21 août 2011
RDC : Mobutu de retour pour la présidentielle
La candidature de Nzanga Mobutu à l'élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC) signe le retour d'un poids lourd de la politique congolaise. Fils de l'ancien président Mobutu Sese Seso et leader de l'UDEMO, Nzanga Mobutu avait réalisé 4,8% des voix à la présidentielle de 2006 et obtenu une dizaine de député.Après plusieurs mois de silence radio suite à sa révocation en tant que vice-Premier ministre chargé de l'Emploi, Nzanga Mobutu fait un come-back surprise sur l'échiquier congolais. En pleine campagne présidentielle, le fils de l'ancien président Mobutu Sese Seko, a été désigné candidat à la présidentielle du 28 novembre 2011, à l'issue de la convention de son parti, l'Union des démocrates mobutistes (UDEMO).
Nzanga Mobutu avait disparu pendant plusieurs mois de la scène politique congolaise. On le disait à l'étranger, en Italie. Son absence prolongée avait mené à sa révocation en mars 2011 par Joseph Kabila de son poste de vice-Premier ministre chargé de l'Emploi, du travail et de la prévoyance sociale. Depuis, l'UDEMO, son parti, a donc été contraint de quitter la coalition présidentielle formée avec l'AMP (Alliance pour la majorité présidentielle) et le Parti lumumbiste unifié (PALU) d'Antoine Gizenga. Soutien de Joseph Kabila en 2006, Nzanga Mobutu, a toujours été un fidèle allié du président congolais jusqu'à son "escapade" à l'étranger.
Candidat malheureux à l'élection présidentielle en 2006, Nzanga Mobutu avait tout de même obtenu 4,8% des voix au premier tour et une dizaine de députés aux législatives. Avec un tel parcours, Nzanga Mobutu aurait pu se mettre au service d'un candidat d'opposition. Mais pour son retour politique, Nzanga Mobutu, souhaite s'afficher en candidat "libre", et indique que son parti n'a pas signé d'alliances pré-électorales. Cette candidature inattendue de Nzanga Mobutu fait donc pour l'instant l'affaire de Joseph Kabila qui espère le maximum de candidatures "d'opposition" dans une élection présidentielle à un seul tour.
Christophe Rigaud
22:11 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (12)
RDC : Le PPRD prépare la candidature de Joseph Kabila
Le PPRD vient sans surprise d'accorder toute sa confiance au président sortant Joseph Kabila pour se représenter à la prochaine élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC). Maître du calendrier électoral, le parti présidentiel congolais espère gagner cette élection taillée sur mesure pour Joseph Kabila.
Le Parti du peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD) du président congolais Joseph Kabila tenait son 2ème Congrès ce week-end à Kinshasa. L'objectif était la préparation des élections et la planification des stratégies pour remporter la présidentielle et les législatives du 28 novembre 2011. Le secrétaire général du PPRD, Evariste Boshab, a exprimé la détermination de son parti à gagner les élections : "le PPRD est prêt depuis 2006 à affronter les élections de 2011".
Au cours de ce congrès, le PPRD a renouvelé son soutien à la candidature de Joseph Kabila pour la prochaine élection présidentielle. Le patron du PPRD et Président de l'actuelle Assemblée nationale congolaise, Evariste Boshab, en a profité pour donner les trois piliers de la campagne que mènera le parti présidentiel : "la paix, l’unité, la promotion des valeurs et la reconstruction". En coulisse le parti présidentiel prépare déjà activement la campagne de Joseph Kabila : l'omniprésent Augustin Katumba, Moïse Katumbi, de retour dans la sphère présidentielle, Henry Mova, Emile Bongelli pour la communication, Toussaint Tshilombo, Marie-Ange Lukiana ou encore Francis Kalombo sont déjà au travail.
Face à l'agitation de l'opposition congolaise qui s'avance, pour l'instant, dans la division, le parti présidentiel apparaît plus serein que jamais à 3 mois du scrutin. Le PPRD a su garder, bon gré mal gré, un semblant de cohésion autour de la Majorité Présidentielle (MP) et de ses partis satellites. Mais surtout, le parti de Joseph Kabila compte sur la dernière révision constitutionnelle du début de l'année pour faire réélire facilement le président sortant. Avec un scrutin présidentiel à un seul tour et non à deux tours, les élections de 2011 ressemblent à un boulevard pour la réélection du président Kabila.
Mais attention, la campagne n'est pas encore vraiment lancée. Deux candidats d'opposition ont pris de l'avance et cristallisent le fort besoin de changement de la population congolaise dont les conditions de vie ne se sont pas améliorées sous la présidence Kabila : Vital Kamerhe, mais surtout Etienne Tshisekedi qui bénéficie depuis plusieurs mois d'un vrai soutien populaire. Car c'est bien sur le bilan mitigé du président sortant que souhaitent surfer l'opposition congolaise. Mais une seule condition sera nécessaire pour battre Joseph Kabila : s'unir afin de présenter le minimum de candidat au premier et seul tour de l'élection présidentielle.
