Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

10 janvier 2012

Attentat Habyarimana : Le florilège de « l’enquête » Bruguière

Depuis sa saisine en 1998 jusqu’à son remplacement par le juge Marc Trévidic en 2007, le juge « antiterroriste » Jean-Louis Bruguière a mené une instruction entièrement à charge pour démontrer la responsabilité du Front Patriotique dans l’attentat du 6 avril 1994 à Kigali. L’Ordonnance qu’il diffusait ou laissait diffuser en 2006 constituait une réécriture de l’histoire du Rwanda pour rendre le mouvement rebelle, majoritairement tutsi, responsable du génocide des Tutsis dont l’attentat a été le déclencheur.
 
A présent que les expertises réduisent à néant cette thèse, il n’est pas inutile de rassembler un florilège des citations les plus significatives du dossier Bruguière…
 
Afrikarabia logo.png« Des témoignages enregistrés, il ressort que cet acte meurtrier a été l'oeuvre de rebelles du « Front patriotique rwandais» (FPR ) placé sous l'autorité de M. Paul Kagamé, chef d'état-major de l'armée ougandaise » 15 septembre 1999, note au juge Bruguière de l’inspecteur général Marion, chef de la division nationale antiterroriste.
 
« Sans posséder d'informations précises et de témoignages, je suis cependant en mesure de dire que cet attentat ne peut être que l'oeuvre du FPR. » Le 26 octobre 1998, interrogatoire de Faustin Twagiramungu par le juge Bruguière
 
« C'est le FPR infiltré qui nous a tiré dessus » Catherine Mukamusoni, sœur d’Agathe Habyarimana, lettre de plainte le 5 juillet 1994.
 
« La conviction de Robert Debré rendant le Front patriotique rwandais responsable de l'attentat s'était forgée à la lecture des télégrammes du Quai d'Orsay, des notes de service français (surtout !) et des journaux de l'époque » (cote 65 du dossier Bruguière et lors de son audition devant la « Mission Quilès » le 2 juin 1998 (procès-verbal numéro 144/16))
 
« La responsabilité du FPR , sans être prouvée, est beaucoup plus vraisemblable (que celle des proches du président Habyarimana ». Note de l'ambassadeur de France au Rwanda Jean-Michel Marlaud, rédigée à Paris le 25 avril 1994
 
« L'hypothèse d'un attentat organisé par des extrémistes hutu de l'entourage du président Habyarimana qui auraient voulu donner un coup d'arrêt au processus de paix ne semble pas tenir à l'analyse ». Citation d’une « Fiche en possession du ministère de la Défense tendant à démontrer que le FPR avec la complicité de l'Ouganda est responsable de l'attentat ». Direction du Renseignement Militaire français, avril 1994 (document vraisemblablement rédigé par le colonel Bernard Cussac).
 
« Je récuse totalement que cet attentat ait pu être l'oeuvre des FAR ou de l'entourage du président ou des extrémistes hutus » Audition le 14 juin  2000 de Bernard Cussac, attaché de défense et chef de la mission militaire de coopération au Rwanda de juillet 1991 à avril 1994
 
« La procureur du TPIR ou tout autre organe désigné par le Conseil de sécurité de l'ONU, doit mener une enquête sur l'assassinat du président Habyarimana et sur la responsabilité du FPR, pour mettre fin aux spéculations inacceptables » Lettre des détenus du TPIR au secrétaire général des Nations unies au sujet de l'enquête sur l'assassinat du président Habyarimana.
 
« J’exclue toute éventualité d'un coup d'Etat de la part du mouvement hutu extrémiste » Résumé par commissaire principal Philippe Frizon, chef de la division nationale antiterroriste par intérim, de la déposition d'Aloys Ntabakuze le 7 juillet 2000.
 
« Le responsable sur le terrain des deux postes de tir de missile était ce soir-là le sous-lieutenant Joseph Kayumba, chargé de la section missiles au Front patriotique rwandais ». Déposition en prison d’Hassan Ngeze (directeur du journal extrémiste Kangura, condamné par le TPIR,  résumée par le commissaire principal Philippe Frizon, 7 juillet 2000.
 
