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13 novembre 2013

Le site Afrikarabia a changé d'adresse

Vous pouvez désormais retrouver les articles d'Afrikarabia sur son nouveau site: www.afrikarabia.com

Bonne lecture !     

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12 novembre 2013

RDC : Le site Afrikarabia fait peau neuve

Afrikarabia.com redessine son site internet. Consacré à l'actualité en République démocratique du Congo et en Afrique centrale, Afrikarabia propose désormais une architecture plus éditorialisée et des contenus enrichis sur www.afrikarabia.com.

Capture d’écran 2013-11-12 à 21.17.21.pngAfrikarabia fait sa mue. Nouvelle présentation, nouveau design, le site internet consacré à l'actualité de la  République démocratique du Congo et à l'Afrique centrale vient de lancer mardi 12 novembre  sa nouvelle version web : www.afrikarabia.com. Depuis 2008, Afrikarabia s'attache à rendre compte, analyser et décrypter l'actualité congolaise et régionale. Avec 2,5 millions de pages vues et 700.000 visiteurs pour l'année 2012, l'audience du site, cumulée avec le blog Afrikarabia sur Courrier International, a progressé de 12% en 2013.

Le nouveau site Afrikarabia propose un design épuré ainsi qu'une page d'accueil plus riche, classée en rubriques, et munie d'un moteur de recherche. Tous les articles seront désormais "partageables" sur les réseaux sociaux. Un accès direct au compte Twitter et à la page Facebook d'Afrikarabia est également accessible depuis la page d'accueil. Afrikarabia revendique toujours son indépendance éditoriale et financière ainsi que sa liberté de ton. Merci à tous nos lecteurs pour leur confiance. Rendez-vous désormais sur : www.afrikarabia.com

Christophe RIGAUD - Afrikarabia

11 novembre 2013

Kampala : Les raisons d'un échec

La signature de l'accord de paix entre le gouvernement congolais et les rebelles du M23, prévue le 11 novembre à Kampala, a été reportée sine die. En cause : la dénomination du texte, mais aussi le sort des ex-rebelles, la transformation du M23 en parti politique et des raisons de politique intérieure. Explications.

montagnes kivu.jpgNouvel échec à Kampala. L'accord de paix entre les autorités de République démocratique du Congo (RDC) et la rébellion du M23 fixé, le 11 novembre en Ouganda, n'a pas été signé et aucune nouvelle date fixée. Pourtant jusqu'au dernier moment, tout semblait être déjà écrit. L'Ouganda, la communauté internationale et les rebelles, annonçaient en coeur ,à qui voulait l'entendre, un "accord historique" pour l'Est du Congo. Mais à 17h00 ce lundi, quelques minutes avant la signature, le gouvernement congolais a fait volte-face. Pour quelles raisons ?

Le chat et la souris

Pour le comprendre, il faut faire un petit retour en arrière. Le gouvernement congolais s'est toujours rendu aux négociations de paix de Kampala à reculons. Des pourparlers jugés "humiliants" par Kinshasa. La prise de la ville de Goma par les rebelles du M23 en novembre 2012 pousse le gouvernement congolais, sous pression internationale, à engager un dialogue avec la rébellion. Les rebelles se retirent alors de Goma et Kinshasa accepte d'"écouter" les revendications de la rébellion. Kampala ouvre les pourparlers le 9 décembre 2012. Pendant onze mois, rebelles et autorités congolaises jouent au chat et à la souris en Ouganda. Aucune des deux parties ne veut faire de concessions. A l'époque le M23 domine militairement l'armée congolaise et Kinshasa ne souhaite rien lâcher aux rebelles sous prétexte d'affaiblir son régime déjà mal en point après la réélection contestée de Joseph Kabila. Mais rapidement le vent tourne sur le terrain militaire.

