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06 mai 2012

RDC : Le degré zéro de la politique ?

Candidat aux dernières élections législatives, Gaspard-Hubert Lonsi Koko analyse dans son dernier ouvrage le processus électoral chaotique de novembre 2011 et l'incurie de la classe politique congolaise. Dans "Congo-Kinshasa : le degré zéro de la politique" (*) Lonsi Koko appelle à une recomposition de l'opposition et trace les contours d'une nouvelle classe politique congolaise qui a "urgemment besoin d'inventeurs d'avenir". Afrikarabia l'a rencontré à Paris.

GH Lonsi Koko filtre 3.jpg- Afrikarabia : Vous êtes retourné en République démocratique du Congo pour vous présenter aux élections législatives de novembre 2011 à Madimba, dans le Bas-Congo. Dans votre ouvrage vous écrivez avoir reçu "un choc" en retournant à Madimba ?

- Gaspard-Hubert Lonsi Koko : Ce qui m'a choqué c'est la condition sociale et le niveau de vie de la population. Madimba est la terre d'origine de mes parents et j'y passais toute mes vacances. J'ai des souvenirs de Madimba hier, meilleurs qu'aujourd'hui. Tout ce que j'ai connu enfant s'est dégradé : les routes, la déforestation, il faut aller puiser l'eau potable un peu plus loin, il faut maintenant aller chercher sa nourriture à Kinshasa alors que par le passé c'était Madimba qui pourvoyait Kinshasa en nourriture… Si on souffre comme cela dans les campagnes, c'est qu'il y a un vrai problème politique en RDC, un pays immensément riche. Voilà la principale motivation de ma candidature aux législatives.

- Afrikarabia : Dans votre livre vous racontez le déroulement chaotique des élections de novembre. Comment voyez-vous la pratique de l'exercice politique au Congo-Kinshasa ?

- Gaspard-Hubert Lonsi Koko : Un élément m'a surpris positivement, c'est l'envie des Congolais d'aller aux élections. Cela montre que, malgré les imperfections du scrutin, on ne peut plus aspirer à un mandat politique sans passer par des élections. Il y a désormais cette volonté d'aller systématiquement aux élections et j'ai trouvé cela intéressant. Au-delà de ce phénomène, beaucoup de choses m'ont déçu, d'où le titre du livre "Congo-Kinshasa, le degré zéro de la politique". Comment peut-on se présenter à une élection présidentielle sans avoir un programme et un projet de société digne de ce pays ? J'ai vu pendant les débats télévisés, certains candidats et non des moindres, qui ne se sont même pas déplacés pour dire pourquoi ils sollicitaient les suffrages du peuple congolais ! Ils n'ont envoyé que des émissaires ! Il n'y a eu que messieurs Kamerhe et Kashala qui ont essayé de parler d'un projet de société, qui pour moi étaient d'ailleurs très légers. Je n'ai pas vu le projet du candidat Kabila, ni le projet du candidat Tshisekedi. Ces deux personnes ne sont même pas venus à la télévision pour s'adresser aux Congolais. D'un autre côté, la population est encore immature politiquement… on dit d'ailleurs que l'on a les responsables politiques que l'on mérite. Faire de la politique en RDC ne constitue pas un engagement idéologique. C'est une activité professionnelle qui permet de se "remplir le ventre". La campagne ne se conçoit pas sur un projet politique mais uniquement sur des promesses électorales, moyennant des tee-shirts, des bouteilles de bière et quelques promesses d'embauche.

- Afrikarabia : On craignait une vague de contestation importante et des manifestations violentes après les irrégularités et les soupçons de fraudes massives pendant le scrutin. Il n'en a rien été ?

- Gaspard-Hubert Lonsi Koko : Les Congolais ont élu Etienne Tshisekedi. Mais là où je peux faire des reproches à la population, c'est d'être restée les bras croisés pendant qu'on lui a volé sa victoire ! Les Congolais doivent avoir à l'esprit qu'ils sont souverains. Il fallait que la population descende dans la rue. Peu importe la violence, aucune révolution ne s'est faite sans effusion de sang.

