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02 octobre 2013

RDC : L'audit désastreux de l'aide européenne au Congo

Un rapport de la Cour des comptes épingle l'Union européenne (UE) pour la mauvaise gestion de son aide à la République démocratique du Congo. Sur les 1,9 milliards d'euros versés en 8 ans, l'audit dénonce une "évaporation des fonds" et des résultats "limités" sur le terrain.

Kinshasa.jpgCe qui pourrait paraître une évidence ne l'est visiblement pas. L'évidence : le contrôle et la traçabilité des sommes versées par l'Union européenne (UE) à la République démocratique du Congo (RDC). Selon un rapport d'audit de la Cour des comptes européenne, l'Union européenne n'est pas très regardante sur le suivi des fonds d'aide à la RDC. Les conclusions sont cinglantes : "évaporation des aides financières" et "des progrès lents, variables et globalement limités". La Cour des comptes demande donc à l'UE de se montrer "plus exigeante envers la République démocratique du Congo" (l'audit est téléchargeable ici)

No control ?

Pendant 3 semaines les "auditeurs" de la Cour des comptes se sont rendus sur place, à Kinshasa, dans le Bas-Congo et à l'Est du pays. L'objectif était de vérifier sur le terrain les effets de l'aide européenne dans un pays "fragile", en guerre permanente depuis bientôt 20 ans. Une enquête un peu tardive lorsque l'on sait qu'entre 2003 et 2011, l'UE a versé 1,9 milliard d'euros... visiblement sans réel contrôle de la bonne utilisation des fonds. Si le rapport note la réussite de certains programmes, comme par exemple le premier recensement national de la police congolaise, il dénonce en revanche les résultats mitigés des autres aides à la RDC.

Des policiers évaporés !
 
La Cour des comptes s'est penchée sur l'aide financière aux deux processus électoraux de 2006 et 2011 : organisation de la présidentielle et des législatives, réforme de la police, de la justice, décentralisation... Sur ces soutiens financiers débloqués par l'Union européenne, l'audit est sans appel : "moins de la moitié des programmes examinés ont produit, ou sont susceptibles de produire la plupart des résultats escomptés". Plus inquiétant encore : "dans la plupart des cas, il est illusoire de penser que la durabilité sera assurée", remarque l'audit. En clair : l'aide ne s'inscrit pas dans la durée, ce qui rend inefficaces les sommes déjà dépensées… des aides à perte donc ! A titre d'exemple, l'audit pointe un programme de formation de 1.000 policiers, avant l'élection présidentielle de 2006. Après le scrutin, l'UE ne trouve "plus aucune trace" des policiers formés ! Pour les "auditeurs" de la Cour des comptes européennes, les causes sont multiples : mauvaise évaluation des risques, objectifs trop ambitieux, manque de coordination et surtout de "conditionnalité de l'aide" que l'Europe a attribué à la RDC.

Elections non crédibles

Ce qui étonne le plus dans l'audit de la Cour des comptes, c'est le manque de suivi des fonds engagés. Apparemment, entre 2003 et 2011, aucun  mécanisme de contrôle n'a tiré la sonnette d'alarme pour rectifier le tir. L'UE peut donc financer 1,9 milliard d'euros d'aide pendant 8 ans sans en mesurer l'efficacité ? Rappelons que l'UE a également soutenu financièrement les élections chaotiques de 2011, jugées "non crédibles" et "entachées d'irrégularités" par une mission de l'Union européenne elle-même ! Etrange pour une institution aussi sérieuse. Pourquoi ne pas avoir conditionner son aide ?

Mieux vaut un peu, que pas du tout

Pour en comprendre les raisons, il faut lire les déclarations du commissaire à l'aide au développement, Andris Piebalgs, que le rapport égratigne. Pour lui, les "obstacles étaient sérieux" en RDC et "la mise en place d'une gouvernance dans ce pays était largement partie de zéro". Il y avait donc, selon le commissaire européen, des circonstance atténuantes. Quant au "conditionnement" du soutien financier conseillé par la Cour des comptes, Andris Piebalgs est plus clair : "la conditionnalité systématique pourrait être inefficace, voire contre-productive". On a donc compris que l'UE devait "composer" avec les autorités congolaises, dont le mode de gouvernance laisse encore à désirer. Une position singulière pour l'Europe qui défend la démocratie et les droits de l'homme, dans un pays qui peine à respecter l'une et l'autre. Le commissaire européen prône donc une politique des "petits pas" où il vaut mieux des élections "à moitié démocratique" que pas d'élections du tout. Alors, lorsque la Cour des comptes demande à l'UE "d'améliorer sa stratégie de coopération avec la RDC et de renforcer le recours à la conditionnalité et au dialogue politique"… on peut penser qu'il y a peu de chance que ses recommandations soient suivies. L'audit de la Cour des comptes européenne n'aura alors servi à rien.
 