La Brigade arrive, les parrains s'abstiennent

La communauté internationale, accusée d'inefficacité à l'Est du Congo depuis 10 ans, décide de montrer ses muscles face aux rebelles. Une première. L'ONU décide de créer une Brigade d'intervention munie d'un mandat offensif, chargé de "neutraliser les groupes armés". Entre temps, Joseph Kabila, poussé par la pression politique, réorganise ses bataillons dans les Kivus. Kinshasa change le commandement des FARDC et décide (enfin) de nourrir, payer et armer ses soldats. Résultat : en quelques semaines, l'offensive des FARDC, appuyée par l'ONU, chasse les rebelles de tous ses bastions du Kivu. Dernier coup de grâce : les parrains rwandais et ougandais, sous pression de l'ONU et des Etats-unis,  refusent de venir en aide au M23. Les rebelles s'enfuis vers l'Ouganda et le Rwanda. Fin de partie pour le M23 qui annonce le 5 novembre 2013 "mettre un terme à sa rébellion".

Changement de cap

A ce moment précis, que reste-t-il à négocier à Kampala ? Rien. Joseph Kabila à gagner militairement (une première) et souhaite bien en tirer partie politiquement. Toute concession à la rébellion accréditerait la thèse, très répandue à Kinshasa, du double jeu que jouerait le président Kabila : combattre les rébellions tout en donnant des gages à Kigali. En 2009, après l'arrestation du rebelle Laurent Nkunda par le Rwanda, Joseph Kabila à inviter les troupes de Kigali sur le sol congolais pour lutter contre les rebelles hutus des FDLR. A l'époque, cette "collaboration" avait beaucoup divisée à Kinshasa. En 2013, la stratégie du président Kabila a changé. Le président Kabila cherche à briguer un troisième mandat et la popularité acquise après les victoires de l'armée congolaise pourrait lui être bien utile pour changer à sa convenance la Constitution qui lui interdit de se représenter en 2016.

Les raisons de l'échec

A Kampala, Kinshasa a donc un tout autre agenda dans la tête qu'une simple signature d'un accord de paix avec le M23. A la veille de nommer un nouveau gouvernement censé élargir sa majorité présidentielle, Joseph Kabila est particulièrement sensible aux appels de la classe politique congolaise qui le somme de ne rien concéder aux rebelles : ni intégration dans l'armée, ni intégration politique et encore moins partage du pouvoir. Ce lundi, la délégation gouvernementale a donc rejeter plusieurs points de l'accord avec le M23. Tout d'abord le terme du document : "accord de paix". Kinshasa souhaitait signer une "déclaration" signifiant la reddition du mouvement armé.  Voilà pour la version officielle donné par le facilitateur ougandais. Mais dans la balance, le sort des ex-rebelles a également pesé dans le "report" de signature. Kinshasa voudrait voir les principaux chefs militaires du M23 jugés au Congo pour les crimes commis. Mais pour le moment, l'Ouganda qui abrite le commandant militaire du M23, Sultani Makenga, a fait connaître son refus de livrer les rebelles. Kinshasa a donc "puni"  Kampala par son refus de signer l'accord ce lundi. Concernant la mutation du M23 en parti politique, la délégation gouvernementale semble également avoir fait marche arrière. Désormais Kinshasa ne souhaite pas voir ce mouvement intégrer l'échiquier politique congolais. Raison invoquée : le M23 n'est pas un parti agréé par les autorités congolaises. Raison moins avouable : les autres partis politiques que tente actuellement de séduire Joseph Kabila pour intégrer son gouvernement d'union nationale, verraient l'arrivée du M23 à Kinshasa d'un très mauvais oeil. Ce sont donc des raisons de politique intérieure qui ont forcé Joseph Kabila à reculer juste avant la signature de l'accord ce lundi. Il n'y a donc pas de vraie surprise dans cet échec de Kampala. Sans date fixée pour un nouveau rendez-vous, la balle est désormais dans le camp ougandais et rwandais. Kampala et Kigali doivent régler la difficile équation du sort des chefs militaires du M23.

Christophe RIGAUD - Afrikarabia

Photo : Montagnes du Kivu © DR

05 novembre 2013

RDC : Un nouveau scénario s'écrit au Kivu

Les rebelles du M23 ont annoncé mardi 5 novembre la fin de leur mouvement après la victoire militaire de l’armée congolaise. Thierry Vircoulon, d'International Crisis Group (ICG), analyse les nouveaux changements intervenus dans la région au terme de 18 mois de conflit.