- Afrikarabia : Quel rôle a joué la diaspora ?

- Gaspard-Hubert Lonsi Koko : Malgré des imperfections, les Congolais vivants à l'étranger ont joué un rôle déterminant dans ce qui s'est passé au Congo. Aussi bien en terme de pression qu'en terme de conscientisation de la population restée au pays. Mais elle n'a pas eu droit de s'exprimer (la diaspora n'a pas le droit de vote, ndlr) et son plus grand tort est de ne pas avoir défendu, dès le départ, son droit à être candidat et électeur. Il faut que la diaspora puisse demain obtenir ses droits civiques.

- Afrikarabia : Vous dites qu'il n' y a pas d'idée, que les partis politique sont vidés de leur substance, que les "militants" ne sont souvent que des "figurants" payés pour participer aux meetings…

- Gaspard-Hubert Lonsi Koko : … pour 90% des politiciens congolais, ce sont des professionnels…

- Afrikarabia : … en France ou en Belgique aussi…

- Gaspard-Hubert Lonsi Koko : … même en étant professionnels, les hommes politiques travaillent ici en priorité pour l'intérêt général, plus que pour leurs intérêts personnels. Au Congo, c'est le contraire. Il n'y a pas véritablement d'hommes et de femmes d'Etat en RDC.

- Afrikarabia : Comment pensez-vous faire évoluer cette classe politique ?

- Gaspard-Hubert Lonsi Koko : Il faut que le peuple congolais pousse sa classe politique à tendre vers l'excellence. Les Congolais doivent avoir la culture de la sanction. Il faut également que l'opposition ne soit pas uniquement destructrice. L'opposition doit être intelligente et doit être en mesure de proposer une alternative. Pour cela, les Congolais de l'extérieur doivent commencer à retourner au pays pour notamment faire de la politique autrement.

- Afrikarabia : Vous êtes proche de l'opposition, comment voyez-vous sa recomposition après ces élections ?

- Gaspard-Hubert Lonsi Koko : Ces élections ont constitué un moment déterminant pour l'avenir et le devenir de la République démocratique du Congo. Il faut maintenant qu'une relève mette en place une nouvelle opposition, une opposition plus cohérente capable de se concerter pour l'intérêt général. Notre objectif est clair : il doit y avoir un changement de régime à Kinshasa. J'appelle tous les démocrates congolais, toute la jeunesse congolaise qui souhaite le changement à se rassembler et à se concerter. Il ne faut pas non plus cracher sur les anciens, si nous existons aujourd'hui c'est parce qu'il y a eu des personnalités comme Etienne Tshisekedi et d'autres qui ont mené de nombreux combats. C'est à  nous de prendre la relève avec la vision et les méthodes d'aujourd'hui.

- Afrikarabia : Vous dites à la fin de votre ouvrage, après votre défaite aux élections législatives, que "ce n'est pas un échec" et que "ce n'est que partie remise" ?

- Gaspard-Hubert Lonsi Koko :  Il y a des défaites qui préparent des victoires. C'est sûrement le meilleur moment de ma vie politique.

Propos recueillis par Christophe RIGAUD

(*) "Congo-Kinshasa : le degré zéro de la politique" de Gaspard-Hubert Lonsi Koko
Editions L'Harmattan - avril 2012 • 152 pages - 15,50 euros

Photo : GH Lonsi Koko à Paris - Avril 2012 (c) Ch. Rigaud www.afrikarabia.com

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05 mai 2012

Afrique : "Le mirage démocratique" de Vincent Hugeux

Dans un court essai, le journaliste Vincent Hugeux, dresse un portrait sans concession du continent africain et de ses pseudos "progrès démocratiques". Pour ce spécialiste de l'Afrique, il s'agit d'une "mascarade" :  "les caïmans du marigot ont appris à manier le lexique du pluralisme, de la transparence et de la "bonne gouvernance"… pour mieux s'affranchir de ses effets". L'analyse est imparable, notamment au regard des dernières élections en République démocratique du Congo (RDC). Un essai revigorant.

