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26 mars 2013

Une nouvelle rébellion menace le Tchad et la Centrafrique

Le rebelle tchadien Timan Erdimi a affirmé, depuis son exil de Doha, vouloir renverser le régime du président Idriss Déby. L'opposant souhaite rallier à sa cause l'ANCD de Mahamat Nouri, mais aussi les "déçus" de la Séléka centrafricaine, qui accusent leur mouvement d'être désormais "à la solde du Tchad".

soudan tchad centrafrique.jpgL'opposant tchadien Timan Erdimi refait parler de lui. Depuis son refuge de Doha, le chef rebelle de l'Union des forces de résistance (UFR) a déclaré vouloir reprendre les hostilités contre le président tchadien Idriss Déby. Timan Erdimi avait déposé les armes en 2009 à la suite d'un accord de paix, mais le contexte tchadien et surtout régional, avec la chute du voisin centrafricain Bozizé, a fait changer d'avis le leader de l'UFR.

"Bête noire"

Selon Timan Erdimi, le dialogue national promis par Déby ne vient pas et "les Tchadiens ont perdu espoir". Faut-il prendre cette menace au sérieux ? Au regard du curriculum vitae du personnage, on peut au moins y apporter une attention toute particulière. Ce neveu d'Idriss Déby et longtemps proche du pouvoir est devenu la "bête noire" du président tchadien. Timan Erdimi a déjà failli renverser Déby en 2008. Aux portes du palais présidentiel de N'djamena, les rebelles ont été stoppés in extremis par l'armée français. En mai 2009, des accords de paix entre le Tchad et le Soudan ont alors forcé les rebelles d'Erdimi à déposer les armes.

Cause commune avec la Séléka

Depuis Doha, le chef rebelle s'organise. Il tend d'abord la main à son ancien allié, Mahamat Nouri, qui avait quitté l'UFR pour monter, en 2009, son propre  mouvement, l'Alliance nationale pour le changement et la démocratie (ANCD). Puis il se rapproche d'autres mouvements rebelles. D'après des informations recueillies par Afrikarabia, plusieurs contacts ont été établis entre Timan Erdimi et des membres de la rébellion Séléka centrafricaine. Voisine du Tchad, la Centrafrique a vu dernièrement son président, François Bozizé, débarqué par une coalition rebelle. Depuis le renversement de Bozizé et la prise du pouvoir par Michel Djotodia, le leader de la rébellion, la Séléka est plus divisée que jamais. Un front anti-Djotodia est rapidement apparu,  accusant le nouveau "président" auto-proclamé centrafricain, de n'être qu'une "marionnette" du Tchad et "sous influence" du président Déby.

Le Soudan comme "rendez-vous"

Ce courant des "mécontents" et des "déçus" de la Séléka, se serait rapproché de Timan Erdimi et de ses alliés soudanais. L'objectif est un coup de billard à deux bandes : renverser dans un premier temps Idriss Déby au Tchad, puis dans un deuxième temps son "vassal" centrafricain, Michel Djotodia. Le lieu de rendez-vous fixé par les  rebelles est le Soudan. La "déclaration de guerre" de Timan Erdimi à Idriss Déby tombe également dans un contexte international particulier. Le Tchad est en effet fortement engagé au Mali, où plus de 2.000 soldats tchadiens viennent prêter main-forte aux troupes françaises. Les meilleurs éléments des troupes tchadiennes se trouvent donc bien loin de leur base… une opportunité que pourrait saisir Timan Erdimi et ses alliés. Une seule inconnue dans cette équation complexe : le rôle de la France. En 2008, les troupes françaises étaient venues sauver le "soldat" Idriss Déby à N'Djamena… le feront elles en 2013 ?

Christophe RIGAUD - Afrikarabia

Mise au point : Suite à cet article l'ANCD nous a fait parvenir un communiqué précisant n'avoir conclu aucun accord avec l'UFR de Timan Erdimi, ni rallié aucune autre structure. L'intégralité du communiqué de l'ANCD est consultable ici.