« Le lendemain de l'attentat le 7 avril 1994, il avait eu entre midi et 14 heures, un message émanant du Front patriotique rwandais capté à Gisenyi par les Forces armées rwandaises dans lequel Paul Kagamé « félicitait les gens qui avaient réussi le coup de l'attentat contre l'avion présidentiel avec l'apport de leurs amis belges ». Théoneste Bagosora, directeur de cabinet du ministre de la Défense en 1994, déposition résumée par le commissaire principal Philippe Frizon, 7 juillet 2000.
 
« Le FPR avait mis en place une cellule autonome chargée d'abattre Habyarimana. (...) c'est tout ce que je suis en mesure de vous dire en affirmant la sincérité des informations que j'ai obtenues auprès de Messieurs Seth Sendashonga et Claude Dusaidi. Je cite volontairement mes sources aujourd'hui, car ils sont décédés tous deux ». 4 août 2000, déposition de Stephen Smith, responsable de l'Afrique au quotidien Libération.
 
« En tout cas, Kagamé et son entourage étaient très fiers de l'avoir descendu ». Paul Barril, interrogé par l’équipe Bruguière le 20 juin 2000

« (Mon) enquête, sur place, de même qu'une centaine de témoignages recueillis au Rwanda, dans plusieurs pays d'Afrique de l'Est et en Europe, fait ressortir, en l'absence de preuves matérielles, comme la plus plausible des différentes hypothèses, une monstrueuse présomption que le Front patriotique rwandais, le mouvement représentant les Tutsi minoritaires du Rwanda, ait pu commettre l'acte entraînant le génocide de ses partisans. » Stephen Smith, Libération, 29 juillet 1994.
 
« Les missiles utilisés pour l'attentat avaient été transportés à Kigali par Kagamé et l'opération en question était dirigée par le colonel Charles Kayonga, lequel était accompagné de Rosa Kabuye, laquelle était chargée de l'installation des membres du commando ». Christophe Hakizabera, interrogé sur commission rogatoire en Italie à la suite de son rapport « l'ONU dans l'étau des lobbies du FPR » Note envoyée par fax à la Direction nationale antiterroriste le 26 juin 2000
 
« Si l'on pense que l'attentat ait pu être l'oeuvre des extrémistes, il ne faut pas oublier que le chef de ceux-ci Elie Sagatwa se trouvait dans l'avion présidentiel » Déposition d’Alphonse Higaniro, ami du président Habyarimana devant le commissaire Payebien le 5 octobre 2000.
 
« Les sources ont toutes confirmé que le network, sous le commandement du général Paul Kagamé avait planifié et exécuté l'attentat à la roquette contre le président Habyarimana.». Dépositions de Michael Hourigan, ancien chargé d’enquête au TPIR.
 
« Ma conviction personnelle est que le FPR avait très bien préparé son coup. Une infiltration, même de jour, à partir du CND dans la plaine de Masaka était tout à fait réalisable par une équipe aguerrie. » Audition le 22 juin 2001 du colonel Jean-Jacques Maurin, adjoint à l'Attaché défense et adjoint opérationnel conseiller du chef d'état-major de l'armée rwandaise du 24 avril 1992 jusqu'au 14 avril 1994.
 
« J'avais été chargé de la sécurité extérieure d'une salle de réunion du quartier général de l'APR à Mulindi (...)., j'ai distinctement vu et entendu le colonel Nyamwasa Kayumba prononcer cette phrase : « Qu'il n'y avait pas d'autre façon de faire que de tirer sur son avion » faisant explicitement référence à l'avion du président Habyarimana. »  Évariste Mussoni, ex soldat du FPR, interrogatoire par Jean-Louis Bruguière le 29 août 2001.
 
« J'ai été amené à être le témoin de trois réunions au cours desquelles il a été envisagé puis arrêté la décision d'assassiner le président Juvénal Habyarimana ». Innocent Marana, dit avoir été le chauffeur personnel de Paul Kagamé interrogatoire par Jean-Louis Bruguière le 29 août 2001
 
« J'ai entendu Paul Kagamé dire à James Kabarebe d'expliquer aux officiers présents le plan retenu pour assassiner le président Habyarimana. James Kabarebe a détaillé qu'il avait déjà sélectionné des hommes de confiance de son unité pour commettre l'attentat. Je n'ai pas entendu clairement en détail ce qui a été dit mais j'ai saisi le mot "missile" ». Déposition d’Innocent Marara réentendu par le lieutenant de police Frédéric Piwowarczyk, le 3 septembre 2002.
 
