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29 mars 2008

RDC : Assassinats en série à Goma

Les 3 assassinats de la nuit dernière portent à 9 le nombre de morts en trois semaines à Goma. Depuis bientôt deux ans, la ville de Goma connaît une insécurité croissante marquée par l'accroissement de la criminalité armée. Durant la période du "mixage" entre les troupes de Laurent Nkunda et les FARDC, tous les actes criminels étaient attribués par la population aux soldats du CNDP.

C'est ainsi qu'on avait assisté à plusieurs manifestations des étudiants, apparemment bien encadrés par les "services" du régime de Kinshasa, pour dénoncer l'échec du processus de mixage et exiger le "brassage" à l'extérieur de la province du Nord-Kivu des troupes de Nkunda. Mais plus d'une année après l'entente de mixage et le retour dans le "maquis" des soldats du CNDP, la ville de Goma, qui est maintenant entièrement placée sous le contrôle des FARDC, est en train de se transformer en ville sans foi et sans loi, où à la nuit tombée des hommes en armes peuvent surgir n'importe où pour arnaquer ou même tuer les Gomatraciens.

Insécurité croissante

En fait on retrouve ici le même schéma que celui que connaît la ville Bukavu depuis le déploiement massif des FARDC au Sud-Kivu, à la suite des événements sanglants de 2004. Loin de sécuriser la population comme le prétendait Kinshasa, l'arrivée des FARDC dans ces deux capitales provinciales est devenue la principale source d'insécurité pour les habitants des lieux. Il ne faut pas s'en étonner outre mesure, puisque ces soldats ne sont ni payés, ni nourris et sont en plus bien mal logés. On comprendra peut-être plutôt que de se laisser mourrir de faim et profitant de l'absence d'encadrement, ces militaires se transforment assez spontanément en bandits de grand chemin. C'est de ce phénomène inquiétant dont il s'agit lorsque les pays occidentaux parlent, en langue de bois diplomatique, de la nécessaire "réforme du secteur de la sécurité au Congo". Mais cette même communauté internationale oublie qu'avant de faire des réformes, il faut la présence d'une autorité morale dans le chef du gouvernement et un authentique projet de société.

Revenons à Goma pour dire qu'hier, la garde prétorienne de Kabila et la police nationale ont procédé au bouclage du camp militaire de Katindo et procédé à l'arrestation d'une centaine de militaires qui détenaient des armes et des munitions non répertoriées ainsi que des treillis militaires semblables à ceux que portent les troupes de Laurent Nkunda. Non seulement, ces éléments FARDC étaient donc impliqués dans le banditisme et les assassinats qui insécurisent la ville de Goma, mais aussi et surtout ils se faisaient passer pour des éléments du CNDP. Sauf que maintenant il serait plutôt difficile de faire croire que des hommes de Nkunda sont toujours présent sur les lieux, alors qu'ils sont cantonnés dans des positons bien connues dans les deux territoires de Masisi et de Rutshuru.

Cette opération coup-de-poing dans le camp militaire de Katindo intervient à peine deux jours après l'assassinat du directeur (un Nande) de l'aéronautique à l'aéroport de Goma par des hommes armés et identifiés par la population comme des éléments des FARDC. Le vrai problème qui se pose est de savoir si l'arrestation d'une centaine d'hommes pourra résoudre le problème d'insécurité que vit actuellement Goma, quand on sait qu'il y a là 20.000 militaires de déployés dans la province du Nord-Kivu, toujours mal payés et sans encadrement. Soulignons aussi que la Garde républicaine et la police nationale qui ont mené cette opération ne sont pas non plus des enfants de coeur. Bref, on ne voit pas de solution en vue pour l'insécurité qui règne, non seulement à Goma et à Bukavu, mais aussi partout ailleurs au Congo. Il n'y a pas, comme on dit, de mauvaises troupes, il n'y a que de mauvais chefs. Le problème des FARDC et des autres forces de sécurité congolaises est inhérente au manque de leadership qui s'observe dans tous les domaines de la vie nationale (d'après l'Obsac).

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