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14 août 2013

RDC : Mini-remaniement au M23

5 mois après son arrivée à la présidence du M23, Bertrand Bisimwa a procédé à de nouvelles nominations au sein de l'organigramme politique de la rébellion. Le nouveau président cherche à consolider sa gouvernance en nommant des proches. Portrait et décryptage du nouveau "gouvernement" du M23.

Capture d’écran 2013-08-13 à 23.36.06.pngDepuis mars 2013, Bertrand Bisimwa a pris la tête de l'aile politique de la rébellion du M23. Bisimwa a remplacé Jean-Marie Runiga, un proche de Bosco Ntaganda, qui avait été arrêté au Rwanda après de violents affrontements avec l'autre faction rebelle dirigée par Sultani Makenga. Dans cette guerre fratricide, le camp Makenga a remporté la bataille : Ntaganda s'est livré à la Cour pénale internationale (CPI) et Runiga a été arrêté dans sa fuite par Kigali. Dans ce contexte, il aura fallu 5 mois au nouveau président pour procéder à la réorganisation de la branche politique du M23.

Des proches aux postes clés

Le 6 août 2013, Bertrand Bisimwa a recomposé les différents départements du "gouvernement" de la rébellion (la liste des nominations est consultable ici). Le nombre des départements est passé de 12 sous la présidence de Jean-Marie Runiga à 17 avec Bertrand Bisimwa. Plusieurs éléments sont à noter dans ce mini-remaniement. Bertrand Bisimwa a tout d'abord souhaité affirmer sa présidence en nommant des proches aux postes clés. René Abandi, "l'ami de Bisimwa", a été nommé aux relations extérieures. Une fonction stratégique, lorsque l'on sait que René Abandi représente désormais le M23 aux  négociations en cours avec le gouvernement congolais à Kampala. Idem pour Désiré Rwigema à l'Intérieur et Sendugu Museveni aux Affaires politiques. Ces deux cadres du M23 sont très proches de Bisimwa.

"Congolité"

Autre signe de l'affirmation de la présidence de Bertrand Bisimwa, la création d'un département du Budget en parallèle de celui des Finances. L'argent étant le nerf de la guerre, le nouveau président a préféré adjoindre à Bahati Musanga (réputé proche de Makenga), un département du Budget avec un nouveau venu : Fior Muyinda. Ce transfuge de l'UNC de Vital Kamerhe aura désormais un oeil sur les cordons de la bourse en liaison direct avec Bertrand Bisimwa. Autre atout de Fior Muyinda : il est originaire du Bandundu et assure la "congolité" du mouvement rebelle. Le département de la Justice et des droits humains est également détenu par un nouvel arrivant : Moise Chokwe Chembo, un magistrat katangais, ancien du RCD.

Des Chefs de départements... de Goma

Une femme fait son entrée dans le "gouvernement" du M23 : Eugénie Mubake. Avec Elias Karokoli (Mobilisation des masses) et Joël Malembe (Planification économique), Eugénie Mubake a la particularité d'être originaire de Goma. Une ville dont la rébellion s'est emparée pendant 10 jours en novembre 2012. Un signe sans doute envers la population de la capitale provincilae du Nord-Kivu. Deux nouveaux départements font leur entrée dans l'organigramme politique du M23 : celui de la Sécurité et celui du Développement communautaire, chargé notamment de suivre la demande de "zone sinistrée" faite aux pourparlers de Kampala. Enfin, Stanislas Baleke passe lui de l'Environnement et du Tourisme à l'Education nationale.

Makenga reste le patron

Ces ajustements traduisent la volonté du nouveau président, Bertrand Bisimwa, d'installer ses hommes dans l'organigramme du mouvement et de consolider sa gouvernance après l'épisode de la guerre des clans. Ce remaniement suffira-t-il à transformer le M23 en parti politique "traditionnel" ? Jusque là, la rébellion a toujours eu du mal à transformer ses victoires militaires en victoire politiques. Ses contacts avec l'opposition politique congolaise sont toujours au point mort et les derniers affrontements entre l'armée congolaise (FARDC) et le M23 ont plutôt  galvanisé la population contre la rébellion, accusée d'être "le jouet" du Rwanda voisin et de vouloir "balkaniser" l'Est du pays. Mais pour l'heure, le pouvoir au sein du M23 n'est pas dans les mains des "politiques", mais entre les mains des militaires. Le vrai patron du M23 est toujours Sultani Makenga, le commandant des troupes rebelles sur le terrain.

Christophe RIGAUD - Afrikarabia