Christophe Rigaud
22:10 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (1)
19 août 2011
RDC : La DTP France se lance dans la bataille présidentielle
A l'approche des prochaines élections présidentielle et législatives en République démocratique du Congo (RCD) fixées en novembre 2011, les différents partis politiques sollicitent le soutien de leur diaspora. A l'image de la Dynamique Tshisekedi Président (DTP) France qui s'est créée à la mi-juillet à Bordeaux. Objectifs : mobiliser les Congolais de l'étranger, faire le lien avec les autorités françaises et surtout, faire élire le candidat de l'UDPS, Etienne Tshisekedi, à la présidence de la République. AFRIKARABIA a rencontré Jean-Michel Mampuya, membre de la DTP France.- AFRIKARABIA : Pourquoi avoir créé une Dynamique Tshisekedi Président (DTP) pour la France ?
- Jean-Michel MAMPUYA : La diaspora étant privée du droit de vote, il nous fallait trouver le moyen de peser et d'influencer les prochains scrutins en République démocratique du Congo (RDC), par patriotisme. Bien que la Dynamique Tshisekedi Président (DTP) soit à l'initiative de partis politiques et d'organisations socio-politiques, ce mouvement que nous lançons en France est à l'initiative de congolais et congolaises qui sont, pour certains, membres de partis politiques et pour d'autres non.
Ce qui nous réunit c'est avant toute chose l'amour du notre pays et la nécessité d'apporter une alternative politique et un leadership confirmé qui permettront enfin à la RDC de démarrer une spirale positive de développement et de cesser de s'enfoncer dans les bas fonds de tous les classements mondiaux.
- AFRIKARABIA : Qu'attendez-vous du rôle de la diaspora dans ces élections ?
- Jean-Michel MAMPUYA : Notre rôle consistera à faire du lobbying auprès des administrations occidentales dans l'esprit de ce que font déjà les partis à Kinshasa.
Nous essayerons ensuite de sensibiliser la diaspora, celle qui ne suit pas de manière assidue la politique congolaise, à prendre conscience des enjeux géopolitiques si on laisse la clique actuelle gouverner plus longtemps.
Nous nous organiserons pour téléphoner, envoyer des sms aux nôtres qui sont au pays et leur donner toutes les raisons objectives qui nous conduisent à soutenir "Ya Tshitshi".
- AFRIKARABIA : Pourquoi avoir choisi Etienne Tshisekedi ?
- Jean-Michel MAMPUYA : Faut-il continuer avec ce système de gouvernance actuel et l'incarnation de ce système ? Pour moi, la réponse est non. De ce constat, l'interrogation qui découle est de savoir qui peut le mieux incarner une alternative crédible, avec un leadership confirmé pour battre le président sortant ? L'évidence nous conduit à dire "Ya Tshitshi" (surnom d'Etienne Tshisekedi, ndlr). Nous avons donc convenu de nous inscrire dans cette dynamique. La DTP souhaite conduire par tous les moyens, Etienne Tshisekedi au pouvoir et contribuer, dans cet élan à la victoire de ses alliés aux élections législatives (fixées le 28 novembre prochaine, le même jour que l'élection présidentielle, ndlr).
- AFRIKARABIA : Pourquoi ne pas porter votre choix sur un autre candidat de l'opposition, comme Vital Kamhere ?
- Jean-Michel MAMPUYA : EtienneTshisekedi on le connait depuis longtemps. On connait son combat pour la démocratie en vue de l'établissement d'un Etat de droit. On sait ce qu'il dit. Par contre, celui dont vous parler (Vital Kamerhe, ndlr) a été le directeur de campagne du président sortant, Joseph Kabila en 2006. S'il fallait faire un bilan aujourd'hui, je retiendrais les combats d'Etienne Tshisekedi pour notre pays, mais je retiendrais aussi le nom de la personne qui a aidé le président sortant à être où il est. Vital Kamerhe a fait le régime de monsieur Kabila. Il a dirigé ce régime jusqu'à ce qu'il soit contraint par son autorité morale à quitter son poste. Et il vient ensuite, tout frais moulu, nous dire qu'il s'oppose à Joseph Kabila ! Il s'oppose à quoi ? il ne l'a jamais décrit. Il serait intéressant que Vital Kamerhe écrive un tome 2 (de son projet pour la RDC, ndlr) avant d'avoir des visions, avec comme titre: "Pourquoi j'ai quitté Kabila".
- AFRIKARABIA : La campagne n'a pas encore commencé, mais pour le moment on cherche toujours le programme d'Etienne Tshisekedi pour le pays ?
