Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

23 janvier 2008

Nord-Kivu : Nkunda signe la paix à Goma

Après quelques cafouillages, on n'y croyait plus... les négociateurs du gouvernement de Kinshasa et les groupes rebelles ont signé un accord pour mettre fin à des années de combats dans la province du Nord-Kivu. Un représentant de Laurent Nkunda a été le premier à signer le document lors d’une cérémonie à laquelle participait le président Joseph Kabila. Des journalistes étaient présents sur place. Le représentant de Nkunda a été suivi par les délégués d’autres groupes armés. Que contient cet accord ? Début de réponse.

Afrikarabia logo.pngLes rebelles congolais du général Laurent Nkunda ont signé avec le gouvernement de Kinshasa et la milice Maï-Maï pour mettre fin aux affrontements au Nord-Kivu. Kambasu Ngeve, représentant de Nkunda, a signé le document lors d’une cérémonie à Goma en présence du président Joseph Kabila et d’ambassadeurs. L’accord de paix, qui prévoit un cessez-le-feu, a été conclu au terme de deux semaines d’intenses négociations à la conférence de Goma organisée sous l’égide des Nations unies, de l’Union européenne et des Etats-Unis. Mais tout en saluant dans cet accord une chance de paix durable au Congo, les observateurs occidentaux soulignent, au vu de l’échec de précédentes tentatives de cessez-le-feu dans la région, que sa mise en oeuvre s’annonce difficile. Les Nations unies et les gouvernements occidentaux ont exercé d’intenses pressions diplomatiques en faveur de la signature de l’accord dans l’espoir qu’il mettrait fin aux combats qui se sont poursuivis dans l’est de la RDC après la fin officielle de la guerre de 1998-2003. L’ancienne colonie belge renferme des minerais stratégiques - cuivre, or, diamants, uranium et coltane - convoités tant par les Occidentaux que par les Chinois. Sa superficie et sa situation au centre de l’Afrique en font un élément essentiel pour la stabilité du continent.

Cessez-le-feu et zone tampon

L’accord impose un cessez-le-feu immédiat et la création dans un délai de cinq jours d’une zone-tampon où patrouilleront des casques bleus. "C’est un jalon important pour la paix dans l’est du Congo. Mais ce n’est qu’un début et la route qui s’ouvre sera difficile", prévient Anneke Van Woudenberg, spécialiste du Congo et chercheuse à l’ONG Human Rights Watch. Tim Shortley, représentant du département d’Etat américain, souligne que l’accord implique le désengagement de l’ensemble des 25 groupes armés au Nord et au Sud-Kivu. Le texte prévoit l’instauration d’une commission technique pour superviser le désarmement des rebelles de Nkunda et des Maï-Maï et leur intégration à l’armée nationale ou leur démobilisation. Le gouvernement a, de son côté, promis aux Maï-Maï et aux rebelles de Nkunda une loi d’amnistie portant sur l’insurrection et les faits de guerre. Mais des observateurs relèvent que l’accord de paix ne précise pas clairement le sort de Nkunda. "Nous savons tous que Nkunda ne bénéficiera pas de l’amnistie (...) Il faudra qu’ils trouvent un moyen de régler (ce problème)", note Henri Boshoff, analyste militaire à l’Institut sud-africain des études de sécurité. Peu avant la signature, Nkunda avait donné son feu vert après avoir rencontré mercredi ses négociateurs pour procéder à des mises au point de dernière minute. "Il y avait des points sur lesquels nous devions discuter, en particulier concernant le cessez-le-feu", a déclaré René Abandi, porte-parole de Nkunda. Les trois parties auraient dû signer l’accord mardi, mais des désaccords de dernière minute émanant du camp Nkunda avaient empêché la signature. La mise en oeuvre de l’accord dépendra aussi des efforts pour régler la question de la présence dans l’est du Congo de rebelles des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), ennemis traditionnels de Nkunda. Ces rebelles hutus rwandais n’ont pas été invités à la conférence de paix de Goma.

Le Congo a signé à la fin de l’an dernier avec le Rwanda un accord promettant de chasser les FDLR, dont certains chefs sont responsables du génocide de 1994 au Rwanda, qui a coûté la vie à 800.000 Tutsis et Hutus modérés. Nkunda a justifié sa rébellion, en 2004, par la nécessité de protéger la minorité tutsie de l’est du Congo contre les attaques des FDLR.

45.000 morts par mois

Au cours de l’année écoulée, les combats entre soldats gouvernementaux, miliciens Maï-Maï et insurgés tutsis fidèles à ont entraîné le déplacement de 400.000 civils. D’après l’ONG International Rescue Committee (IRC), le conflit et la crise humanitaire qui l’a accompagné ont fait 5,4 millions de morts en une décennie, plus que n’importe quel autre conflit depuis la Seconde Guerre mondiale. Les combats, la maladie et la malnutrition tuent chaque mois 45.000 personnes en République démocratique du Congo, estime l’IRC dans une étude publiée mardi. Les premières causes de mortalité dans le pays, aggravées par les combats, sont le paludisme, la dysenterie, la pneumonie et la malnutrition, montre l’enquête. Cette étude a été conduite de janvier 2006 à avril 2007 auprès de 14.000 foyers dans l’ensemble des onze provinces du pays. Elle met à jour le précédent bilan de la guerre et ses conséquences qui s’élevait à 4 millions de morts. L’IRC estime à 727.000 le nombre de personnes mortes en sus du seuil de mortalité habituel au cours de la période d’enquête. Les enfants de moins de cinq ans sont les plus touchés, près de la moitié de tous les décès, même s’ils représentent 19% de la population. Selon Richard Brennan, un des auteurs de l’étude, le taux de mortalité du pays est supérieur de près de 60% à la moyenne de l’Afrique sub-saharienne.

Les commentaires sont fermés.