26 avril 2013
RDC : La "jungle minière" de Walikale
"Le pillage des ressources minières bat son plein" dans le territoire de Walikale, dénonce le BEDEWA. Selon cette ONG congolaise, les trafics de minerais alimentent non seulement la guerre à l'Est du Congo, mais "pourrissent" également l'Etat central. BEDEWA demande aux autorités congolaises de "cesser de distribuer les concessions minières avec complaisance".
La "malédiction des matières premières" continue de frapper à l'Est de la République démocratique du Congo (RDC). Riche en minerais divers (or, coltan, cassitérite, lithium), le territoire de Walikale est en train de devenir une véritable "jungle minière" selon une ONG congolaise. Le Bureau d’Etudes, d’observation et de coordination pour le Développement du territoire de Walikale (BEDEWA) tire la sonnette d'alarme sur l'exploitation illicite et sans limite des ressources minières de la région. D'après Prince Kihangi Kyamwami, secrétaire général de l'ONG, "les corrupteurs, les corrompus et les fraudeurs tirent d’énormes bénéfices, sans aucune contrepartie pour les communautés locales affectées". Il dénonce également "des taxes légales et illégales perçues" dont la destination des recettes "reste inconnue".
Corruption
Au rang des accusés, BEDEWA place les autorités de Kinshasa qui attribuent "abusivement les titres miniers". L'ONG explique qu'aujourd'hui, "les trois quarts du territoire sont actuellement couverts de titres miniers". Conséquence : la possible "délocalisation des populations pour le besoin de l’exploitation". Les recettes de ces trafics alimentent surtout les nombreux groupes armés qui pullulent dans la région : FDLR, Maï-Maï, mais aussi officiers de l 'armée régulière (FARDC). En 2011, un député britannique avait estimé le manque à gagner du commerce illégal de minerais pour l'Etat congolais à... 4,2 milliards d'euros ! C'est donc un vaste système de corruption qui s'est mis en place progressivement dans les zones minières... au profit des militaires, groupes armés, mais aussi des multinationales, des hommes politiques et des pays frontaliers comme le Rwanda ou l'Ouganda.
Certification
BEDEWA dénonce également le "trafic de certification" entre les différents sites d'exploitation en RDC. Prince Kihangi Kyamwami explique que "les minerais sont extraits dans les sites non encore validés du territoire de Walikale pour être présentés sur le marché comme ayant l’origine des sites validés des territoires voisins". Un tour de passe-passe qui explique, toujours selon l'ONG, le manque d'empressement des autorités à valider certains sites. Et de préciser que tout cela profite aux sites qui sont déjà validés, sauf bien sûr... à Walikale.
Frustrations
Dans le territoire de Walikale, les frustrations s'accumulent. Prince Kihangi Kyamwami note "qu'il pourrait arriver un temps où, si les choses ne changent pas, les communautés locales de Walikale exigeront la fin de l’exploitation minière et empêcheront à tout détenteur d’un quelconque titre minier d’entreprendre des activités quelles qu’elles soient". En d'autres termes : le BEDEWA prévient que des conflits pourraient éclater entre les populations locales, "spoliées" par l'exploitation illicite des minerais, et les différents acteurs du trafic. L'ONG préconise plusieurs recommandations aux autorités congolaises pour "assainir" le commerce des minerais à Walikale. BEDEWA demande de "cesser de distribuer les concessions minières avec complaisance", "de suspendre les activités irrégulières d’exploitation du diamant et de l’or sur la rivière Osso", "d'interdire la présence de militaires sur les sites miniers" et de "soutenir les instruments de traçabilité et de transparence des minerais".
En 2010, la loi américaine Dodd Franck avait déjà permis d'améliorer la transparence de la chaîne d'approvisionnement des minerais dans le monde. BEDEWA estime qu'en assainissant l'exploitation minière à Walikale, cela permettrait aux différents sites de la région d'être "qualifiés et validés". Une certification qui autoriserait enfin les populations locales à profiter des richesses de leur sous-sol. Une question reste pourtant sans réponse : les autorités congolaises en ont-elles les moyens et surtout... la volonté ? Pour l'instant l'état de délabrement de l'armée régulière et de la police ne permet pas au gouvernement congolais de garantir son autorité sur l'intégralité du territoire. La zone de Walikale n'échappe pas à la règle. La région est en instabilité permanente et en proie aux groupes armés depuis bientôt... 20 ans.
Christophe RIGAUD - Afrikarabia
Photo : groupe armé à l'Est de la RDC © Ch. Rigaud www.afrikarabia.com
17:01 Publié dans Afrique, République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
dodd franck ne changera rien tant que ceux qui n ont encore le monopole de diriger la république seront là rien ne va changer si notre gouvernement veut le sérieux il doit commencé par punir ceux qui pille sans pitié non richesse du reste nous sommes content du message
Écrit par : tresor kabangu | 29 avril 2013
Bonjour a tous ! merci pour l'eclercicemet de ce qui se passe a walikale , si toute ce betise exagere aujourd'hui , ce parceque nous n'avons pas les autorites competent qui ce soucier de leur pays on dirait tous ce sont des etranger qui sont venus uniquement pour piller leur bien en complicite avec les etranger au lieu d'instaurer l'etat de droit ; si l'etat congolais ne parvienent pas a securise walikale et sont bien ce parceque il sont complice de ce qui ce passe a walikale pour pille' de minerai du sous sol avec leur millice qu'ils ont deja former pour pille la rdc
Écrit par : saidi useni | 03 mai 2013
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