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13 août 2011

RDC : L'insécurité menace le processus électoral

En novembre prochain, la République Démocratique du Congo (RDC) élira son prochain président de la République. Mais depuis près de quinze ans, la RDC vit dans un état de guerre quasi permanent. Une dizaine de groupes rebelles sème la terreur dans l'Est du pays et 1,7 million de Congolais sont encore réfugiés. Cette insécurité hypothèque fortement les chances de réussite des prochaines élections au risque de replonger le Congo-Kinshasa dans une guerre ouverte.

IMG_3592.jpgSauf nouveaux reports dans l'organisation des élections présidentielles et législatives, la République démocratique du Congo se rendra aux urnes le 28 novembre 2011. Mais l'ambiance n'est pas sereine à Kinshasa. À trois mois du scrutin, de nombreuses ONG dénoncent les retards et le manque de transparence des élections. Entre un fichier électoral incomplet, l'inscription retardée des électeurs sur les listes, le manque de financement et les doutes qui planent sur l'impartialité de la Commission électorale (CENI), les raisons ne manquent de douter de l'équité du scrutin. Les partis d'opposition au président sortant Joseph Kabila fustigent quant à eux, l'ambiance délétère et ultra-sécuritaire que Kinshasa fait peser sur la vie publique congolaise. De l'assassinat du défenseur des droits de l'homme, Floribert Chebeya, aux nombreuses pressions sur les journalistes et les militants d'opposition, le pouvoir en semble vouloir tout mettre en place pour assurer la réélection programmée du président Kabila. L'Assemblée a même voté une révision constitutionnelle qui réduit la prochaine élection présidentielle à un seul tour de scrutin.

Une guerre sans fin

Mais le principal défi à relever pour la bonne tenue des prochaines élections est avant tout sécuritaire… et humanitaire. Plusieurs conflits secouent la RDC depuis plus d'une quinzaine d'années. À L'Est tout d'abord, au Nord et Sud Kivu, où l'armée régulière, aidée par les Casques bleus de la MONUSCO se battent contre la rébellion hutu des FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda) et plusieurs autres groupes rebelles. Problème : l'ONU et l'armée congolaise n'arrivent pas à juguler le conflit… pire, l'armée régulière est accusée d'exactions sur sa population civile. Massacres, viols de masse et pillages à répétition rythment la vie des Congolais de l'Est de la RDC depuis la fin du génocide rwandais de 1994. Bilan : 400.000 femmes violées en 1 année (plus de 1.000 par jour !) et 1 million de réfugiés jetés sur les routes dans les deux provinces du Kivu.

Un deuxième conflit oppose ensuite les tribus Hema et Lendu en Ituri, depuis 1999. Bilan : 130.000 réfugiés. Un troisième conflit agite encore le Bas et le Haut Uélé, en proie aux exactions de la Lord Resistance Army (LRA) de Joseph Kony. Cette rébellion ougandaise ultra-violente a lancé 214 attaques en 2010 contre les populations civiles. 107 enfants soldats ont été enrôlés dans cette milice ougandaise. Bilan : 300.000 réfugiés au Nord de la RDC.

Dernière province secouée par un conflit : l'Équateur, à l'Ouest du pays. Dans cette région, la rébellion Enyele se bat contre le pouvoir central de Kinshasa depuis 2009. Bilan 122.000 réfugiés au Congo-Brazzaville voisin. Enfin, la longue frontière avec l'Angola est le théâtre d'importantes expulsions. 70.000 réfugiés Congolais d'Angola sont rentrés entre Janvier 2010 et Janvier 2011 en RDC. De nombreuses violences (viols, tortures…) sont à déplorer sur la frontière angolaise.

Depuis 1994, les guerres à répétition ont fait des millions de morts en RDC. Combien ? Personne ne le sait vraiment. 1, 2, 3… certains disent 4 millions de victimes. Et tout cela, dans l'indifférence générale.

Des élections sous pression

Comment donc organiser des élections sereines et transparentes en novembre prochain en RDC ? Comment appeler les Congolais aux urnes avec 1,7 million de réfugiés aux quatre coins d'un pays grand comme 5 fois la France ? Comment garantir l'accès à un bureau de vote à tous les électeurs en toute sécurité ? Voici l'enjeu majeur des prochaines élections congolaises.

L'année 2011, année électorale en RD Congo, sera donc l'année de tous les dangers dans la région. Sans sécurisation par une force internationale fortement déployée sur le terrain, il est fort à parier que le scrutin sera vivement contesté, laissant la voie libre à de violents affrontements, notamment dans la capitale Kinshasa. Il s'agit donc pour la communauté internationale et pour l'Union européenne de prendre leur responsabilité et de venir en aide à la RDC pour organiser, sécurité et certifier des élections justes et équitables. Sans quoi, le spectre d'un scénario à l'ivoirienne risque de plonger le pays dans de nouveaux conflits.