RDC : Quand Thierry Michel répond à Moïse Katumbi

Dans une interview publiée dans "Jeune Afrique", Moïse Katumbi avait fortement critiqué le film de Thierry Michel dont il est "héros" : "L'irrésistible ascension de Moïse Katumbi", qui sortira prochainement sur les écrans. Le charismatique gouverneur du Katanga avait dénoncé les "contre-vérités", les possibles "manipulations" du film et des "informations qui n'auraient pas été vérifiées". Le cinéaste a souhaité répondre point par point aux attaques de Moïse Katumbi dans une lettre qu'Afrikarabia a décidé de publier.

Capture d’écran 2013-03-26 à 23.10.05.pngCher Moïse Katumbi

J'ai été très heureux de cette rencontre à Bruxelles dans une atmosphère constructive qui nous a permis d'éclaircir certains malentendus à propos du film que j'ai réalisé sur une partie de votre parcours, et intitulé, dans sa version longue : "L'irrésistible ascension de Moise Katumbi".

Nous avons par ailleurs, avec mes partenaires, pris connaissance de votre interview exclusive dans le magazine "Jeune Afrique" du 17 mars. Comme cet article parle en partie de mon film, et que vous évoquez dans mon chef des possibles "manipulations", "contrevérités" et d'"informations qui n'auraient pas été vérifiées", nous tenons à fournir les réponses à vos déclarations, car j'ai pour vous le plus grand respect et souhaite clarifier ces critiques contenues dans votre interview.

Tout d'abord, je n'ai pas été manipulé par qui que ce soit. En effet, je pense avoir suffisamment d'expérience professionnelle, après 40 années de métier, pour ne pas être instrumentalisé à mon insu. J'ai simplement réalisé à la fois un travail journalistique et une oeuvre cinématographique. Ce que Jeune Afrique a d'ailleurs relevé dans sa critique du film :

"Le documentaire, que Jeune Afrique a pu visionner, est effectivement nuancé. Les images de Katumbi, dont certaines étaient déjà présentes dans Katanga Business, montrent un homme jeune, dynamique et bien décidé à redresser la province. Mais Thierry Michel pointe aussi les conflits d'intérêts du fondateur de Mining Company Katanga (la société appartient désormais à sa famille) et interroge des responsables d'ONG et des journalistes qui ne ménagent pas leurs critiques. Surtout, le film souligne la personnalité complexe de l'un des hommes les plus populaires du pays (il dirige le Tout-Puissant Mazembe, meilleur club de football au sud du Sahara)." (extrait de Jeune Afrique)

Pour qu'un film soit crédible, il est indispensable qu'un regard critique puisse être posé, et il est donc normal que plusieurs intervenants dans le film (un activiste des droits de l'homme, un opposant, un dirigeant syndical et plusieurs journalistes) posent ce regard parfois critique sur votre gestion de la Province du Katanga. C'est une des règles de la démocratie mais aussi une règle journalistique dans le cas d'un portrait d'un homme politique, afin d'éviter l'apologie et la complaisance. Et si tel n'avait pas été le cas, on m’aurait reproché un manque d’objectivité, voire me soupçonné de m’être fait manipuler comme réalisateur et à vous-même de m’avoir acheté ou corrompus. Cela dit, il est également évident que le cinéaste/journaliste ne peut assumer les opinions parfois contradictoires exprimées par les intervenants dans un film documentaire. Il est important de le rappeler.

Mais reprenons plus précisément chacun des aspects que vous semblez reprocher à ce film. Quand on fait un portrait d’un personnage public, comme ce fut le cas lors de la réalisation du film « Mobutu, roi du Zaïre », on remonte nécessairement le temps. J’ai donc commencé ce film par les premiers tournages effectués avant que vous ne soyez intronisé gouverneur du Katanga. J'ai également eu recours à certaines séquences du film Katanga Business comme archives, mais aussi à d’autres archives comme votre élection en 2006 ou la victoire du Tout Puissant Mazembe en demi finale de la coupe du monde en 2010. Le film est
chronologique et historique et remonte le temps de vos réalisations en début de mandat à aujourd’hui.