- Jean-Michel MAMPUYA : Contrairement à ce qui peut être dire, Etienne Tshisekedi explique depuis très longtemps les raisons de son combat politique. Il veut gagner cette élection pour permettre l'établissement d'un Etat de droit. C'est ça le programme d'Etienne Tshisekedi. Peut être que nous devrions expliquer plus en détail en quoi un Etat de droit constitue un programme. L'Etat de droit constituera le fondement de toutes actions publiques qui suivront. L'Etat de droit s'établira par des textes responsables, qui garantiront la responsabilité de tous les mandataires publics. Il ne s'agira pas de violer systématiquement la constitution selon la météo politique. L'Etat de Droit donnera toutes les garanties de transparence, de responsabilité, de contrôle et par conséquent d'une gouvernance optimale des ressources publiques.
Compte tenu de l'état des infrastructures du pays, du système de santé et du système éducatif, il est évident qu'il faudra investir dans ces différents domaines. Mais ces investissements ne seront bénéfiques que s'il y a un Etat qui fonctionne et que la bonne gouvernance est assurée. Pour Tshisekedi, l'Etat de droit est le fondement de tout développement. Sans cela, les projets d'infrastructures seront l'occasion d'enrichissement illicite, de corruption, comme c'est le cas aujourd'hui.
Comment expliquer qu'un pays avec un taux de bancarisation de moins de 15% de la population puisse avoir plus de 20 banques ?
- AFRIKARABIA : Dans cette campagne, le président sortant, Joseph Kabila mettra en avant ses réalisations et notamment ses "5 chantiers". Qu'en pensez-vous ?
- Jean-Michel MAMPUYA : En soit, ce n'est pas mauvais de vouloir les faire. Mais comme le pouvoir actuel gouverne dans la parfaite opacité, en dehors de tout contrôle, on ne sait pas ce que nous coûte les quelques travaux entrepris. On n'a aucune visibilité de ce qui veut être fait. Par conséquent, une bonne partie des acteurs gouvernementaux s'enrichissent illicitement et en toute impunité.
Je note aussi que réfectionner quelques routes ou quelques ponts font partie d'un travail normal et non exceptionnel d'un gouvernement. Chez nous en RDC, on profite de chaque occasion pour faire de la propagande au lieu de travailler sur l'essentiel. On a même vu un Ministre convoquer la presse pour inaugurer un WC dans son ministère ! (il s'agit de Dieudonné Upira, Ministre de la Fonction publique, ndlr). Tout est prétexte à propagande, tellement les gouvernants ont paupérisé et infantilisé la masse.
Par ailleurs ces chantiers (que les kinois appellent "sentiers") ne s'inscrivent dans aucune politique publique. C'est une notion qui leur est complètement étrangère. On construit quelques routes, mais pour quelle politique d'urbanisme ? On rénove 2 ou 3 instituts supérieurs, mais quel contenu éducatif ou programme national ? Idem en matière de santé, quelle politique sanitaire ou système de santé met-on en place ?
- AFRIKARABIA : Depuis plusieurs mois, l'UDPS d'Etienne Tshisekedi et la DTP tirent la sonnette d'alarme sur les nombreuses irrégularités dans l'enregistrement des électeurs par la Commission électorale (CENI). Des ONG ont relevé des électeurs "fantômes", des électeurs mineurs, des électeurs possédant plusieurs cartes ou dernièrement, des électeurs qui ont disparu du fichier… Que penser des nombreux ratés de la CENI ?
- Jean-Michel MAMPUYA : Pour moi, il y a échec sur toute la ligne. Au départ, toute la classe politique accordait du crédit à la CENI. Les démarches et les propos de Président de la CENI (Daniel Ngoy Mulunda, ndlr) semblaient aller dans un sens de franche collaboration et de transparence. Et ce crédit accordé, l'était en toute bonne foi, bien que l'on sache qu'il est proche du président sortant et de son parti (le PPRD, ndlr). Même si certains "doutaient" de son honnêteté et de son impartialité, je ne pense pas qu'ils avaient imaginé un fiasco de cet ordre. La CENI a fait très fort ! Je pense que les personnalités et organisations qui s'étaient empressées de féliciter la CENI doivent s'en mordre les doigts. Nous dénonçons depuis plusieurs semaines la manière dont est menée le processus d'enrôlement (enregistrement des électeurs, ndlr), dans la forme et dans le fond.
A cause de la négligence et du mépris de la CENI vis-à-vis des diverses organisations politiques, Daniel Ngoy Mulunda et son bureau porte toute la responsabilité d'éventuelles conséquences négatives.
Pour nous, il y a urgence face à cette énième bourde ! (la perte de certains électeurs dans le fichier électoral, ndlr). Soit on retrouve les électeurs "disparus" ou que l'on a fait disparaitre, soit on cible les territoires des "disparus" et on recommence l'opération. Dans les deux cas de figure, il ne devrait plus être question de laisser la CENI s'entêter en solitaire. Nous nous appliquons à sensibiliser nos partenaires étrangers qui co-financent le processus électoral sur la nécessité d'une réelle collaboration entre la CENI et les différents partis politiques. Ce sont tout de même près de 70 partis qui réclament à cor et à cri une implication dans le contrôle.
Propos recueillis par Christophe Rigaud
21:57 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (7)