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21 janvier 2008

RDC : La conférence de Goma s'achève... et après ?

La conférence de Goma est terminée, mais déjà des interrogations surgissent. Comment gérer l’après-Goma ? A-t-on réellement et en toute sincérité abordé les questions de fond ? Quelle est la position exacte de la Communauté internationale qui gère les ambitions des partenaires extérieurs ? Seront-ils satisfaits de recommandations de ces assises et leurs intérêts sont-ils protégés ? Autant de questions qui expriment clairement que le plus dur est devant nous. Exactement comme dans la situation de l’après Sun City. L'analyse du quotidien de Kinshasa Le Potentiel.

La clôture de la Conférence sur la paix, la sécurité et le développement des provinces du Nord et du Sud-Kivu interviendra, sauf imprévu, demain mardi 22 janvier. Réunis depuis le 6 janvier à Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, 1300 délégués se sont appesantis sur les questions d’insécurité, de violence, de conflits armés faisant de ces deux provinces le ventre mou de la République démocratique du Congo, mais aussi le centre névralgique dans la région des Grands Lacs.

Aussi, après les déclarations de bonnes intentions sur la paix, la sécurité et le développement, des délégations de deux provinces ainsi que des mouvements armés, les accusations réciproques des délégations pour situer les causes de ces violences, les participants s’étaient répartis en 32 sous-commissions en vue de dégager des résolutions et recommandations utiles dans le but de consacrer la paix avant de s’adonner aux travaux de développement. Il nous revient que samedi, le grand atelier Nord-Kivu a adopté les rapports de toutes les sous-commissions. Particulièrement, les sous-commissions Paix, Sécurité, Développement et Questions humanitaires. Ce grand atelier a proposé une résolution déclarant les provinces du Nord et du Sud-Kivu provinces sinistrées et ont demandé au gouvernement d’élaborer un « plan de reconstruction de ces deux provinces ».

En ce qui concerne la sécurité, le grand atelier Nord-Kivu a insisté sur le renforcement de la sécurité le long des frontières. Aussi, le gouvernement a-t-il été invité à accélérer les réformes sur les services de renseignements, la restructuration de l’armée et un rééquilibrage ethnique au sein des forces armées. Quant au retour des réfugiés congolais, appel a été lancé pour l’accélération de ce processus tout en prenant des dispositions utiles en vue de leur accueil, leur réinstallation et leur réinsertion.

La journée d’hier dimanche 20 janvier a été consacrée à l’harmonisation des deux rapports, c’est-à-dire avec celui du grand atelier du Sud-Kivu. En fin d’après-midi d’hier dimanche, une plénière était prévue avant la grande plénière de ce lundi 21 janvier qui doit se terminer par l’adoption du Rapport final et la lecture des résolutions et recommandations.

LES JEUX NE SONT PAS ENCORE FAITS

Comme on peut le constater, chacun retient encore son souffle pour autant que les jeux ne sont pas encore faits. Car, jusqu’à la lecture du rapport final, des résolutions et des recommandations, la question fondamentale demeure celle de savoir la manière dont les questions de fond ont été gérées. Ces questions de fond sont celles qui concernent la raison exacte du recours aux armes pour des revendications, l’ingérence des pays voisins comme le Rwanda et l’Ouganda, la neutralisation des FDLR, le statut de Laurent Nkunda et son exigence d’avoir des négociations directes avec le gouvernement de Kinshasa, et enfin les ambitions ainsi que les intérêts des puissances étrangères, occidentales surtout.

Jusqu’à ce jour, l’on a brandi l’exclusion comme raison principale des rivalités inter-ethniques. Mais nulle part, l’on a perçu des éclaircis sur les interventions étrangères dans ces rivalités jusqu’à déstabiliser les institutions de la RDC.

En ce qui concerne la neutralisation des FDLR, le simple souhait de demander à la communauté internationale de les rapatrier sans délai ne suffit. Jusqu’à ce niveau, c’est encore un vœu pieux. Encore faudra-t-il qu’elle adhère à cette proposition et que le Rwanda montre les meilleures dispositions de clôturer ce dossier qui colle à la peau des Congolais une fois pour toutes. Mais ce même dossier tient aussi à l’existence du régime de Kigali. Dès lors qu’il faut prendre désormais en compte les dispositions internationales, ce n’est pas demain que cette question sera résolue. En plus, tant que la RDC ne disposera pas d’une armée dissuasive, l’on n’est pas du tout à l’abri du rebondissement de cette affaire sur fond d’autres prétextes. Surtout que des pays comme les Etats-Unis n’ont pas caché leur soutien au Rwanda.

Il en est de même du statut de Laurent Nkunda, soutenu par le Rwanda, et des négociations qu’il exige avec le gouvernement. Jusque samedi, l’on n’était pas avancé sur son cas et aucun compromis ne profilait à l’horizon. Certes, trois propositions ont été émises : lui accorder l’amnistie, laisser la justice poursuivre son action ou obtenir son exil.

Dans l’hypothèse de la troisième proposition, Nkunda s’est déjà exprimé : il n’ira pas en exil. Quant aux poursuites judiciaires, son mouvement le CNDP a demandé au gouvernement de ne point retenir cette proposition, mais plutôt d’annuler tous les arrêts de justice. Reste donc l’amnistie à lui accorder.

Le CNDP tient à cette proposition et a dit clairement que c’est le prix à payer pour la paix. Partant, ce mouvement attend l’adoption des résolutions et recommandations avant de se prononcer de façon précise. Ce qui revient à dire que même les négociations avec le gouvernement dépendra du statut de Nkunda après Goma.

Enfin, reste à sonder la volonté des partenaires extérieurs associés à ces assises. Contrairement à ce que d’aucuns pourraient croire, ces partenaires ont bel et bien des ambitions et des intérêts sur la RDC et en RDC. Ils ne constituent nullement des entités caritatives et n’ont pas mis la main dans la poche pour financer le Dialogue inter-congolais, la Conférence de Goma pour les beaux yeux des Congolais. Ils doivent trouver absolument leurs comptes dans ces résolutions et recommandations. Faute de quoi, ils tireront toutes les conséquences qui s’imposent. Trêve donc de naïveté.

D’où la question de savoir si cette « question de fond a été examinée avec habileté » au cours de ces assises. Dans l’hypothèse d’une réponse affirmative, les intérêts nationaux ont-ils été réellement protégés ou va-t-on bientôt conclure « un autre marché de dupes » qui se traduirait dans les prochaines années par la balkanisation de la République démocratique du Congo.

Sans le vouloir peut-être, nous venons de soulever la « vraie question de fond » de cette Conférence de Goma. Comme pour dire, que le plus dur est encore devant nous dès lors que les participants n’auront pas fait preuve de hautes responsabilités politiques.

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