Christophe RIGAUD - Afrikarabia

Photo : Kinshasa 2013 © Ch. Rigaud www.afrikarabia.com

Commentaires

Tout ceci ne prouve que mieux encore que le gouvernement et les institutions au Congo sont bien de moralité et d´efficience douteuse. Il faut à tout prix changer cela si on est de bonne foi...
Au regard de ce rapport on peut bien se poser quelques questions: que voudrait donc obtenir l´Union européenne au Congo ? Voulait-elle des résultats ou s´en foutait-elle que l´argent des contribuables européens soit bradé et détourné ? Il est aussi dans l´intérêt économique de l´unon européenne que la RDCongo se stabilise rapidement et que son économie devienne responsable et performante...parce qu´ainsi ses enfants trouveraient l´emploi chez eux et les rapports économiques avec l´Union seraient plus rentables. MK

Écrit par : Musengeshi Katata | 03 octobre 2013

Je trouve l'attitude du commissaire européen plus équilibrée et réaliste que celle des auditeurs. On ne peut pas attendre d'un nouveau qu'il marche avant même de s'être mis assis. Les auditeurs nous jugent suivant les standards européens alors que le commissaire qui sait d'où nous venons comprend que nous puissions tituber. Je ne suis pas entrain de nous féliciter pour ces manquements mais il est en même temps certain que pour parvenir au niveau de perfection de l'UE aujourd'hui il y a du chemin derrière eux. Ce qui compte pour la RDC c'est la volonté de s'améliorer. Sauf si on verse dans la dictature, il n'est pas possible de transformer en saints des acteurs qui se sont formés et perfectionné leur intelligence dans un système de fraude et détournements aussi pernicieux que le nôtre, d'un seul coup.

Écrit par : Kitenge | 03 octobre 2013

@kitenge : c'est malheureux et pathétique d'afficher un tel raisonnement ; quand vous parlez des "standards européens" voulez vous vraiment dire comme Mr Abdoulaye Wade que les congolais ne sont pas murs pour la démocratie ? la bonne gouvernance? , non mais il faut arrêter de délirer comme ça , où sont les millions des chinois ? et on apprend que l'EU verse de l'argent à ce pays dont on retrouve pas la trace , il faut continuer à "tituber "??? , franchement , quand est-ce que vous comprendrez ? cet argent qui s'évapore comme l'eau dans le désert ,c'est le fruit de Louis Michel , lui au moins en profite , mais la dette à payer c'est aux congolais et leurs générations futures de s'en acquitter ; d'où une misère chronique et perpétuelle , et quand Karel de Gucht vous montre le vrai chemin à suivre et où se trouve l'intérêt du peuple , c'est l'homme à honnir ! Voilà le problème au Congo , tout est fait pour les profiteurs et rien pour le peuple . La cour de compte analyse bien la situation au profit du peuple congolais qui doit savoir combien il est floué et exploité tant par les gouvernants que les donateurs d'aide soi-disant ; car ce qu'on lui donne d'une main est retiré de l'autre , et vous voulez continuer à tituber , en attendant vos standards à vous .Le monde avance à grand pas , et nous autres où sommes -nous ? Mais regardez nos voisins ,eux marchent sans tituber et selon les mêmes standards européens , je citerai le Rwanda , la Zambie , l'Angola; par contre nous depuis le Zaïre jusqu'à l'afdl des Kabila , notre expertise c'est dans le vol , la concussion, la corruption ,la folie des grandeurs ,le culte de la personnalité etc... et aujourd'hui dans l'ébriété !
Bon Dieu ! je n'aimerai jamais être congolais dans la prochaine vie s'il y en aura une!
Pour éradiquer ce mal congolais , il faut juste un homme comme Tshisekedi pendant une année , et tout rentrera dans l'ordre , pour le reste je pense que les standards européens ne sont pas irréalistes pour ce pays . Les élections libres et démocratiques sont réalisables , la compétence à tous les niveaux de pouvoir aussi , ainsi que dans les entreprises, les universités et hôpitaux ; mais comme tituber vous intéresse , on sera toujours muyaka/mukongo/muluba/muswahili/mungala et quand on a un cancre au sommet de l'état , chacun veillera à son ventre et on écoutera plus Louis Michel que Karel De Gucht , le commissaire chargé du développement et bénéficiaire des dessous de table que la cour des comptes , ça alors !!!

Écrit par : samsuffit | 04 octobre 2013

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