). Il est désormais à la tête de son propre parti politique, l'Union pour la nation congolaise (UNC)… sa nouvelle machine de guerre électorale. Mais avec qui fera-t-il alliance ?
Le voici maintenant candidat déclaré. Vital Kamerhe est officiellement candidat à la présidence de la République démocratique du Congo (RDC) pour 2011. Après avoir consulté pendant plus d'un an et fait le tour des capitales occidentales, Vital Kamerhe vient d'annoncer qu'il se lancera dans la course à la présidence de la république en 2011.
Candidat de l'opposition ?
Après avoir annoncé sa démission du PPRD de Joseph Kabila et de son mandat de député, Vital Kamerhe, 51 ans, se présentera donc sous la bannière de son nouveau parti, l'Union pour la nation congolaise (UNC) créé en juin dernier. Kamerhe se définie clairement comme un opposant à Joseph Kabila et a annoncé que son parti concluerait des "alliances avec d'autres forces de changement", sans les citer, pour obtenir "l'alternance en 2011". Il a proposé à l'opposition "un programme préléectoral commun" visant "à lutter pour des élections libres et démocratiques", notamment pour "préserver" la Constitution et le mode de scrutin présidentiel et législatif", et "accélérer" la mise en place de la Cour constitutionnelle et de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Un dernier signe qui ne trompe pas, Vital Kamerhe assistait en personne au 1er congrès de l'UDPS où Etienne Tshisekedi se propose d'être le rassembleur de toute l'opposition au prochain scrutin.
Christophe Rigaud
21:31 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (7)
RDC : 19 ONG en guerre contre la LRA
Un rapport publié par 19 organisations humanitaires attire l'attention sur la "folie meurtrière" du plus ancien groupe rebelle d’Afrique : l’Armée de Résistance du Seigneur (LRA). Cette milice est désormais la milice la plus meurtrière en République démocratique du Congo (RDC). Pour ces ONG, la communauté internationale doit agir pour empêcher la LRA de commettre un nouveau massacre à l'approche de Noël, comme ce fut le cas en 2008 et 2009. Dans un nouveau rapport publié aujourd’hui par 19 organisations humanitaires, "les massacres commis au cours de l’année dernière par l’Armée de Résistance du Seigneur (LRA) à l’encontre de communautés enclavées au Soudan, en République centrafricaine (RCA) et en République démocratique du Congo (RDC) sont parmi les pires atrocités perpétrées par cette milice en 20 ans d’activité sanglante".
Pour ces ONG, de nouveaux chiffres indiquent que "la LRA est devenue la milice la plus meurtrière en RDC ces deux dernières années". Au cours de la seule année écoulée, plus de 1 000 personnes ont été tuées ou enlevées au cours de presque 200 attaques distinctes menées dans deux districts reculés de la RD Congo.
Les 19 organisations humanitaires rappellent "qu'à la veille de Noël en 2008, et au cours des trois semaines qui ont suivi, 865 hommes, femmes et enfants ont été sauvagement battus à mort et des centaines d’autres enlevés par la LRA dans le Nord-Est de la RDC et au Sud-Soudan". L'année suivante, en 2009, la LRA recommence ses attaques massives à l'approche de Noël faisant plus de 300 morts.
Marcel Stoessel, directeur d’Oxfam en RDC indique "qu'à Noël cette année, des familles du Nord-Est de la République démocratique Congo vont vivre dans la crainte d’un autre massacre, malgré la présence de la plus grande mission de maintien de la paix au monde".
Dans ce rapport intitulé « Le Spectre des Noëls passés », publié aujourd’hui, les 19 organisations humanitaires et de défense des droits de l’Homme, souhaitent qu’une "attention décisive doit être apportée à la sécurité et au bien-être des femmes, hommes et enfants à travers la vaste région affectée par la LRA".
D’après le HCR, depuis décembre 2008, la LRA, du rebelle Joseph Kony, a tué 2000 personnes, en a enlevé plus de 2600 et a provoqué le déplacement de 400.000 habitants. "Au nord et à l'Est de la RDC, les déplacés sont encore 268.000, ils sont plus de 120.000 au Sud-Soudan et 30.000 dans le sud-est de la RCA. Plus de 24.000 civils ont également été contraints à l’exil".