Thierry Vircoulon 2013 1.jpgLe M23, c'est fini. La rébellion a annoncé ce mardi matin "mettre un terme" à son mouvement, après avoir été chassée par l'armée congolaise de ses dernières positions militaires. Les rebelles du M23 occupaient depuis plus d'un an, 700 km2 de territoire au Nord-Kivu et s'étaient emparés brièvement de la ville de Goma fin 2012. Thierry Vircoulon, responsable du programme Afrique centrale d'International Crisis Group (ICG) décrypte pour nous le dénouement de cette crise.

- Afrikarabia : Quelles sont les raisons de la défaite du M23 ?

- Thierry Vircoulon : La débâcle du M23 est le résultat de plusieurs facteurs. Le premier, se sont les sanctions économiques contre le Rwanda (accusé de soutenir la rébellion, ndrl). Il y a ensuite les pressions diplomatiques et l'isolement de Kigali. Troisième facteur : la formation d'un binôme tactique efficace entre la Brigade d'intervention de l'ONU et l'armée congolaise. Enfin, la défaite du M23 signe également l'échec politique de cette rébellion. Le M23, qui s'est présenté comme un mouvement politico-militaire, a été profondément rejeté par la population congolaise du Nord-Kivu. Cela sanctionne tous ces mouvements armés qui n'ont pas d'assises populaires.

- Afrikarabia : Les relations diplomatiques ont également évolué pendant ce conflit ?

- Thierry Vircoulon : Il y a eu ce que l'on pourrait appeler un "alignement des planètes" francophones et anglophones sur le dossier rwandais. En clair, il y avait le couple France-Belgique d'un côté et le couple Grande-Bretagne-Etats unis de l'autre. On sait que depuis le génocide de 1994, les points de vue étaient "différents" sur la région. Aujourd'hui, tout le monde se retrouve pour dire que cette politique de contrôle indirect et d'interférence de Kigali au Congo, ne peut plus durer.

- Afrikarabia : Sur le plan militaire, cette nouvelle combinaison entre les casques bleus de la Monusco et l'armée congolaise est une première ?

- Thierry Vircoulon : C'est en effet une nouvelle forme de "peacekeeping". Ce  travail en "quasi symbiose" entre la Monsuco et les FARDC a clairement permis de renverser le rapport de force sur le terrain. Il y a eu un réel travail de planification militaire. L'étau s'est d'abord resserré autour du M23, dans les environs de Goma, fin juillet et ensuite, à partir du mois d'août, l'offensive a été portée en territoire rebelle vers le Nord. Cela témoigne d'une coordination tactique très étroite entre l'ONU et l'armée congolaise.

- Afrikarabia : L'armée congolaise a-t-elle changé ?

- Thierry Vircoulon : Les FARDC connaissent une forme de "renaissance". On se rappelle de l'état de l'armée, l'année dernière au moment de la prise de Goma par les rebelles : débâcle, pillages, viols, corruption... Pendant les offensives de ces derniers jours, au contraire, le comportement des militaires a été, de ce que nous savons, tout à fait professionnel. C'est une rupture.

- Afrikarabia : Pourquoi une telle transformation de l'armée congolaise ?

- Thierry Vircoulon : C'est d'abord le fruit d'une volonté au plus haut niveau de l'Etat de gagner militairement. Ensuite, il y a eu un changement de commandement. Le général Gabriel Amisi, qui commandait les forces armées dans l'Est du pays, a été suspendu et "éloigné" à Kinshasa. La corruption semble avoir également été stoppée dans ces unités, qui soudainement se sont trouvées approvisionnées, nourries et payées. Malgré toutes ces années de "sur-place" dans la réforme de l'armée, ce n'était donc pas si difficile que cela ! A partir du moment où le chef de l'Etat veut remettre de l'ordre dans certaines unités de l'armée, c'est possible ! La question est maintenant de savoir si ce modèle peut s'étendre au sein des autres unités de l'armée congolaise.

- Afrikarabia : Un nouveau scénario est donc en train de s'écrire dans la région ?