« J'ai vu le colonel Nyamwasa Kayumba prendre la parole et dire "qu'il n'y a pas d'autre façon de faire que de tirer sur son avion". C'est la seule fois où j'ai entendu des propos ayant un lien avec l'attentat commis contre l'avion du président Habyarimana le 6 avril 1994. » Évariste Mussoni, ex soldat du FPR, réinterrogé le 4 septembre 2001 avec comme interprète Fabien Singaye.
 
« (Par le) capitaine Jimmy Mwesige, membre du DMI et ancien membre des services de renseignements ougandais (...), j'ai appris que le matériel ayant servi pour commettre l'attentat était venu du quartier général de Mulindi et que cet armement antiaérien qui servait à la défense du quartier général de Paul Kagamé provenait de l'Ouganda. (...) Il m'a été indiqué que les militaires du commando impliqué dans l'opération faisaient partie d'une unité qui avait été entraînée en Ouganda à l'utilisation du matériel anti aérien. » Audition  de Sixbert Musangamfura, ancien  responsable du service civil de renseignement du Rwanda,  par le juge Bruguière, le 14 juin 2002.
 
« Anatole Nsengiyumva faisait remarquer que les membres de la "Coalition pour la défense de la république CDR) ou "extrémistes hutus" était des civils et il ne voyait pas ceux-ci utilisant des missiles sol air. » Déposition de Gratien Kabiligi, chef du bureau G3  des Far en 1994, résumée par l’équipe Bruguière, cote 6479
 
« Ce Network Commando avait également pour mission (...) la reconnaissance de la zone de Masaka, Kanombe, située dans le secteur d'approche de l'aéroport de Kigali pour préparer un attentat contre l'avion présidentiel dans sa phase d'approche. (...) Nous avons rejoint chacun notre emplacement prévu. (...) Sur le terrain, l'avion du président Habyarimana a été identifié aux alentours de 20 h 30. Le premier missile a été tiré par Éric Hakizimana mais a manqué sa cible, l'avion étant toutefois déséquilibré. Franck Nziza a tiré le missile quatre ou cinq secondes plus tard et l'avion a été détruit ». « Lieutenant » Abdul Ruzibiza par Jean-Louis Bruguière 4 juillet 2003.
 
« En ce qui concerne la participation des FAR à un coup d'Etat contre le président Habyarimana, je l'exclus totalement. (...) J'ai constaté que le colonel Bagosora était perdu, voire isolé et il se demandait ce qu'il fallait faire » Lieutenant-colonel Marcel Bivugabagabo interrogé par Jean-Louis Bruguière, cote 6667.
 
« Le projet qui m'a été présenté consistait à trouver un site de tir pour abattre l'avion présidentiel avec des missiles. Je précise que j'étais sous-officier et plus exactement sergent et chef d'un groupe de six hommes. Abdul Ruzibiza nous a donné des instructions pour nous répartir en protection sur le site de tir à Masaka.  (...) Je n'ai pas vu qui étaient les tireurs et c’est plus tard que j'ai appris qu'il s'agissait du sous-lieutenant Franck Nziza et du caporal Éric Hakizimana. » Audition par Jean-Louis Bruguière de Emmanuel Ruzigana, ex militaire du FDPR, le 29 mars 2004.
 
« Lizinde a lu le rapport à Kagamé. Après la lecture du rapport, Kagamé a dit à l'adresse des personnes présentes qu'il fallait monter l'opération le jour où arriverait l'avion du président, ajoutant que si on ne passait pas à l'action, la guerre ne s'arrêterait jamais. » Déposition d’Aloys Ruyenzi, ancien militaire du FPR, avec M. Fabien Singaye comme interprète en langue kinyarwanda, en présence de Jean-Louis Bruguière, le 25 mai 2004.
 
Sélection de citations par Jean-François DUPAQUIER

20:57 Publié dans Afrique | Lien permanent | Commentaires (1)

Commentaires

La chose que j'adore concernant tes billet, c'est le fait qu'ils sont clairs, concis et instructifs. Génial !
Il serait bien que tu me contactes en envoyant un mail pour d'autres informations !
J'espère vivement bientôt relire des informations semblables à celle ci .

Écrit par : Poele-et-bois.com | 10 février 2012

Les commentaires sont fermés.