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10 octobre 2012

RDC : Hollande joue gros à Kinshasa

La tension est montée d'un cran entre Paris et Kinshasa, à 2 jours de l'ouverture du Sommet de la Francophonie. François Hollande a durcit le ton contre le régime de Joseph Kabila en jugeant la situation "tout à fait inacceptable sur le plan des droits de l'homme". En critiquant Kinshasa et en ne boycottant pas le Sommet, comme le demandait l'opposition, le président français a fini par mécontenter tout le monde. Sa marge de manoeuvre sera extrêmement étroite, samedi à Kinshasa.

filtre DSC02398.jpgLa controverse sur la venue de François Hollande à Kinshasa pour le Sommet de la Francophonie qui doit débuter le 12 octobre n'en finit pas de faire des vagues. La dernière polémique en date émane du président français lui-même. Mardi dernier, dans d'une conférence de presse commune avec le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, François Hollande a déclaré que la situation en République démocratique du Congo (RDC) était "tout à fait inacceptable sur le plan des droits, de la démocratie, et de la reconnaissance de l'opposition".

François Hollande avait beaucoup hésité à se rendre à Kinshasa pour le Sommet de la Francophonie. Les élections frauduleuses de novembre 2011, les nombreuses violations des droits de l'homme, les arrestations arbitraires d'opposants politiques et la reprise de la guerre à l'Est avaient fini par jeter le trouble sur l'opportunité d'organiser le prochain Sommet en République démocratique du Congo.

L'opposition politique avait prôné la "délocalisation" du Sommet dans un autre pays comme cela avait été le cas pour Madagascar en 2010. Les opposants affirmaient que la seule présence du président français, légitimait le pouvoir en place et validait par la même occasion la réélection très contestable de Joseph Kabila. La dernière déclaration tonitruante de François Hollande contre le régime Kabila vise sans doute à rassurer l'opposition congolaise, très en colère contre la venue du président français. Cela suffira-t-il à calmer les esprits contestataires ? Sans doute pas. L'UDPS, le premier parti d'opposition a, certes, mis de l'eau dans son vin en modérant ses appels à manifester, mais le parti d'Etienne Tshisekedi lance tout de même une "occupation des rues et des boulevards". L'UDPS demande à ses sympathisants d'"accompagner" son leader à son tête à tête avec le président français, prévu le 13 octobre à l'ambassade de France de Kinshasa.

Si la venue de François Hollande n'était pas souhaitée par l'opposition, les autorités congolaises sont elles aussi mécontentes par les propos présidentiels. Le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende a estimé ce mardi que la déclaration du président français, qui a jugé "tout à fait inacceptable" la situation de la démocratie dans le pays, ne reflétait "aucune réalité". Avec humour, Lambert Mende a répliqué au président français que si sa déclaration "concernait la situation dans l'Est en proie à un regain d'instabilité", alors "nous sommes tout à fait d'accord: la situation des droits de l'homme est tout à fait inacceptable".

Si l'opposition et les autorités congolaises attendent de pieds fermes François Hollande, avec "quelques reproches à formuler", seul le M23 salue la condamnation du président Hollande sur la situation des droits de l'homme en RDC. Le mouvement rebelle, en guerre contre l'armée régulière au Nord-Kivu, se félicite de la déclaration française : "il n'y a pas de démocratie, ni de droits de l'homme et  l'opposition est marginalisée" approuve le M23. "La communauté internationale commence à reconnaître et à découvrir les vraies réalités de notre pays. C'est parmi les causes de notre lutte armée", conclut le porte-parole de la rébellion à l'AFP.

François Hollande devra donc faire preuve d'habileté politique et de tact diplomatique lors de sa visite express dans le "chaudron congolais", où, mis à part le M23, personne ne semble complètement se satisfaire de sa simple venue. En août dernier, nous avions intitulé notre article sur la présence du président français à Kinshasa : Hollande dans le piège de Kinshasa. En réussissant, pour l'instant, à mécontenter tout le monde, François Hollande continue de s'enfermer patiemment  dans une situation très inconfortable. Pour s'en sortir, le président devra en quelques heures "briller" à Dakar dans un discours "humaniste" au continent africain et devra ensuite "montrer les dents" à Kinshasa face au président Joseph Kabila.Si tel est le cas, nous pourrons mesurer après cette première sortie présidentielle, le poids de la France en Afrique centrale… et même en Afrique tout court.

Christophe RIGAUD - Afrikarabia

Commentaires

Alors qui dit mieu

Écrit par : Kambungu | 11 octobre 2012

Hollande n'obtiendra rien de Kinshasa et risque même un échec du sommet. Il faudra toute l'habileté du commissaire général Isidore Ndaywell pour le sauver.

Écrit par : anneet | 11 octobre 2012

A mon avis, Mr. Hollande fait preuve d'une grande solidarite avec la RDC a travers sa presence a la Francophonie. La sagesse exige qu'on oublie pas son frere en cas de malheure. contrairement a la reponse de l'opposition qui se veut plotot batir un capital politique, Mr. Hollande denonce officiellement les echecs du gouvernement de Kinshasa. Il joint son appel a la voie des Eveques Catholiques Congolais, reunis au sein de la CENCO pour appeller les congolais a la solidarite avec l'Est qui est sous occupation Rwandaise depuis 1996. Mon etonnement consiste a ce que les congolais attendent a ce que le monde exterieur vienne faire leur menage interieur. Que faut-il rellement pour faire comprendre aux congolais que le regime de Kin est a la derive? Le leadership ne consiste pas a abouyer et a brieller par des actes de vandalismes, mais plutot a saisir des opportunuites afin de canaliser la liberation et le progres national. Comme du temps de Mobutu et la confusion Nationale souveraine, l'UDPS continue a laisser passe des opportunuite. La RDC etant souveraine, il n'ya aucune justification d'une intervention exterieure pour le depart force du regime actuel, en moins que les congolais n'en prenne l'initiative.

