13 octobre 2012
RDC : L'échec de la stabilisation des Kivus dénoncé par ICG
Dans son dernier rapport, International Crisis Group (ICG) revient sur les raisons de l'impossible retour de la paix dans les Kivus, en proie à une nouvelle flambée de violence depuis avril 2012. ICG dénonce la responsabilité des autorités congolaises, rwandaises, des rebelles, mais aussi "l'impuissance" et "la politique à géométrie variable" de la Monusco. Pour "résoudre le conflit" et sortir de la simple "gestion de crise", le think tank demande aux bailleurs "d'exercer des pressions sur Kigali et Kinshasa".
Dans maintenant plus de 5 mois, la rébellion du M23, affronte les forces gouvernementales dans le Nord-Kivu, à l'Est de la République démocratique du Congo (RDC). Les rebelles tiennent la ville frontière de Bunagana, administrent plusieurs localités dont celle de Rutshuru, et menacent de prendre Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu. Véritable "copier-coller" de la rébellion du CNDP de 2008, l'apparition du M23 signe un nouveau constat d'échec des multiples programmes de "stabilisation" pour ramener la paix dans la région.
Dans son rapport, "l'Est du Congo : pourquoi la stabilisation a échoué", International Crisis Group (ICG) explique pourquoi "les problèmes d’aujourd’hui sont les problèmes d’hier". Le think tank rappelle que "l’application de l’accord du 23 mars 2009 entre le gouvernement et le Conseil national pour la défense du peuple (CNDP) a été un jeu de dupes au cours duquel les autorités congolaises ont fait semblant d’intégrer politiquement le CNDP, tandis que celui-ci a fait semblant d’intégrer l’armée congolaise". Pour ICG, la nouvelle crise des Kivus, "met en lumière les paramètres du problème de cette région : la mauvaise gouvernance de Kinshasa, l’ingérence du voisin rwandais et l’inefficacité des outils internationaux de réponse à la crise (Monusco et CIRGL).
Les "faux semblants" de l'application des accords du 23 mars
Après la crise de 2008, le conflit qui opposait le CNDP de Laurent Nkunda au gouvernement congolais, s'était réglé par un accord de paix signé à Goma le 23 mars 2009. Les principes de l'accord reposaient sur l'intégration des rebelles du CNDP au sein de l'armée congolaise (FARDC) et la transformation de la rébellion en formation politique. Sur ces aspects de l'accord, ICG note que "le gouvernement et le CNDP l’ont tous deux instrumentalisé et ont rivalisé de mauvaise foi". Sur l'intégration politique du CNDP, ICG estime que "Kinshasa a gardé la main", le mouvement ayant été cantonné au "niveau provinciale" Sur l'intégration militaire, c'est par contre le CNDP qui aurait "gardé la main". L'intégration aurait "achoppé sur 3 éléments : la reconnaissance des grades, l'attribution des postes et le lieu de déploiement". International Crisis Group révèle que l'ex-rebelle Bosco Ntaganda, nommé commandant de l'opération "Amani Leo" en a profité pour "imposer ses fidèles aux postes de commandement et étendre son influence" du Sud au Nord-Kivu. Le rapport estime qu'alors, "ce n’est pas l’armée congolaise qui a absorbé les
combattants du CNDP mais le CNDP qui a absorbé l’armée congolaise". Selon ICG, "le CNDP est parvenu à conserver la haute main sur une bonne partie de l’appareil militaire dans les Kivus, ce qui n’a cessé de générer un fort ressentiment
dans les rangs des FARDC".
Une armée "prédatrice"
Le rapport dénonce ensuite les mauvaises pratiques au sein de l'armée congolaise : "compte-tenu du manque de discipline et du double système de commandement, (…) les FARDC ont surtout étendu leurs activités de prédation" (la région est riche en minerais de toutes sortes). Les différents plans de reconstruction de l'armée congolaise (STAREC et ISSSS) n'ont visiblement pas donné les résultats escomptés, ICG parle de "non-réforme" de l'armée.
L'échec de la Monusco
Crisis Group insiste particulièrement sur "l'impuissance" des casques bleus en RDC. Comme en 2008, la Monusco "apparait incapable d’empêcher l’émergence d’une nouvelle rébellion". ICG note que les casques bleus disposent "en permanence de 6 bataillons à Goma". Pourtant plus nombreuse que le M23, "la Monusco ne parvient toujours pas à appliquer l’élément essentiel de son mandat : la protection des populations". Le centre de recherche dénonce "une politique à géométrie variable" concernant Bosco Ntaganda et pointe les incohérences de sa stratégie. La Monusco refusait d'arrêter Bosco Ntanganda alors qu'il se promenait librement dans Goma, mais se dit maintenant prête "à contribuer à son arrestation après le revirement des autorités congolaises". Pour ICG, "l'inaction de la Monusco" s'explique par "le refus de recourir à l'usage de la force contre les groupes armés, conformément au chapitre VII de la Charte des Nations unies". Résultat : des massacres sont commis sous les yeux des casques bleus, comme à Mijembe, à Wilikale ou à Pinga.
