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05 décembre 2010

Rapport de l'ONU : Le Rwanda contre-attaque

Le mapping report de l'ONU qui évoque la "possibilité d'un génocide" en République démocratique du Congo (RDC), entre 1993 et 2003, continue de susciter la controverse.  L'ONU y présente les exactions commises contre les populations civiles et les réfugiés en RDC (ex-Zaïre). Au banc des accusés  : l'Ouganda, le Burundi, l'Angola… mais surtout le Rwanda pour qui le terme de "génocide" ne passe pas. Jeudi 9 et vendredi 10 décembre 2010, Kigali organise une conférence internationale sur la convention de l'ONU de 1948 définissant le crime de génocide. Une occasion de revenir sur le fameux mapping report des  crimes commis durant les guerres du Congo.

carte RDC Afrikarabia vierge.jpgLe fameux rapport de l’ONU du Haut-Commissariat aux droits de l’homme dresse un bilan accablant de dix ans de crimes en République Démocratique du Congo (RDC), de 1993 à 2003. Le Congo (Zaïre à l'époque) a été déchiré au cours de cette période par deux guerres, de 1996-1997 puis de 1998 à 2003. Les violences qui déchirent encore aujourd’hui le Nord-Kivu, découlent de ces précédents conflits. Le rapport d’environ 600 pages, dévoilé par Le Monde, révèle notamment qu’au cours de la première guerre en RDC, de 1996 à 1998, certains faits commis par les soldats rwandais pourraient être qualifiés de génocide. Ces actes de guerre sont pourtant directement liés au génocide de 1994, survenu au Rwanda voisin. Cette année-là, une guerre civile a opposé les ethnies Hutu et Tutsi, conduisant au génocide d’environ 800.000 Tutsi. Suite à la prise de pouvoir à Kigali du Front patriotique rwandais (FPR) à majorité tutsie, plus d’un million de Hutus du Rwanda s’étaient réfugiés sur le territoire de la République Démocratique du Congo, ( Zaïre à l'époque). Pour Kigali, l’APR (bras armé du FPR dirigé par Paul Kagame) aurait commis ces exactions en RDC, alors qu’elle poursuivait  les génocidaires hutus ayant quitté le Rwanda.

Si d'important massacres ont bien eu lieu à l'Est de la République démocratique du Congo (personne ne le nie), les «révélations» du rapport de l'ONU n’ont pas manqué d’apporter de l’eau au moulin des tenants de la thèse négationniste du «double génocide», qui, pour amoindrir les crimes des génocidaires rwandais jugés à Arusha ou laver les accusations de complicité qui pèsent sur les autorités politiques et militaires françaises, tentent de relativiser le génocide commis à l’encontre des Tutsi par une rhétorique des tords partagés ou de crimes réciproques équivalents. Or, si des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité ont indéniablement été commis par l’armée du FPR et demeurent impunis, l’utilisation du terme "génocide" pour les qualifier pose problème.

Dans ce contexte s'ouvrira le 9 décembre 2010 à Kigali, une conférence organisée par la Commission Nationale rwandaise de Lutte contre le Génocide. La conférence sera présidée par Jean-de-Dieu Mucyo, ancien ministre de la Justice, et Aldo Ayello, ancien envoyé spécial des Nations Unies pour ramener la paix au Mozambique (1992-1994) puis par l’Union européenne comme facilitateur de paix dans la région des Grands Lacs (1996-2007).

Ces derniers mois, Aldo Ayello avait contesté dans plusieurs interventions remarquées, le contenu du projet de rapport du Haut-commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme, révélé fin août 2010 par le journal Le Monde, et qui estime que des faits de "génocide" auraient pu être commis en République démocratique du Congo (RDC) entre 1996 et 1998 par des militaires rwandais ou soutenus par le Rwanda. Pour Aldo Ayello, « l’application inappropriée du concept de génocide discrédite le mapping report. »

Parmi les autres invités de la conférence de Kigali, on notera la présence du professeur Michael Scharf enseignant en Droit et directeur du Centre de droit Frederick K. Cox International aux Etats-Unis. Il a participé à la formation des juges et procureurs irakiens du Tribunal Spécial pour l’Irak. L’ONG qu’il a fondée a été nominée pour le Prix Nobel de la Paix pour sa contribution à la recherche de criminels  de guerre majeurs comme Slobodan Milosevic, Charles Taylor et Saddam Hussein.

Autres invités, le juriste français Roland Junod, spécialiste du concept de génocide et le docteur Jean Damascène Bizimana, écrivain et analyste politique (il a notamment publié “L'Eglise et le génocide au Rwanda ; les pères blancs et le négationnisme”) qui présentera une analyse du mapping report tout comme le Brigadier Général Richard Rutatina

De son côté, le Brigadier Général Jérôme Ngendahimana évoquera le contexte de la crise des réfugiés au Zaïre et le contrôle des camps par les ex-FAR en 1994. Enfin, Louise Mushikiwabo, ministre des Affaires étrangères du Rwanda, interviendra pour donner le point de vue de son gouvernement sur le pré rapport de l’ONU.

Christophe Rigaud

Commentaires

AFRIKARABIA a écrit: "Cette année-là, une guerre civile a opposé les ethnies Hutu et Tutsi, conduisant au génocide d’environ 800.000 Tutsi".