6557-1409-Couverture.jpgAfro-optimiste s'abstenir. Le court essai de Vincent Hugeux, "Afrique : le mirage démocratique", risque de vous ébranler dans vos dernières certitudes. Non, la démocratie ne progresse pas en Afrique subsaharienne. Dans ce livre d'une soixantaine de pages, le journaliste de l'Express et auteur des excellents "Sorciers blancs" et "L'Afrique en face" estime que "les simulacres électoraux auxquels on assiste suffisent à relativiser la démocratisation réelle du continent africain". Et de citer la Côte d'Ivoire, le Zimbabwe, le Gabon ou la RDC. L'auteur y dénonce les tripatouillages électoraux et les "bricolages constitutionnels permettant à des chefs d’État d’être réélus indéfiniment".

Nous apporterons une mention particulière pour les passages concernant la République démocratique du Congo qui occupent spécialement Afrikarabia. Vincent Hugeux est particulièrement pertinent sur la question. L'auteur dénonce le "tour de passe-passe" que constitue les modifications constitutionnelles avant les scrutins. Des modifications qui "ont l'apparence de la légalité, mais constituent autant de forfaitures sur le plan éthique et politique" (on pense bien sûr aux élections de novembre 2011 en RDC). "Dans leur panoplie" continue Vincent Hugeux, "figure aussi la pince-monseigneur du monte-en-l'air électoral : le scrutin unique. Rien de tel pour valoriser la prime au sortant (…). L'Oscar revient cette fois à Joseph Kabila commanditaire d'une révision (…) un trimestre avant la remise en jeu de son titre". Et de continuer : "la présidentielle congolaise (…) offre un éloquent condensé des travers énoncés ici. Rien n'aura manqué à ce funeste festival. Ni le fichier électoral fantaisiste, ni la Commission électorale prétendument "indépendante" mais gravement vassalisée, ni le recours massif, par le sortant, à l'appareil étatique et à ses instruments, ni le harcèlement policier des opposants, ni la fraude, souvent grossière, ni la violence, parfois meurtrière. Ni bien sûr, les verdicts alambiqués de "missions d'observations" frileuses qui se bornent pour la plupart à observer un silence gêné et complice". Tout est dit. Fermez le banc. "Afrique : le mirage démocratique" (*) de Vincent Hugeux est à lire de toute urgence.

Christophe RIGAUD

(*) "Afrique : le mirage démocratique" - Vincent Hugeux
CNRS Editions, Paris, 2012, 64 pages, 4 euros.

23:59 Publié dans Afrique | Lien permanent | Commentaires (3)

03 mai 2012

RDC : Pourquoi le Nord-Kivu s'enflamme de nouveau

Depuis plusieurs semaines, l'armée congolaise affronte les mutins proches de Bosco Ntaganda, un ex-rebelle recherché par la Cour pénale internationale (CPI). Après avoir longtemps protégé Ntaganda, Joseph Kabila semble maintenant décidé à l'arrêter, au risque de relancer la guerre dans les Kivu. Pierre Jacquemot, chercheur associé à l'IRIS, nous explique pourquoi la violence persiste dans la région et pourquoi Joseph Kabila et Paul Kagame ont décidé de "lâcher" Bosco Ntaganda.

carte RDC Afrikarabia Nord Kivu.jpg- Afrikarabia : Etes-vous étonné de la reprise de la violence ces dernières semaines à l'Est de la République démocratique du Congo ?