Christophe Rigaud

09 août 2011

RDC : Gaspard-Hubert Lonsi Koko à Kinshasa le 17 août prochain

Le porte-parole du Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo (RDPC), Gaspard-Hubert Lonsi Koko se rendra à Kinshasa le 17 août 2011. Candidat à l'élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC), Gaspard-Hubert Lonsi Koko doit y rencontrer les principaux partis d'opposition.

photo.JPGAprès s'être fait enregistré sur les listes électorales l'année dernière, Gaspard-Hubert Lonsi Koko compte bien déposer sa candidature à la prochaine élection présidentielle en RDC fixée le 28 novembre 2011. C'est la raison de son retour à Kinshasa le 17 août prochain. Classé dans le camp des opposants au président sortant Joseph Kabila, Gaspard-Hubert Lonsi Koko est favorable à une candidature unique de l'opposition. Il compte donc rencontrer les différents leaders des partis d'opposition afin de trouver une plateforme d'accord avec le programme électoral du RDPC. En cas d'échec, Gaspard-Hubert Lonsi Koko semble bien décider à aller jusqu'au bout de sa démarche et donc à se présenter à la magistrature suprême. Mais pour l'heure, les différents retards dans le processus électoral ne permettent pas de déposer les candidatures.

Christophe Rigaud

Photo : Gaspard-Hubert Lonsi Koko à Paris © Ch. Rigaud www.afrikarabia.com

Un nouvel ambassadeur des Etats-Unis au Rwanda

Le nouvel ambassadeur des Etats-Unis au Rwanda,  Donald W. (“Don”) Koran, qui a été choisi par Obama en avril dernier, devrait prochainement rejoindre son poste après sa confirmation par le Sénat. Depuis 1984, Don Koran a fait carrière au Senior Foreign Service et fut récemment Directeur de l’Office d’Analyse de l’Afrique (Office of Africa Analysis) au Bureau du Renseignement et de la Recherche du Département d’Etat américain.  Cet homme qui ne fait pas partie du “sérail diplomatique” a été notamment chef de mission au Niger puis au Rwanda.

Capture d’écran 2011-08-09 à 22.19.47.pngA Kigali, il va succéder à un diplomate de carrière, W. Stuart Symington qui avait été choisi par le Président George W. Bush et confirmé par le Sénat américain le 1er août 2008. Les Etats-Unis entretiennent à Kigali une vaste et impressionnante ambassade, construite à l’emplacement d’un ancien camp militaire. Elle regroupe également les ONG américaines. Bénéficiant de l'exceptionnel dispositif sécuritaire du régime de Kigali, les Etats-Unis y ont localisé l'essentiel de leurs services de Renseignement sur l’Afrique des Grands Lacs et l’Afrique de l’Est.

20:21 Publié dans Afrique | Lien permanent | Commentaires (3)

08 août 2011

RDC : L'opposition sur la voie d'un accord électoral

Les grandes manoeuvres politiques ont bel et bien commencé en République démocratique du Congo (RDC) à l'approche des élections présidentielle et législatives fixées le 28 novembre 2011. Les partis d'opposition seraient sur le point de se mettre d'accord pour attribuer la Présidence à Etienne Tshisekedi (UDPS), le poste de Premier ministre à Vital Kamerhe (UNC), l'Assemblée nationale à Thomas Luhaka (MLC) et le Sénat à Kengo wa Dondo (UFC).

Logo Elections 2011.jpgDepuis la révision constitutionnelle établissant l'élection présidentielle à un seul tour, l'opposition congolaise sait qu'elle doit présenter un candidat unique pour avoir une chance de battre le président sortant Joseph Kabila en novembre prochain. A un peu plus de trois mois du scrutin, les états-majors des principaux candidats semblent résolus à se rapprocher.

Les quatre "K"

Deux stratégies s'opposent. Les challengers comme Kamerhe, Kengo, Kashala ou Kanku prônent la désignation du candidat unique après la rédaction d'un programme commun de l'opposition. Une tactique qui pourrait s'avérer efficace pour ces candidats dont aucun ne peut revendiquer naturellement la tête de l'opposition. Car les quatre "K" ont un adversaire de taille dans leur propre camp : le leader de l'UDPS, Etienne Tshisekedi. Un "poids lourd" politique et un "historique" qui se réclame justement "candidat naturel" de l'opposition. La stratégie de Tshisekedi consiste pour l'instant à ignorer ses concurrents (et il sait très bien le faire !), estimant qu'ils se rallieront le moment derrière lui. Pour l'heure, la stratégie Tshisekedi s'avère payante. Il impose son rythme à la campagne et enchaîne meetings et tournées en province avec succès. Un leadership naturel qui permet au patron de l'UDPS de laisser venir à lui ses concurrents.

En coulisse, les lieutenants des différents candidats discutent depuis plusieurs mois du partage des responsabilités et de l'élaboration d'un programme de gouvernement commun. Rien n'est encore acté, mais un accord politique fait déjà son chemin dans les esprits. La Présidence serait réservée à Etienne Tshisekedi (UDPS), le poste de Premier ministre à Vital Kamerhe (UNC), l'Assemblée nationale à Thomas Luhaka (MLC) et le Sénat à Kengo wa Dondo (UFC).  Une répartition des pouvoirs un peu trop "idéale" pour ne pas dire "idéaliste". Car pour Tshisekedi, il y a "opposition et opposition" et le moment venu, il faudra bien trouver un terrain d'entente entre toutes ces personnalités dont "l'anti-Kabilisme" constitue le seul et unique programme.

Christophe Rigaud