22 novembre 2008
RDC : Armée et rébellion associées dans le pillage des minerais
Les rebelles et l'armée régulière de République démocratique du Congo (RDC) participent ensemble à l'exploitation de mines d'étain et d'or dans l'Est du pays. Le contrôle des richesses minières du Kivu tend à devenir le principal enjeux de la guerre qui ravage l'Est du pays. Alors que les combats ont repris dans la province du Nord-Kivu, l'ONG Global Witness avertit que les tentatives de maintien du fragile programme de paix menées à l'échelle internationale pourraient échouer si elles ne s'intéressent pas aux dimensions économiques du conflit.
Une mission d'enquête menée par Global Witness en juillet et août 2008 a mis en évidence d'importants éléments démontrant la participation de groupes armés ainsi que d'unités et de commandants des Forces Armées de la République démocratique du Congo (FARDC, l'armée nationale congolaise) à l'exploitation et au commerce de minerais dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.
Parmi les groupes armés impliqués dans le commerce des minerais, les plus actifs sont les Forces démocratiques pour la Libération du Rwanda (FDLR), composées en majorité de Hutus rwandais, dont certains des dirigeants auraient participé au génocide de 1994 au Rwanda. Le désarmement et la démobilisation des FDLR sont primordiaux pour parvenir à une paix durable dans l'est de la RDC. Cependant, pour l'instant, peu de progrès ont été réalisés à cet égard. « Cela est dû en partie au fait que les FDLR ont renforcé leur base économique », affirme Patrick Alley, directeur de Global Witness. « Leurs activités commerciales sont devenues une fin en soi. »
Les zones contrôlées par les FDLR comptent de nombreuses mines d'or et de cassitérite (minerai d'étain), surtout dans les territoires de Shabunda, Mwenga, Walungu, Uvira et Fizi. « Des habitants de la région nous ont dit que les militaires des FARDC font exactement la même chose que les FDLR : ils s'emparent des mines, ils forcent la population civile à travailler pour eux ou à leur remettre leur production de minerais et leur extorquent des taxes », précise Patrick Alley.
« Contrairement à ce qu'affirment les autorités militaires, la participation des FARDC à l'exploitation minière est très généralisée », affirme Patrick Alley. « Des militaires imposent leur présence à la population locale, s'emparant des mines et réalisant par là même d'importants bénéfices. »
Global Witness avertit que plus on tarde à s'atteler à cette question, plus il sera difficile de la traiter. « Non seulement la militarisation du commerce des minerais continue de menacer la paix au Congo, mais les Congolais et le pays dans son ensemble se retrouvent privés de revenus précieux dont le pays a tant besoin pour se reconstruire », conclut Patrick Alley.
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