09:24 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (0)
13 décembre 2010
RDC : Le CNDP, nouvel allié de Joseph Kabila
A un an des élections présidentielles en République démocratique du Congo (RDC), voici le nouveau coup de poker politique de Joseph Kabila. : le ralliement de l'ex rébellion du CNDP à sa plateforme électoral, l'AMP. Un calcul électoral que dénonce le RDPC, qui accuse le président Kabila de "s'assurer de la mainmise sur tous les bureaux de vote situés dans les territoires actuellement non accessibles aux FARDC mais contrôlés par le CNDP".
L'ex-rébellion du CNDP (Congrès national pour la défense du peuple), devenu aujourd’hui un parti politique, vient d'intégrer l'alliance présidentielle (AMP) et rejoindre ainsi le clan des "Kabilistes" dans la course à la réélection de Joseph Kabila en 2011. Ennemis hier… alliés aujourd'hui, ce rapprochement semble dicté par un calcul électoral très simple selon le Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo (RDPC). Pour Gaspard-Hubert Lonsi Koko, du RDPC, " en contrepartie de l'accord, un bon nombre d'éléments du CNDP seront promis dans la direction des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC)."
À travers cette adhésion, le RDPC pense que le président Kabila "vient de s'assurer de la mainmise sur tous les bureaux de vote situés dans les territoires actuellement non accessibles aux FARDC mais contrôlés par le CNDP." Craignant de lourdes fraudes dans l'Est de la RD Congo, sous contrôle des ex-rebelles, Gaspard-Hubert Lonsi Koko demande "la présence des assesseurs de chaque candidat et des observateurs de la communauté internationale à l'élection présidentielle dans tous les bureaux de vote. Dans la même optique, l'AMP étant majoritaire dans la CENI et le Conseil constitutionnel étant composé des affidés du président Kabila, il est impératif qu'un Haut Représentant des Nations Unies pour les élections soit nommé en vue d'un droit de regard, en conformité avec les dispositions légales, dans le processus électoral en République Démocratique du Congo. Enfin, il est nécessaire de déployer, au moment du scrutin, les éléments de la monusco dans les territoires qui sont sous le contrôle des éléments du CNDP."
Christophe Rigaud
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RWANDA : Un ancien militaire de l'APR décrypte le "mapping" de l'ONU
Le brigadier général Richard Rutatina, aujourd’hui conseiller à la présidence de la République, était déjà un haut gradé de l’Armée patriotique rwandaise (APR) lors des deux guerres du Congo. C’est donc en acteur de la crise qu’il analyse et commente le rapport de la commission des Nations-Unies sur les allégations de crimes commis par l’APR au Congo. Pour Richard Rutatina : « le rapport de la commission de l’ONU n'a qu'un seul but : dire qu'il y a eu un double génocide, ce qui est une façon d'insinuer que finalement tout le monde est à la fois victime et bourreau, et donc qu’il n'y a pas eu de génocide du tout.» Voici son témoignage pour Afrikarabia.
Général, le pré-rapport de l'ONU est particulièrement sévère sur le comportement a légué de l'armée rwandaise lors des deux guerres du Congo. Vous-même, en tant qu'officier supérieur de cette armée, comment réagissez-vous ?
Richard RUTATINA : - Effectivement, ce rapport décrit l'Armée patriotique rwandaise comme une milice tutsi qui n'aurait eu d'autre objectif que de tuer les Hutu rwandais réfugiés au Zaïre. Il est difficile de comprendre le retentissement international de ce rapport alors que chacun sait qu'au contraire l'APR a toujours combattu les visées génocidaires. Chacun a en mémoire les photographies et les reportages télévisés du retour massif des réfugiés rwandais vers leur pays en 1996 et 1997 notamment, sous la protection et avec l'assistance de l'armée patriotique rwandaise.
Alors, pourquoi ces accusations ?
