20 décembre 2010
RDC : L'ambassadeur Zimeray met les pieds dans le plat
Les déclarations de l'ambassadeur français pour les droits de l'Homme, François Zimeray, sur le "naufrage" de la situation des droits de l'Homme en République démocratique du Congo (RDC) n'ont pas été du goût des autorités de Kinshasa. Le diplomate a dressé un portrait sans complaisance du pays et en a profité pour mettre la pression sur "le cas John Numbi" dans l'affaire Chebeya. Une ingérence inacceptable pour le journal congolais l'Avenir qui affirme "qu'aucun pays africain n’est prêt à voir la France se substituer à son gouvernement".
Arrivé à Kinshasa avec d'autres personnalités comme la Sous-secrétaire d’ Etat américaine, Hillary Clinton et le Secrétaire général de l’Onu en charge des droits de l’homme, l'ambassadeur Zimeray a effectué, selon ses propres propos, "un voyage bouleversant". "Il y a eu des moments extrêmement forts qui me donnent le sentiment d'une situation de naufrage s'agissant des droits de l'Homme" en RDC, a estimé l'ambassadeur.
A Goma, il a été touché par le cas des défenseurs de droits humains "menacés et vivant de façon extrêmement dure et douloureuse la présence" dans la ville du général de l'armée congolaise Bosco Ntaganda, "c'est à dire la présence notoire d'un homme poursuivi par la CPI alors que l'on a que le mot de lutte contre l'impunité à la bouche ici". Le sort des femmes victimes de violences sexuelles a également beaucoup ému l'ambassadeur français.
Puis l'ambassadeur français pour les droits de l'Homme a rencontré la femme de Fidèle Bazana, le chauffeur du militant des droits de l'Homme assassiné en juin dernier, Floribert Chebeya. François Zimeray s'est dit "extrêmement attentifs au déroulement" du procès des policiers assassins présumés de M. Chebeya qui se tient actuellement. Et d'ajouter : "c'est trop tôt pour parler d'un déni de justice. On ne peut pas faire croire à la lutte contre l'impunité tant que le général John Numbi ne sera pas devant ses juges". Le chef de la police congolaise, a en effet été suspendu dans le cadre de l'affaire Chebeya qui n'est pas jugé. Selon les militants de droits de l'homme à Kinshasa, John Numbi est qualifié de "suspect numéro un" dans l'affaire, Floribert Chebeya avait rendez-vous avec lui au moment de sa disparition.
Des propos jugés agaçants par le journal l'Avenir qui se demande "quel était le but du voyage de l’Ambassadeur français pour les droits de l’homme en Rdc ?". Pour l'Avenir, "la situation des droits de l’homme en RDC est très connue" et les Congolais attendent de la communauté internationale, n'ont pas un ènieme constat, mais des solutions. Et de conclure : "aucun pays africain n’est prêt à voir la France se substituer à son gouvernement ". Quand à la déclaration sur John Numbi : "une déclaration destinée à faire plaisir à certaines ONG", selon l’Avenir "et qui n’honore ni son auteur ni la mission effectuée en RDC".
Christophe Rigaud
17:34 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.