- Pierre Jacquemot : La violence est endémique dans cette zone depuis une quinzaine d'années, même si elle se déplace d'une ville à l'autre entre le Nord et le Sud Kivu, Cette violence est liée à plusieurs facteurs qui s'amplifient à certaines périodes. Tout d'abord la présence d'une communauté d'origine rwandaise qui s'est installée après le génocide de 1994 dans des camps de réfugiés, puis plus durablement et qui a ensuite mené des actions armées contre gouvernement rwandais de Paul Kagame. Ce premier groupe se retrouve autour des FDLR (rébellion d'origine hutu, ndlr) et constitue un facteur permanent d'insécurité. D'autant que les FDLR sont également attaqués par des groupes d'origine tutsi - les rebelles du CNDP - qui ont abandonné la rébellion en 2009 après l'arrestation de leur chef Laurent Nkunda et l'allégeance de leur responsable militaire, Bosco Ntaganda, au gouvernement de Joseph Kabila. Vous pouvez ajouter à cela l'existence de groupes armés locaux, que l'on appelle les Maï-Maï, qui passent régulièrement des alliances de circonstance avec telle ou telle rébellion. Il y a également un facteur économique, un besoin important de terres dans la région et les terres des deux Kivu sont particulièrement riches et convoitées. On peut enfin ajouter à cela, la présence de minerais, comme la cassitérite, le coltan ou l'or et vous obtenez tous les ingrédients d'une économie de guerre, depuis que les cours de ces minerais se sont envolés. Certaines mines font l'objet de combats très réguliers entre l'armée congolaise, les FDLR ou le CNDP. Voila le contexte qui permet de comprendre pourquoi il y a en permanence une situation de conflit dans l'Est de la RDC.

- Afrikarabia : La situation échappe complètement à l'armée ?

- Pierre Jacquemot : L'armée est impuissante à remettre de l'ordre car elle est traversée par ses propres contradictions, notamment avec le problème de l'intégration des troupes rebelles en son sein. La Monusco ensuite, bien que forte de 20.000 hommes, le plus fort contingent de casques bleus au monde, est incapable de garantir durablement la sécurité des populations.

- Afrikarabia : Ces dernières semaines, la violence est montée d'un cran dans  les Kivu, avec  l'annonce de la possible arrestation de Bosco Ntaganda ?

- Pierre Jacquemot : Il y a aujourd'hui un enjeu nouveau qui est l'arrestation de Bosco Ntaganda. C'est un individu d'une violence rare que l'on appelait à une époque "Terminator", qui n'a pas hésité à enrôler des enfants soldats et à commettre des délits extrêmement graves. Ntaganda a eu longtemps le soutien du Rwanda, qui maintenant prend ses distances. C'est du moins ce qu'a déclaré Paul Kagame la semaine dernière. Bosco Ntaganda avait lâché son chef, Laurent Nkunda, en 2009, pour rejoindre l'armée régulière congolaise avec 3.000 de ses hommes. En contre-partie, on lui a donné un titre de général et des prérogatives sur une partie du Nord-Kivu. En fait, cette ex-milice du CNDP ne s'est jamais vraiment intégrée dans l'armée. Elle a toujours constitué "une armée dans l'armée" et continuait les trafics de minerais, notamment de Cassitérite et les trafics d'armes. Bosco Ntaganda devrait être déféré auprès de la Cour pénale internationale de La Haye (CPI), mais on tourne autour du pot depuis au moins 18 mois. Il y a d'un côté Human Rights Watch (HRW) qui demande son arrestation en mettant en avant le volet juridique de l'affaire et d'un autre côté, il y a ceux qui pensent qu'il faut prendre un certain nombre de précautions pour éviter les "répercussions négatives" des soldats du CNDP qui défendent encore Ntaganda et qui risqueraient de s'en prendre à la population civile. Et c'est un peu ce qui se passe depuis que la pression s'est accentuée autour de son arrestation. On assiste à des désertions d'officiers du CNDP qui rejoignent des groupes Maï-Maï et c'est bien sûr une source importante d'inquiétude.

- Afrikarabia : Après avoir longtemps protégé son allié Bosco Ntaganda, Joseph Kabila se retrouve face à un dilemme : satisfaire la communauté internationale en arrêtant Ntaganda et prendre le risque de rallumer la guerre à l'Est ou continuer de la protéger et s'isoler sur la scène internationale ?