Richard RUTATINA : - Lorsque que notre armée a été mise sur pied, s'était déjà pour permettre le retour dans leur pays des réfugiés, Hutu comme Tutsi, qui avait dû fuir le Rwanda en raison de massacres à caractère génocidaire qui se sont succédé à partir de 1959. Au début de la guerre d'octobre 1990, lorsque le chef du Front patriotique rwandais Fred Rwigyema a été tué, il a été aussitôt remplacé par un Hutu, Alexis Kanyarengwe, malheureusement aujourd'hui décédé. Une grande partie des dirigeants du Front patriotique, dès l'origine, a été recrutée parmi les Hutu démocrates opposés au régime ethniste, dictatorial et sanguinaire de l'ancien président Juvénal Habyarimana. J'énonce ici des faits connus de tous, parfaitement documentés. Aussi, lire dans le rapport de l'ONU que l'APR se serait comportée au Congo comme une milice tutsi ivre de sang est tout simplement extravagant. Depuis l'origine de l'Armée patriotique, nos militaires connaissent mieux que personne les souffrances des exilés, pour les avoir vécues eux-mêmes. Comment notre armée, qui a mis fin au génocide des Tutsi et à la chasse meurtrière des démocrates hutu au Rwanda en 1994, aurait-elle pu elle-même commettre un génocide ?
Pourtant, c'est ce qui ressort du rapport de la commission de l'ONU.
Richard RUTATINA : - Nous sommes confrontés à ce qu'on appelle "la propagande en miroir" qui consiste à accuser l'adversaire de ce qu'on commet soi-même. Ces accusations de génocide contre l'Armée patriotique ne sont pas nouvelles. Dès le débuts de la guerre d'octobre 1990, le régime Habyarimana accusait le Front patriotique d'attaquer le Rwanda pour exterminer l'ensemble des Hutu. On sait ce qu'il est advenu. Cette propagande a été clairement analysée par toutes sortes de chercheurs, de spécialistes de l'histoire de la région, et même dans les premiers rapports de l'ONU en 1994. Pourquoi cette inversion de la réalité ? Pourquoi cette amnésie et cette porosité à l'idéologie du génocide commis contre les Tutsi en 1994 ? C'est la question que je me pose.
Vous considérez que le rapport de l'ONU ne fait que souscrire aux thèses des génocidaires et des négationnistes ?
Richard RUTATINA : - Il suffit d'observer l'histoire récente de notre pays pour s'en convaincre. Le Front patriotique rwandais a été constamment diabolisé et accusé de tous les maux. Avant même la victoire contre les forces génocidaires, beaucoup prétendaient que notre objectif était d'installer à la tête du Rwanda une autorité monoethnique tutsi. Or nous avons mis en oeuvre les accords de partage du pouvoir négociés à Arusha. En avril 1994 a été mis en place un gouvernement de transition à base élargie (GTBE) qui n'était pas dirigée par un Tutsi. Le président de la République, qui avait lui-même combattu dès les premiers jours dans les rangs du FPR, n'était pas un Tutsi.
L’Armée patriotique rwandaise comporte-t-elle beaucoup de Hutu ?
Richard RUTATINA : - Je rappelle que lorsque le nous avons réussi en 1991 à nous emparer de la prison de Ruhengeri, nous en avons libéré les officiers hutu qui ont aussitôt rejoint nous rangs. Après les guerres du Congo, nous avons également réintégré dans l'armée patriotique des officiers, y compris des officiers supérieurs qui se sont rendus après nous avoir combattu toutes ces années. Ils ont retrouvé des postes de commandement et sont parfois montés en grade au sein de l'APR. Comme ce qui se sont battus pour la justice et la démocratie au Rwanda dès la créations du front patriotique, ils ont participé à la force de maintien de la paix au Darfour. Il en va de même chez les simples soldats. La composition de l'APR reflète la composition de la population rwandaise. Elle n'a rien d'une armée qui serait devenue à son tour "génocidaire", bien au contraire. C'est une armée profondément imprégnée des idéaux du Front patriotique, qui a banni dès les origines toute connotation ethnique, qui a tendu la main à tous ceux qui aspiraient sincèrement à participer nos idéaux.
Pourtant, le rapport de la commission de l'ONU conclut que la mission de l'APR au Congo était d'exterminer les réfugiés hutu ?
Richard RUTATINA : - Il faut vraiment être aveugle pour ne pas voir que ces réfugiés ont été libérés de la peur que faisait régner sur eux l'encadrement génocidaire des camps au Zaïre. Pour ne pas voir que ces réfugiés sont rentrés au Rwanda d eplein gré, par millions, pour retrouver leur place dans la société. Ils ont été protégés, nourris, aidés par les militaires de l'APR jusqu'à leur commune d'origine où ils ont retrouvé leur maison. Affirmer le contraire est extravagant.