Écrit par : Peace | 11 octobre 2012

Enfin, monsieur Hollande démontre aux congolais qu'il est de par sa nature social avant d’être socialiste, il sera à Kinshasa pour le sommet de la francophonie, son discours de 7 minutes ne résoudra pas les problèmes de la RDC, il le sait pertinemment bien, il doit commencer par là, sauf que ce discours serait comparable à de l'eau versée sur le dos d'un canard, les gouvernants de la RDC s'agiteront d'avantage parce qu'il y a menace en la demeure, ils sont là à conserver jalousement le fromage qu'il pince entre les dents! Maintenant, ce tiraillement politique entre le pouvoir et l'opposition ne profite pas à la population congolaise tout entière sauf les extrémistes de la gauche et de la droite!!!!

Écrit par : Lelo | 11 octobre 2012

Monsieur HOLLANDE souffle le chaud et le froid , c'est un vrai jeu d'équilibriste . Quoiqu'il fasse il y a fort à parier que Hollande choisira l'apaisement en lieu et place de la confrontation où il risque de tout perdre : Pas d'assurance de la part de l'opposition et la méfiance de la majorité.
Il y a même un gros risque que HOLLANDE consacre hélas la défection de la RDC depuis longtemps tentée par l'expérience rwandaise son "ennemi intime " de toquer à la porte du Commanwelt.
Attendons voir

Écrit par : Théophile | 11 octobre 2012

de la comédie humaine que joue François Hollande

Écrit par : JEEF | 11 octobre 2012

Je ne vois pas en quoi Hollande joue gros dans cette histoire.

Il se rend à Kinshasa à contre-coeur et ce petit accès de colère n'est rien que le constat qu'il a été roulé dans la farine par ce gouvernement fantôche.

Il avait préalablement délégué sa ministre à la francophonie pour "nettoyer" le terrain et s'assurer que sa visite sera faite sous le vernis démocratique du changement au Congo (respect des droits de l'homme, proces Chebeya,...)

Or, il n'en fut rien. La commission electorale n'a pas été reformée et le procès Chebeya a été post-posé aux calandres grecques.

Hollande ne vient que sur la forte pression de véolia (pour l'uranium) et de bouygues telecom (qui compte investir dans une licence telecom).

kabila dégoute tout le monde -souvenons-nous de sa prestation de serment - personne ne veut s'afficher à ses cotés. Nul n'ignore son passé, son indigence intellectuelle et la violence de son régime

La palme de la médicrité intellectuelle est à remettre à l'inaltérable mende qui ose dire qu'il revient au peuple congolais de décider ce qui est bon pour lui.
Quand on sait de quelle manière ce régime s'est maintenu au pouvoir, on ne peut regretter que le ridicule ne tue pas.

Écrit par : Mokinzi | 11 octobre 2012

Tout cela est la faute des congolais. Personne ne sait, personne ne veut.
Il suffit de leur tendre tendre la main, ils se mettent à genoux et disent des prières.
Nous avons vu des femmes criant pour avoir reçu un pagne et une invitation pour un spectacle de la francophonie de la première dame.
Ventre affamée, n´a point d´oreilles ni des convictions.

Idem pour Mende, il parle pour son ventre et non point pour un idéal politique. Le Congo des braves hommes, ce n´est pas pour demain.

Écrit par : Pax | 11 octobre 2012

La crainte de perdre la RDC dans la communauté francophone l'a emporté sur toutes les autres considérations. Hollande ne pouvait pas supporter d'être pointé comme celui par qui le scandale arrive.
C'est dommage qu'un pays respectueux de certains principes moraux, comme la France cède au chantage alors qu'on l'a vu refuser de négocier avec les preneurs d'otages !
J'estime que le vin est tiré, il faut le boire, et le boire jusqu'à la lie. Convenons avec cet écrivain qui disait que les grandes nations n'ont pas d'amis, ils n'ont que des intérêts. Le Congo (kanambiste) a recherché ses intérêts et les a trouvés; la France hypocrite a trouvé les siens. Car si les Français avaient pris le courage de constater le vide juridique qu'il y a au Congo du fait du rapt électoral, ils auraient purement et simplement ignoré nos tricheurs patentés dans leur coin pour vaquer ailleurs. Le peuple congolais n'aurait pas oublié ce geste ni rejeté la langue française que Kanambe a apprise de la manière qu'on sait.
Les alliances peuvent se défaire et se refaire lorsqu'on dispose d'un peu de bonne foi.
Si je ne m'abuse, la francophonie est aussi cette sorte d'amitié qu'on recherche entre locuteurs de la langue française. Or, un auteur latin l'avait dit, une amitié vraie ne peut exister qu'entre gens honnêtes. Doit-on conclure que dans l'autre camp aussi existe une amitié non sincère ?
L'histoire nous jugera sévèrement sur nos complicités même si elles nous ont rapporté gros sous !
Almabit

Écrit par : Almabit | 12 octobre 2012

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