- Thierry Vircoulon : Il y a une nouvelle donne sur le plan de la politique régionale : la mise en place de l'accord d'Addis-Abeba. Cet accord implique la "non-interférence" des pays voisins au Congo. Une ligne rouge a été clairement fixée pour le Rwanda et l'Ouganda. Pour le moment, Kigali a décidé de lâcher le M23. Mais à moyen terme, on peut se demander si cette position va durer. Il y a ensuite une nouvelle donne militaire, avec la présence de la Brigade d'intervention de l'ONU. La question maintenant est de savoir : après le M23, vers quel autre groupe armé va se tourner cette Brigade ? Les FDLR vraisemblablement. Ce binôme tactique Monusco-FARDC sera-t-il aussi efficace contre les autres groupes armés, que contre le M23 ? Le M23 avait une configuration militaire très conventionnelle. Les autres groupes armés (FDLR, ADF-Nalu, LRA... ) agissent sur un mode de guérilla difficile à combattre.

- Afrikarabia : Comment faire pour transformer cette victoire militaire en victoire politique et installer une paix durable ?

- Thierry Vircoulon : La solution politique, c'est l'accord d'Addis-Abeba de février 2013 : non-ingérence des voisins, envoie d'une force internationale pour neutraliser les groupes armés et nécessité de faire des réformes pour le gouvernement congolais. Cet agenda est en train d'être mis en oeuvre. Première mise en oeuvre : défaite du M23. Deuxième mise en oeuvre : la tenue de concertations nationales à Kinshasa. Et troisièmement : le fait que Kigali cesse de soutenir des mouvements armés de l'autre côté de la frontière. Le règlement politique du problème, ce n'était pas un accord de plus entre un groupe armé et le gouvernement congolais à Kampala, mais la mise en oeuvre de cet accord d'Addis-Abeba.

- Afrikarabia : C'est une victoire politique pour le président Joseph Kabila ?

- Thierry Vircoulon : Tout à fait. La crise du M23 avait été un choc politique pour le régime congolais. La prise de Goma par les rebelles avait été une humiliation totale, doublée d'un fort mécontentement des populations du Nord-Kivu. Pour redorer son blason, Kinshasa n'avait pas d'autre choix que d'en finir militairement avec le M23. Opposition et majorité étaient unanimes pour une solution militaire contre ce mouvement armé qui était considéré comme un appendice de Kigali. Avec la débâcle des rebelles, les masques sont tombés : les politiques du M23 se sont enfuis à Kampala, tandis que les militaires se sont enfuis au Rwanda. C'est ce que l'on peut appeler la "division du travail".

Propos recueillis par Christophe RIGAUD - Afrikarabia

Photo : Thierry Vircoulon à Paris - novembre 2013 © Ch. Rigaud www.afrikarabia.com

04 novembre 2013

RDC : Bisimwa ordonne "la cessation des hostilités"

Le leader politique de la rébellion du M23 a ordonné ce dimanche à ses troupes de "cesser les hostilités" contre l'armée régulière. Mais les combats se poursuivent autour des derniers bastions rebelles à Tchanzu, Mbuzi et Runyonyi, où sont retranchés les chef militaires du mouvement.

comm presse M23.jpgDimanche 3 novembre, depuis Kampala où se tiennent les négociations de paix entre gouvernement congolais et rebelles M23, le président politique du mouvement a ordonné "la cessation des hostilités" au Nord-Kivu. Dans un communiqué, Bertrand Bisimwa appelle ses troupes à "s'abstenir de tout acte ou comportement contraire à cet ordre, ceci pour permettre la poursuite du processus politique". Le président du M23 déclare ensuite que "le chef d'état-major, ainsi que les commandants des grandes unités, sont priés de veiller à la stricte observance de cet ordre par les éléments sous leur commandement". L'ordre sera-t-il respecté dans les collines de Tchanzu, Mbuzi et Runyonyi, aux frontières du Rwanda et de l'Ouganda où sont retranchés les rebelles ? Rien n'est moins sûr. Le numéro 1 de la rébellion, le colonel Sultani Makenga se trouve toujours dans le parc des Virunga aux prises avec les troupes gouvernementales. Selon Radio Okapi, les rebelles seraient entre 200 et 300 dans les collines et résistent toujours aux bombardements FARDC soutenus par les casques bleus de la Monusco.