A propos de l'existence, je cite "de liens avec des sociétés avec lesquelles je n'ai jamais travaillé", le film cite en effet votre partenariat avec l'ex-ministre et bâtonnier Jean Claude Muyambo Kyassa comme associé; nous avons la copie du document notarié inscrit au registre du greffe du commerce du tribunal de grande instance de Lubumbashi sous le N° 20443 et relatif à la société Twatotela Mining SPRL, dans laquelle vous étiez le principal détenteur de parts sociales avec Jean Claude Muyambo.

En ce concerne "l'enquête judiciaire ouverte par le Parquet général" dont vous seriez l'objet, celle-ci a bien eu lieu ce qui, bien évidemment, ne présage en rien de la culpabilité de qui que ce soit. Vous-même vous êtes étonné, lors de notre récente rencontre, d'avoir eu la visite d'enquêteurs venus à votre résidence dans le cadre de cette enquête.

Mais ce qui est plus inquiétant, c'est le communiqué de Jeunes Katangais qui se prétendent vos supporters, et qui se termine par des intimidations, des menaces qui me concernent en premier chef mais aussi ceux "qui travaillent sur le film" et ceux qui "s'obstinent à le diffuser". Ce communiqué est multidiffusé sur la toile internet par de très nombreux sites et emails. Comme je vous l'ai déjà demandé, je souhaite savoir qui se cache derrière ce groupe "La voix des Jeunes Katangais" ? Vos supporters, vos amis ou vos ennemis qui cherchent à vous nuire en vous faisant porter la responsabilité de ces menaces ? C'est la question essentielle et votre réponse permettra à tous ceux qui ont participé à la réalisation de ce film ou participeront à sa diffusion de prendre les mesures de protection adéquates.

Extrait du communiqué de "La voix des jeunes katangais"

UNE CABALE GROTESQUE CONTRE LE GOUVERNEUR
DU KATANGA, MOÏSE KATUMBI CHAPWE

"Ce jour, d’après les informations en notre possession, le laboratoire du mal de l’entourage de Joseph KABILA, évidemment avec son accord, a décidé de monter au créneau avec une autre stratégie pour déstabiliser le Gouverneur Moïse KATUMBI"
"L’opinion tant nationale qu’internationale se souviendra du film du réalisateur belge Thierry Michel sur le Gouverneur et les mines du Katanga. D’après les informations à notre possession, un budget conséquent vient d’être débloqué par le pouvoir de KABILA pour réaliser un autre film (métrage) en vue de salir Moïse KATUMBI."
"Nous mettons sérieusement en garde tous les gens qui travaillent sur le film pour déstabiliser Moïse KATUMBI et nous restons vigilants s’ils s’obstinent à le diffuser. A bon entendeur, salut !"
La voix des Jeunes Katangais.

Fait à Lubumbashi, le 30 janvier 2013.

- KYUNGU MULABA
- KABONGO ILUNGA
- SENDWE JEAN
- MUKALAY JOSEPH
- BANZE NGOY

Par ailleurs, comme vous le souhaitiez, nous sommes d’accord d’intégrer au dvd qui sortira dans quelques semaines, les témoignages récents diffusés sur internet et les télévisions katangaises des personnes ayant revu leur position. Nous restons convaincus que, au delà de votre parcours, ce film montre bien la complexité de tout engagement politique, et qu'il renforcera la confiance dans l'évolution démocratique de votre pays.

Très cordialement

Thierry

Liège ce 26/03/2013

Le film de Thierry Michel, "L'irrésistible ascension de Moise Katumbi", sortira sur les écrans à partir du 15 avril avec une avant première au Bozar à Bruxelles suivi de nombreuses projections dans plusieurs villes belges. Le film sortira également au cinéma Vendôme de Bruxelles à partir du 24 avril 2013.