Votre témoignage semble confirmé par celui d’un autre général, qui se trouvait, lui, du côté des ex-FAR ?
Richard RUTATINA : - Effectivement, au colloque organisé à Kigali par la commission nationale de lutte contre le génocide, qui s'est tenu les 9 et 10 décembre dernier, on a entendu mon collègue le brigadier général Jérôme Ngendahimana, ce qui était à cette époque un haut gradé des ex-FAR réfugiées au Zaïre et qui nous combattait, raconter ce qui s'est effectivement passé, vu de son côté. Comment les réfugiés sont-ils donc rentrés au Rwanda en aussi bonne santé que possible ? Ils avaient été poussés hors de leur pays par l'armée et les milices du gouvernement génocidaire pour des raisons stratégiques et militaires. Ils avaient servi de boucliers humains. Les forces génocidaires croyaient pouvoir se servir des réfugiés pour se protéger contre toute attaque et pour préparer eux-mêmes la reconquête du Rwanda. La guerre du Congo nous a été imposée pour empêcher la déstabilisation du Rwanda. Elle s'est faite dans des conditions extrêmement difficiles. Ce n'était pas une partie de campagne. Il y a eu des combats extrêmement durs contre ceux qui utilisaient les réfugiés comme boucliers humains, et forcément, on a déploré des victimes collatérales.
Que voulez-vous dire par une guerre qui vous aurait été imposée ?
Richard RUTATINA : - Les forces génocidaires avaient pris en otage des millions de Rwandais qu'elles espéraient utiliser comme un moyen de négociations pour obtenir un partage du pouvoir. Le Rwanda a été soumis à des attaques constantes, à des incursions armées quotidiennes. La communauté internationale se révélait incapable d'assurer la sécurité dans les camps qu’elle finançait, et de libérer les réfugiés de l'emprise des forces génocidaires. Il est d'autant plus choquant qu'aujourd'hui une commission de l'ONU accuse l'armée rwandaise d'avoir commis un génocide au Congo, alors que c'est l'incurie de la communauté internationale qui nous a forcé à une guerre d'autodéfense pour libérer les réfugiés maintenus en otage par des groupes armés.
Ce n’est pas du tout le point de vue des auteurs du rapport…
Richard RUTATINA : - Je le répète, des millions de réfugiés ont été rapatriés pacifiquement. Mais le rapport de la commission de l'ONU ne parle pas de ça. Sur la carte de la zone de guerre, on ne voit que des flèches qui laissent croire que tous les réfugiés se sont massivement enfuis vers la forêt profonde où ils auraient été exterminés. Pas une seule flèche n'indique la direction du Rwanda. "Les gens de l'APR les ont tués jusqu'au dernier", c'est comme le refrain de ce rapport, c'est l'insinuation qui se répète de page en page sur plus de 500 pages. Cette guerre qu'ils appellent Congo 1, ils la présentent comme une promenade militaire destinée à l'extermination des réfugiés. Ils ne veulent pas voir que c'était une véritable guerre avec en face de nous de véritables armées, les ex-FAR, les Forces armées zaïroises (FAZ) qui combattaient à leurs côtés, les milices Maï-Maï, les anciens miliciens interahamwe, etc. Dans le rapport, on ne voit pas que tous ces gens ont combattu avec beaucoup d'énergie pour empêcher le retour des réfugiés au Rwanda. Il y a même eu un groupe de mercenaires serbes à Kisangani pour les aider. Il est vrai que sous leur contrôle, quelques groupes de réfugiés ont réussi à s'enfoncer dans la forêt profonde. Mais tous les groupes que nous avons réussis à rejoindre et à libérer de l'emprise des génocidaires ont été ramenés au Rwanda. Certains ont même été rapatriés en avion, tellement il paraissait impossible de les faire rentrer à pied. Or que dit-on dans le rapport ? « Ils chassaient sans cesse les réfugiés hutu et les tuaient ». Tout le contraire de la vérité !
Auriez-vous pu perdre cette guerre au Congo ?
Richard RUTATINA : - Selon le rapport de la commission, le rapport de la commission, l'APR ne combattait pas mais étaient seulement occupés à chasser et exterminer les Hutu. Nous avons sans doute été victime d'une hallucination collective : les militaires des ex-FAR, des Forces armées zaïroises, les mercenaires européens recrutés pour nous combattre, les miliciens de toutes origines, tous ces groupes puissamment organisés et équipés, que les journalistes ont décrit de long en large à cette période, n'existaient donc pas ? Ils n'ont donc rien fait ? Ils ne se sont donc pas réfugiés dans la forêt profonde en tentant désespérément d'entraîner leurs boucliers humains ? Nous avons rêvé ?