A Kampala, où se tiennent les négociations, un accord serait toujours proche d'être signé. Le cantonnement des ex-rebelles, en débat depuis plusieurs jours, s'effectuerait, selon certaines sources, en deux étapes. Une première d'abord dans le Nord-Kivu et une seconde, dans les autres provinces congolaises. Quant à l'amnistie des chefs rebelles, Kinshasa la souhaite toujours "sélective", ce qui bloque toujours du côté des rebelles. Seule indication sur le calendrier des négociations : la date du 9 novembre a été avancée pour la clôture des pourparlers. Kinshasa compte bien utiliser ce temps pour forcer les derniers rebelles à se rendre.

Lundi 4 novembre, selon Radio Okapi, le M23 a bombardé Bunagana depuis 7h30 du matin. Le marché et un poste de police de la ville ont été touchés. Un premier bilan fait état de 4 morts. Malgré le cessez-le-feu demandé par la branche politique du M23, les militaires semblent vouloir jouer les prolongations. La question de l'amnistie des chefs rebelles est toujours sur la table des négociations. Un exil dans des pays hôtes serait en cours de discussion.

Christophe RIGAUD - Afrikarabia

03 novembre 2013

RDC : Kamerhe "ne laissera pas Kabila tranquille" jusqu'en 2016

La victoire militaire de l'armée congolaise sur les rebelles du M23 redonne une  nouvelle légitimité à Joseph Kabila, jusque là affaibli par la guerre à l'Est et les élections contestées de 2011. Une nouvelle donne pour l'opposant Vital Kamerhe qui soupçonne le président congolais de vouloir jouer les prolongations après 2016.

Vital Kamerhe filtre oct .jpgSi Vital Kamerhe se réjouit des victoires militaires de l'armée nationale (FARDC) sur la rébellion du M23, l'opposant au président Joseph Kabila n'est jamais très loin. Rencontré lors de son passage à Paris, Vital Kamerhe estime que "la victoire militaire sur le M23 ne suffit pas". "Il ne faut pas recommencer les erreurs du passé, notamment avec une signature avec les seuls rebelles à Kampala", explique le président de l'UNC. "La solution au conflit est politique et se situe à un niveau beaucoup plus élevé. Il faut que les chefs d'Etat de la région impliqués dans cette guerre, Kabila, Kagame et Museveni, prennent l'engagement ensemble de se transformer en partenaires pour la consolidation de la paix et du développement". Une manière de souligner l'apathie du président congolais dans ce conflit. "Il a fallu la pression de la communauté internationale et l'appui militaire de la Brigade de la l'ONU pour arriver à ce résultat. On attend toujours la présence du chef des Armées, Joseph Kabila, sur place".

Gouvernent d'union nationale : "c'est non"

Vital Kamerhe ne nie pas que la séquence de la victoire militaire sur le M23 est plutôt favorable à Joseph Kabila. Le président congolais pourrait en retirer des bénéfices politiques et un peu de sa légitimité perdue après sa réélection contestées de novembre 2011. Mais le temps politique ne se joue pas à court terme et Vital Kamerhe n'a qu'un objectif dans le viseur : 2016 et la prochaine présidentielle. Trois ans pour peaufiner son image d'opposant numéro au président Kabila. Pour Vital Kamerhe, les (tardives) réussites militaires de Joseph Kabila ne doivent pas masquer un bilan politique désastreux. "Ce n'est pas moi qui le dit", note le président de l'UNC, "ce sont les 700 recommandations des Concertations nationales. Après 12 ans de pouvoir, les concertateurs viennent  de lui démontrer que dans tous les domaines de la société, rien ne va au Congo ! Il faut tout de même féliciter le président Kabila d'avoir accepté dans ces Concertations, une forme d'auto-critique !". Quant au gouvernement d'union nationale proposé à l'issu des Concertations : "C'est non. Nous sommes très clair et cohérent sur la question. Avec tous les partenaires de l'UNC nous avons dit que laisserions ceux qui ont triché en 2011, gouverner jusqu'en 2016".