- Pierre Jacquemot : Il semble que Joseph Kabila a tranché. Visiblement il a évolué dans son attitude puisqu'au départ il était très réticent à l'arrestation de Ntaganda. Je lui ai directement posé la question plusieurs fois. Il était assez évasif, mais il était convaincu que l'individu commettait des exactions et était complètement incontrôlable au sein de l'armée. Kabila a changé de position puisque dernièrement, 14 militaires ex-CNDP ont été transférés à Bukavu pour y être jugés. Il faut également rappeler que Joseph Kabila souhaite retrouver un peu de crédibilité et un peu de "virginité" après des élections qui se sont mal passées en novembre dernier.

- Afrikarabia : Joseph Kabila a-t-il les moyens d'arrêter Ntaganda ?

- Pierre Jacquemot : C'est une opération pas facile à mener. Il faut d'abord l'attraper. Ntaganda est actuellement retranché dans son fief du Nord-Kivu (dans le Masisi, ndlr) qui constitue une sorte de "sanctuaire" dont il sera difficile de le sortir. Je pense qu'il faudra des moyens supplémentaires et je pense aux hélicoptères de la Monusco qui devront l'emmener immédiatement sur Kinshasa et ensuite vers La Haye. Tout doit se passer très vite. A noter qu'il faudra également trouver un autre "chef" à mettre à la tête du CNDP, qui soit loyal à Kinshasa, intègre… et ces conditions ne sont pas faciles à trouver. Sinon nous aurons des ex-miliciens qui vont se retrouver dans la nature sans chef et c'est extrêmement dangereux.

- Afrikarabia : Ntaganda est-il toujours soutenu par le Rwanda ?

- Pierre Jacquemot : Le Rwanda a compris que Ntaganda est une carte qu'il ne peut plus jouer. Le Rwanda n'a plus vraiment besoin de s'occuper des deux Kivu. Les réseaux mafieux sont parfaitement huilés et ils n'ont plus besoin de ces miliciens.

- Afrikarabia : Selon vous, le Rwanda peut-il lâcher Ntaganda ?

- Pierre Jacquemot : Oui je le pense. Soutenir Ntaganda coûte trop cher en terme d'image au Rwanda. En plus, Ntaganda n'est plus vraiment utile en terme économique. Pour gérer les réseaux mafieux à leur bénéfice, ils n'ont pas besoin de Bosco. Il faut également savoir que le coltan et la cassitérite ne rapportent plus autant d'argent qu'il y a encore 2 ans.

- Afrikarabia : Pour quelles raisons ?

- Pierre Jacquemot : Essentiellement à cause de la loi Dodd Franck qui contraint les entreprises américaines à prouver l'origine de la cassitérite et du coltan qu'elles utilisent. Les marchés se sont donc déplacés vers l'Australie et l'Amérique latine. Il y a donc moins d'intérêt économique pour le Rwanda. En plus, ces groupes CNDP sont devenus, avec le temps, des électrons libres et je ne crois pas que Kagame y trouve beaucoup d'intérêts. On peut donc penser que Kabila est assurer d'une certaine neutralité du Rwanda s'il souhaite procéder à l'arrestation de Ntaganda.

- Afrikarabia : Joseph Kabila peut-il être tenté de juger Ntaganda à Kinshasa et de ne pas l'envoyer devant la Cour pénale internationale ?

- Pierre Jacquemot : Je n'ai pas vraiment la réponse. Joseph Kabila peut en effet être tenté de jouer la carte de la fierté nationale, comme les ivoiriens aurait pu refaire avec Laurent Gbagbo. Kabila pourrait effectivement dire : "on est assez grand pour le juger à Kinshasa". C'est un procès qui aurait une grande valeur symbolique et qui, s'il était mené dans de bonnes conditions, pourrait corriger l'impact négatif du procès de l'affaire Chebeya. Ce n'est pas exclu.

Propos recueillis par Christophe RIGAUD