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16 mai 2013

RDC : La Monusco impuissante à Pinga ?

La ville de Pinga, à l'Est de la République démocratique du Congo (RDC) s'est vidée de la moitié de sa population à la suite de violents combats entre deux groupes armés fin avril. La passivité des casques bleus sud-africains à Pinga fait douter de l'efficacité de la future Brigade d'intervention spéciale de l'ONU qui se déploie actuellement au Nord-Kivu.

Logo Afkrb.pngQue s'est-il passé à Pinga fin avril 2013 ? De violents affrontements ont opposé deux groupes rebelles congolais pour le contrôle de cette localité de 60.000 habitant, dans la province du Nord-Kivu. Le 29 avril, les Maï-Maï Cheka se sont emparés de Pinga en y chassant les rebelles de l'Alliance pour un Congo libre et souverain (APCLS). Au coeur du conflit : des problèmes fonciers, le pillage des ressources naturelles, mais aussi la lutte, par milices interposées, entre la rébellion du M23 et le gouvernement congolais. En effet, les Maï-Maï Cheka, ont noué une alliance de circonstance avec le M23, alors que l'APCLS fait office de milice supplétive de l'armée régulière congolaise (FARDC).

"La moitié de la population a fui"

Les combats ont été d'une rare violence et la population civile a été la première victime des affrontements. Médecins sans frontière (MSF), seule ONG présente sur place, a indiqué que "la moitié de la population de Pinga avait fui leurs habitations". 11 membres du personnel congolais de MSF ont également été portés disparus à la suite des combats, avant d'être retrouvés sains et saufs quelques jours plus tard. Depuis les combats de la fin avril, la situation reste "tendue et imprévisible" à Pinga, selon MSF, qui continue de mener son travail dans des conditions extrêmement difficiles.

Que fait la Monusco ?

Ces affrontements auraient-ils pu être évités ? Ironie du sort : une base de la Monusco, la mission des Nations unies pour le Congo, se trouve justement à Pinga. Depuis le début des combats entre milices, les civils s'y sont regroupés aux alentours pour se mettre à l'abri, mais la Monusco n'est pas intervenue sur la terrain. Un expert de la région nous confiait "qu'aucune patrouille n'avait eu lieu", "ni pas de survol à basse altitude pour dissuader les groupes armés", comme c'est quelquefois le cas.

Seconde ironie de la situation à Pinga : les soldats de la Monusco présents sur place viennent... d'Afrique du Sud. Les mêmes soldats sud-africains sont attendus avec impatience au Nord-Kivu dans le cadre de la Brigade d'intervention spéciale de l'ONU, censée éradiquer les groupes armés à l'Est de la République démocratique du Congo. Cette Brigade de 3.069 soldats devraient venir "muscler" les 17.000 casques bleus, déjà présents en RDC, avec un mandat plus "offensif". Pour ce spécialiste de la région, "la situation à Pinga présage de ce qui pourrait se passer avec la Brigade d’intervention qui est en train d’être déployée".

Inaction de la Brigade d'intervention ?

La passivité de la Monusco à Pinga augure mal de l'efficacité de la future Brigade. Toujours selon cet expert, la Monusco se retranche derrière l'inaction de l'armée régulière (FARDC) pour justifier sa non-intervention. "La Monusco, explique-t-il, affirme ne pas pouvoir intervenir sans les FARDC, alors que son mandat (la résolution 2098) le lui permet parfaitement". Une attitude qui fait craindre une "lecture à minima" de leur mandat, avec une efficacité forcement réduite. Ce que craint cet expert, c'est "l'inaction totale de la future Brigade d'intervention au nom de la non mise en danger du personnel des Nations unies". Un risque que n'a visiblement pas fait courir l'Afrique du sud à ses soldat de Pinga fin avril. "Tout au plus, souligne ce spécialiste, cette Brigade ne servira qu'à contenir le M23 et les FDLR, sans réellement lutter contre les nombreux autres groupes armés."

Christophe RIGAUD - Afrikarabia