Vous considérez que les auteurs du rapport de l'ONU ont fait l'impasse sur ce qui était une véritable guerre ?
Richard RUTATINA : - Exactement. Ils ont ignoré les autres acteurs du conflit. Ils ont refusé de voir que l'Armée patriotique rwandaise a toujours revêtu un caractère national. Ils ont complètement intégré la propagande génocidaire.
De quelle façon ?
Richard RUTATINA : - En voici un exemple : dans le rapport on prétend que les militaires de l'Armée patriotique appelaient les Hutu "des cochons". C'est une injure vis-à-vis des Hutu que j'ai découverte en lisant le rapport de l'ONU. Jamais je n’avais entendu ça auparavant. C'est au contraire les Tutsi qu'on appelait des "cancrelats". Un militaire de l'Armée patriotique qui aurait ainsi injurié une catégorie de la population rwandaise aurait été sévèrement sanctionné. On cherche ainsi à nous faire endosser la responsabilité d'une propagande raciste qui avait pour seul but le génocide des Tutsi en 1994.
En quelque sorte, vous accuser de ce que fait le camp d’en face ?
Richard RUTATINA : - On lit aussi dans le rapport que nous avons exterminé les réfugiés hutu en utilisant des machettes, des serpes, des houes. Or ce sont bien les instruments qui ont été utilisés en 1994, mais pour amener la population à participer massivement au génocide des Tutsi. Croit-on sérieusement que les militaires de l'Armée patriotique rwandaise s'étaient chargés de toutes sortes d'instruments aratoires pour exterminer les réfugiés ? On voit bien que les auteurs du rapport ne comprennent pas les choses les plus simples, accessibles à n'importe quel militaire. Franchement, les militaires devaient porter une Kalash avec ses chargeurs garnis, et je peux vous dire que ça pèse terriblement lourd lorsqu'on doit marcher jusqu'à Kinshasa sur 2000 kilomètres. Alors, qui peut croire qu'en plus du fusil d'assaut chacun trimbalait une houe pour le seul usage d'exterminer des fuyards ? On voit bien le tout au long du rapport il y a une tentative de transposer la propagande des génocidaires de 1994 qui disaient déjà que le but de l'Armée patriotique était d'exterminer les Hutu jusqu'au dernier.
Vous avez relevé d’autres anomalies dans le rapport ?
Richard RUTATINA : - Il y a d'autres aspects tellement invraisemblables dans le rapport qu'on se demande comment il n'a pas sombré dans le ridicule aussitôt que publié. Je vais vous en citer un seul exemple. Le "Rapport mapping" cite un certain nombre d'endroits où des fosses communes auraient été creusées pour dissimuler des victimes de l'Armée patriotique. Il paraît ainsi qu'une fosse commune contenant environ 500 cadavres se trouverait à Kasese. Or notre armée n'a jamais mis les pieds à Kasese. On prétend également qu'au moment où les forces de Kabila et l'APR s'apprêtaient à prendre Kinshasa, on procédait à des massacres massifs à 2 000 km de distance, dans la vallée de la Ruzizi, à Bukavu et Uvira. C'est du grand n'importe quoi. Qui peut sérieusement croire que l'Armée patriotique avait le moyen de concentrer ses forces pour la prise de Kinshasa où se cramponnaient les derniers éléments des Forces armées zaïroises et de s'occuper au même moment d'extermination massive à la frontière du Rwanda ?
Alors, quel est le sens de ce rapport ?
Richard RUTATINA : - Le rapport de la commission de l’ONU n'a qu'un seul but : dire qu'il y a eu un double génocide, ce qui est une façon d'insinuer que finalement tout le monde est à la fois victime et bourreau, et donc qu’il n'y a pas eu de génocide du tout. Il est particulièrement regrettable que cette propagande répétée d'année en année par ceux qui ont exterminé les Tutsi, se retrouve dans un rapport bénéficiant du label de l'Organisation des Nations unies.
Propos recueillis à Kigali par François MOLYNEUX
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