La "fausse solution" d'une force neutre
Concernant la "force neutre" décidée par la CIRGL, International Crisis Group n'est guère enthousiaste. Cette force, dont on ne connait ni le contours ni le financement devrait surveiller la frontière avec le Rwanda, accusé par les experts de l'ONU de soutenir les rebelles du M23. La Conférence Internationale pour la Région des Grands Lacs (CIRGL) s'est réunie plusieurs fois… sans grand succès. Pour ICG, la "force neutre" est une "fausse solution" : comment 4 000 hommes supplémentaires feraient "ce que n’ont pas fait 18 000 Casques bleus et 30 000 soldats congolais".
Pour résoudre le conflit, "au lieu de le geler pour deux ans", International Crisis Group demande la poursuite des "auteurs de crimes de guerre, d’appliquer les réformes de gouvernance définies depuis longtemps, d’ouvrir l’espace politique aux acteurs légitimes et de sanctionner les ingérences étrangères". Pour cela "les bailleurs doivent exercer des pressions sur Kigali et Kinshasa", ce qui n'est pas encore le cas… ou pas assez.
Christophe RIGAUD - Afrikarabia
Photo © Ch. Rigaud - www.afrikarabia.com
00:57 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (7)
Commentaires
Une fois de plus pour ma part rien n'a été dit sur les causes de l'intervention rwandaise auprès du mouvement rebelle M23 dans laquelle pour ma part je vois une simple assistance à personnes en danger depuis que la chasse aux tutsi est ouverte au nord-Kivu où les rwandais sont présents depuis bien avant la colonisation puisqu'en 1910 une commission belgo-allemande offrit à rwandais qui faisiaent alégeance au mwami du Rwanda soit de rentrer au Rwanda soit de rester au Congo et de ne plus dépendre du mwami, pratiquement tous restèrent au Congo.
On aurait bien pu notamment rappeler que des accords avaient été conclus pour des opérations communes contre les FDLR qui ont les premiers et plus importants violeurs des mamans du Kivu.
Si le Rwanda peut jouer un rôle dans la pacification de la région le Congo est et restera le principal acteur, il ferait bien de s'inspirer de l'article 11 de la Constitution du Rwanda du 4 juin 2003 : "Tous les Rwandais naissent et demeurent libres et égaux en droits et en devoirs. Toute discrimination fondée notamment sur la race, l’ethnie, le clan, la tribu, la couleur de la peau, le sexe, la région, l’origine sociale, la religion ou croyance, l’opinion, la fortune, la différence de cultures, de langue, la situation sociale, la déficience physique ou mentale ou sur toute autre forme de discrimination est prohibée et punie par la loi."
Je ne comprends pas que certains préconisent une force neutre d'interposition comme si la Monusco n'était pas neutre ou veut-on une force régionale ou plus colorée?
L'armée doit certainement être réformée mais le 3ème bataillon que la Belgique compte former fera-t-il mieux que les deux autres? Je veux bien que des bataillons nationaux soient mis en place à proximité de la présidence et des gouverneurs mais les forces armées en action sur le terrain doivent avant tout être des forces locales de protection originaires de la sous-région où elles oeuvrent car pour parler clair on ne viole ni ses soeurs ni ses belles-soeurs.
Remettre en cause le résultat des élections présidentielles et législatives semble un combat d'arrière-garde inutile tout comme espérer des élections provinciales et locales significatives; les élections n'ont de sens qu'auprès des populations urbaines et non auprès des milieux coutumiers traditionnels; tout comme en Europe les chefs traditionnels n'étaient pas éligibles mais imposés par l'usage.
Je ne comprends la raison qui a poussé l'ong Human Rights Watch de dénoncer tout dernièrement (11.09.2012) les toutes récentes atrocités commises par le mouvement M23, personnellement je me méfie des ong depuis le fameux rapport de l'HCDH (Onu) sur le "génocide" hutu perpétré au Congo grâce auquel on a su que les ong ont accueilli, soigné, nourri et "sans doute" alphabétisé les génocidaires hutu.
Écrit par : anneet | 13 octobre 2012
Oui,le président Kabila doit respecter ses engagements face au rwanda et au cndp et ainsi de suite
Écrit par : Kalenga Diela Georges | 13 octobre 2012
Kagame, CNDP, M23, Kanambe (soit disant "Kabila") c'est la même chose.