La thèse de la guerre civile entre Hutu et Tutsi est non seulement fausse dans les faits, mais elle rend incompréhensible la qualification de génocide reconnue par la communauté humaine à propos de ce qui s’est passé au Rwanda en 1994. Un génocide n'est pas une guerre. C’est un massacre d’hommes, de femmes et d’enfants totalement désarmés face à la prédation de tueurs mandatés par un gouvernement ou un état. Oui, le génocide est toujours un crime d'état. Perpétré - il est vrai - dans un contexte de guerre ou à l'ombre de celle-ci. Au Rwanda sur le terrain, la guerre et le génocide s’excluaient en fait l’un l’autre. Le génocide ne se poursuivait que là où les troupes du FPR n’étaient pas encore arrivées à battre les milices et l’armée gouvernementale qui avaient commencé début avril à tuer sur l’ensemble du pays, hommes, femmes et enfants tutsi sans distinciton d’âge. Et c’est par la défaite de cette armée et de ces milices que le FPR est parvenu à arrêter le génocide début juillet au bout de trois mois d’orgie meurtrière, alors que les 2 500 soldats de l’ONU stationnés au Rwanda s’en étaient retirés dès les premiers coups de machette.

Plus précisément en 1994, il y a eu génocide contre les citoyens d'ethnie tutsi uniquement visés pour ce qu'ils étaient (d'où qualification de génocide), mais les opposants politiques hutu contre le régime Habyarimana n'ont pas été épargnés. Ils ne voulaient pas s'associer au projet de génocide contre leurs compatriotes tutsi. Qualifiés d'"ibyitso", c'est-à-dire de "complices" des Tutsi, ils ont été massacrés par dizaines de milliers. A la lumière de ces faits, la théorie de la guerre civile entre Tutsi et Hutu peut difficilement tenir la route. Des commentateurs peu familiers des réalités rwandaises parlent pourtant de guerre hutu-tutsi, moins par mauvaise foi que par souci de simplification ou par difficulté à saisir l'importance de ces détails.

Le mythe de la guerre ethnique ou tout le monde se serait entretué est l'argument préféré des auteurs du génocide confrontés à la justice ou en cavale, soucieux de couvrir leur responsabilité individuelle derrière l'ensemble de l’ethnie hutu dont ils se réclament. Par ricochet, ils espèrent que l’ethnie elle-même soit ainsi légitimée en tant qu'entité “démocratique”, sorte de parti politique biologique dont l’apparentement au nazisme n’est pas due au hasard. Mêmes causes, mêmes effets. Que cette légitimation des manipulations ethniques doive passer par la fausse consécration d'une sorte de pacte criminel collectif liant prétendument toute l'ethnie hutu, importe peu aux théoriciens du génocide bien entendu.

Parallèlement à cette imposture, on observe que seuls les génocidaires et leurs partisans prétendent que tous les Hutu sont considérés comme des génocidaires au Rwanda. Ils espèrent là aussi décourager les poursuites engagées contre eux, en jouant les faux persécutés repliés dans leur ethnie abusivement accusée de crime collectif. Or, à Arusha comme devant la justice rwandaise, seuls des individus sont mis en cause dans les procès. Seuls des individus sont jugés et non des ethnies.

A l’ombre de l’éloignement et de la méconnaissance de l’opinion internationale pour les réalités rwandaises, les génocidaires et leurs partisans sont ainsi à la recherche d’une victoire idéologique sous la forme d’une transformation perverse de l’ethnicité en valeur démocratique. Une ethnicité pourtant acquise par naissance et non par choix démocratique dans un pays où n'existe aucun particularisme de langue, de religion, de regroupement spatial ni de coutume autre que rwandaise, dont la consécration reviendrait à abonder dans le sens d’une idéologie - le racisme ethnique - qui a inspiré le génocide perpétré contre les Tutsi du Rwanda et le massacre sélectif des Hutus démocrates accusés d’être leurs “complices” en 1994.

Les mesures adoptées par les Rwandais pour reconstruire leur tissu social après le génocide sont à la hateur de leur aspiration à la paix et à la concorde nationale: abolition des cartes d'identité à mention ethnique, institution d'une commission nationale pour l'unité et la réconciliation des Rwandais avec eux-mêmes, interdiction de toute prédication politique de la division ethnique qu’elle soit allusive, sournoise, voilée ou indirecte. C’est ce que certains à l’étranger appellent restriction de l’espace politique, comme si au Rwanda comme ailleurs, le racisme pouvait être une opinion démocratique et non un délit. L’important est qu’au bout de 16 ans d'application de ces mesures, les résultats sont là.

Je vous remercie de prendre note de ces précisions importantes pour la compréhension du Rwanda et de ces problèmes comme de ses succès.

Écrit par : f. kabano | 06 décembre 2010

Au fait, tous ces discours c'est hercher à faire du bruit pour rien. La vérité est évidente là. Personne nignore ce que signifie un génocide. pour rappel selon le Droit international humanitaire: on parle d'un génoide lorsque un groupe bien déterminé est icblé en vu d'une extermination. Revenant au contexte de notre pays , étant donné que nous avons plusieurs tribus et ethnies, admettaons que c'est le peuple congolais qui était ciblé.Tenant compte du nombre,le choix est laissé à tout un hacun. Aujourdh'hui les pertes en vies humaines sont de loin élévées pâr rapport à ce que les présumés onsidèrent de tragédie inédite depuis la création.
"Wait and see"la vérité va se reveler de soi , car tout est connu mais rien nest dit et tout le monde fait semblant de ne rien connaitre,ne s'arrêtant aux simples terminologies....

Écrit par : Me Joseph PAKA | 07 décembre 2010

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