"Kabila pourra dire qu'il n'y a plus d'argent pour organiser les élections"

2016, date de l'alternance politique ? C'est ce qu'aimerait bien croire Vital Kamerhe. Mais l'ancien directeur de campagne de Joseph Kabila a de sérieux doutes sur le calendrier. "Normalement, Joseph Kabila doit gouverner jusqu'au 19 décembre 2016 à minuit" précise Kamerhe. Dans son discours devant le Congrès, Joseph Kabila a rappelé qu'il allait respecter "l'esprit et la lettre de la Constitution" qui l'empêche de se représenter en 2016.  Mais Vital Kamerhe ne croit pas à cette promesse. "Aubin Minaku, le président de l'Assemblée, a affirmé que Joseph Kabila ne briguerait pas un troisième mandat. Il a été très clair. Mais c'était essentiellement pour calmer les Congolais et la communauté internationale. Après la présidentielle et les législatives de 2011, on nous a demandé d'attendre pour les élections provinciales. Maintenant on nous dit que l'on va en fait commencé par les élections locales, municipales et urbaines, avant les provinciales. Or, pour ces élections locales, il y a une difficulté de taille, qui risque de nous prendre beaucoup de temps : il y a 7.000 circonscriptions électorales, alors qu'il n'y en a que 200 pour les élections provinciales. Je connais bien le président et j'ai le sentiment qu'il veut jouer les prolongations". Vital Kamerhe explique cette "subtilité du pouvoir" : "En organisant les élections locales d'abord, cela risque de prendre plus de temps que prévu et surtout, le président Kabila pourra dire qu'il n'y a plus d'argent pour organiser les autres élections. On met alors en sourdine la Constitution sans la modifier et on organise une période de transition de 2 ans avec une année renouvelable. Nous sommes déjà en 2020 ! Le temps de préparer de nouvelles élections nous serons en 2021 ou 2022 ! Joseph Kabila pourra alors tranquillement se représenter puisqu'il aura remis les compteurs à zéro en partageant le pouvoir pendant la transition". Des affirmations que ne vient pas vraiment contredire Lambert Mende, le porte-parole du gouvernement, lorsqu'il a affirmé que "les dates sont moins importantes que la crédibilité des élections, c'est-à-dire, leur bonne organisation". Comme pour prendre à témoin la communauté internationale de ce "tripatouillage" du président Kabila pour rester au pouvoir, Vital Kamerhe explique que "Kabila se trompe, puisque nous ferons tout pour ne pas le laisser tranquille jusqu'en 2016".

Porte-parole de l'opposition ?

En attendant, l'ancien candidat à la présidentielle de 2011, arrivé à la troisième place, prépare son prochain objectif politique : obtenir le poste de porte-parole de l'opposition congolaise. Reconnue par la Constitution, cette fonction consacre une personnalité politique d'opposition comme l'interlocuteur principal avec le pouvoir en place. Un poste qui ferait de Vital Kamerhe le leader naturel de l'opposition pour les prochaines échéantes électorales. Si Kamerhe refuse d'entrer au gouvernement, il ne demande qu'une seule chose à Joseph Kabila : "laisser les présidents des deux chambres convoquer une plénière des députés-sénateurs de l'opposition pour qu'ils  se choisissent leur porte-parole et qu'ils mettent en place les structures de l'opposition". Pour l'heure, Joseph Kabila ne s'est pas montré très pressé pour accélérer la nomination de cette personnalité… surtout s'il s'agit de couronner son ancien bras droit et désormais ennemi Kamerhe. Mais Vital Kamerhe est patient. Trois ans le sépare de la présidentielle de 2016… sauf prolongation. Dans cette hypothèse, Vital Kamerhe nous a affirmé avoir déjà "un plan B".

Christophe RIGAUD - Afrikarabia

Photo : Vital Kamerhe à Paris le 30 octobre 2013 © Ch. Rigaud www.afrikarabia.com