Tous visent à l'affaiblissement du Congo et à la destruction de sa population.
Sur la scène du théâtre politique on joue une pièce dans laquelle on met en scène un échec de stabilisation.
Mais en réalité Kigali continue la poursuite des buts de la guerre de basse intensité menée contre le Congo et sa population.
Et son premier pion dans cette guerre se nomme Hyppolite Kanambe.
L'objectif est de faire main basse sur les ressources minières du Congo.
Le moyen est la destruction des populations Congolaises dans les régions contrôlées par ceux-là.
Par le génocide pur et simple mené par l'armé Rwandaise sous uniforme "rebelle", la destruction du peu d'infrastructure qui reste et l'usage massif par les Rwandais du viol comme arme de guerre.
Du point de vue de leur objectif commun il n'y a pas d'échec. Au contraire, ils jouent très bien leur rôle.
Les Congolais se rendent maintenant compte que la seule solution viendra d'eux mêmes. Agissant en masses coordonnées pour imposer leur volonté au Congo.
En commençant par le respect de la vérité des urnes.
Écrit par : mabeleyalumumba | 13 octobre 2012
Kagame, CNDP, M23, Kanambe (soit disant "Kabila") c'est la même chose.
Tous visent à l'affaiblissement du Congo et à la destruction de sa population.
Sur la scène du théâtre politique on joue une pièce dans laquelle on met en scène un échec de stabilisation.
Mais en réalité Kigali continue la poursuite des buts de la guerre de basse intensité menée contre le Congo et sa population.
Et son premier pion dans cette guerre se nomme Hyppolite Kanambe.
L'objectif est de faire main basse sur les ressources minières du Congo.
Le moyen est la destruction des populations Congolaises dans les régions contrôlées par ceux-là.
Par le génocide pur et simple mené par l'armé Rwandaise sous uniforme "rebelle", la destruction du peu d'infrastructure qui reste et l'usage massif par les Rwandais du viol comme arme de guerre.
Du point de vue de leur objectif commun il n'y a pas d'échec. Au contraire, ils jouent très bien leur rôle.
Les Congolais se rendent maintenant compte que la seule solution viendra d'eux mêmes. Agissant en masses coordonnées pour imposer leur volonté au Congo.
En commençant par le respect de la vérité des urnes.
Écrit par : mabeleyalumumba | 13 octobre 2012
@anneet
Tu tésides où?
Pourqoui as-tu tjrs lié le M23 au tutsi? Tu justifie l'intervention du Rwanda et pourtant le Rwanda n'a jamais accepté qu'elle intervient aux cotés du M23.
"...simple assisanstance de la personne en danger..." Qui est en danger? Sais tu que ce sont les tutsi qui dirrigeaient et qui dirrigent 80% des secteurs et régiments militaire fardc au Kivu? Sais tu que à Rutshuru dépuis plus de 15 ans la population s'est vue à plus de 5 reprises quitter leurs maisons vers les camps à l'interieur comme à l'exterieur, leurs biens pillés par les rébellions fomentées et dirrigées par des tutsi? Rappelle toi des tous les massacres ciblés signés les tutsi. Veux tu dire que les tutsi sont autorisés d tuer les autres?
Qui est maintenant en danger? Sois sûr que ils se créent de plus en plus des ennemis, la preuve en est qu'ils ont échoué à convaincre les autres peuples.
Qu'ils attendent le retour, ils regretterons. "c'est quand un tambour bat fort qu'il éclatte".
Écrit par : ayijomba | 15 octobre 2012
merci pour tous ces comentaires malheusement les autrorites congolaises ne cherchent que leurs interets personnels.le probleme rwando congolais est un fond de commerce
Écrit par : vianney Bisimwa | 17 octobre 2012
Le pays est vendu.ba congolais tolamuka.allons un peu en arriere,lorsque kassavubu dirigeait,la patrie etait malade des attaques et cessessions partout.le pays etait Congo.pendant Mobutu,les zairois vivaient sans attaques et minutions.Celui qui pourrait aggresser ,mobutu finissait.what happened nowadays to kabila?was mobutu wise done him or is kabila young?je pense le zaire etait bon pays pour les citoyens .nous devons regnagner a ce nom.l effet de changer chaque jour le nom de la republique par les persones qui ont leurs interets traumatise la population.et est un de la rebellion a l est.m23veut son propre republique.chose impossible.nous sommes appeles democratique,impliquez la population dans le changement du nom du pays et pourquoi pas dans toute chose de la nation.
Écrit par : Elvis elisha nyanngezi | 18 octobre 2012
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