23 janvier 2012
RDC : l'ARP de Munene attend son heure
Alors que la République démocratique du Congo (RDC) s'enfonce dans une crise politique et institutionnelle profonde, après la réélection contestée de Joseph Kabila, le mouvement de résistance du général Faustin Munene s'active. Afrikarabia a rencontré le porte-parole de l'Armée de Résistance Populaire (ARP), Jean Kalama Ilunga, qui confirme qui les militaires qui ont rejoint le mouvement "attendent le moment fatidique pour agir". Jean Kalama nie toute présence du général Munene à Paris et les rumeurs autour de son état de santé.
- Afrikarabia : La réélection de Joseph Kabila, fin 2011, a été très controversée. Les observateurs étrangers ont tous relevé de nombreuses irrégularités et de forts soupçons de fraude massive. Comment se positionne l'ARP après ce scrutin ?
- Jean Kalama Ilunga : Dès novembre 2010 nous avions rejeté la tenue de ces élections. Nous pensions déjà à l'époque qu'il y avait des éléments de tricheries qui allaient être mis en place. Il n' y avait pas de recensement depuis 1984, on ne savait donc pas qui pourrait voter et sur quelle base se déroulerait le scrutin ? Autre élément : comment organiser dans une dictature des élections libres et transparentes ? Toutes les institutions sont au service d'un seul homme (Joseph Kabila, ndlr) : la justice, l'économie, la Banque centrale, les médias, le parlement, le sénat… Nous avons donc, en amont du scrutin, rejeté l'organisation des élections et les résultats qui en découleront. Pour nous, Joseph Kabila n'a pas de légitimité à la tête de l'Etat. Nos revendications sont donc les mêmes, avant qu'après les élections : Joseph Kabila doit partir ! Et aujourd'hui, il n' y a que la résistance qui puisse faire changer les choses.
- Afrikarabia : La Cour suprême de justice a tout de même validé l'élection présidentielle et la Communauté internationale, pourtant très critique sur les nombreuses irrégularités du scrutin, a laissé faire ?
- Jean Kalama Ilunga : Cette Cour suprême n'a aucune légitimité. Ce sont des juges complètement "caporalisés". D'ailleurs, ces juges ont été changés juste avant les élections par Joseph Kabila lui-même. Quand nous prendrons le pouvoir, ces gens qui se disent de la Cour suprême seront arrêtés pour "faux et usage de faux". Ils ont "tricotés" les donnés pour valider de faux résultats.
- Afrikarabia : Que propose l'ARP pour sortir de cette crise politique et de ce blocage institutionnel ?
- Jean Kalama Ilunga : Nous ne sommes pas étonnés que le pays en soit arrivé là. Nous le disons depuis très longtemps. Nous sommes arrivés au bout du système. Ceux qui sont au pouvoir sont des tricheurs, ils utilisent l'argent public pour corrompre, alors que les policiers, les militaires, les fonctionnaires ne sont pas payés et que les Congolais manquent de tout. Nous, nous sommes prêt à protéger les population, avec les mêmes moyens. Ce que nous proposons, ce n'est pas la "troisième voix", c'est la résistance. Nous sommes déjà organisés politiquement, nous avons prévu un gouvernement intérimaire. Nous voulons mettre en place des institutions fortes, pas des hommes forts.
- Afrikarabia : Peut-il y avoir un changement de régime pacifique ? Car pour l'instant Joseph Kabila est encore au pouvoir ?
- Jean Kalama Ilunga : C'est Joseph Kabila qui apporte la guerre. C'est lui qui se maintien au pouvoir en prenant l'armée en otage, avec l'aide de mercenaires. Et l'ARP veut créer un rapport de force avec le pouvoir en place. Nous travaillons pour que ce rapport de force puisse basculer.
- Afrikarabia : Pour créer un rapport de force, celui veut dire qu'en face des troupes de Joseph Kabila, il faut qu'il y ait des soldats, des hommes en armes ?
- Jean Kalama Ilunga : Bien sûr… ce n'est pas exclu. Il y a de nombreux militaires de l'armée congolaise (FARDC, ndlr) qui sont d'accord avec nous. Sinon, pourquoi Joseph Kabila a embauché tous ces mercenaires ? Pourquoi a-t-il a désarmé le camp Kokolo à Kinshasa ?
- Afrikarabia : Qui compose l'ARP ? Ce sont tous d'anciens militaires ?
- Jean Kalama Ilunga : Non. Il y a d'anciens militaires, bien sûr, qui ont rejoint l'ARP. Mais, je ne peux pas vous cacher qu'il y a aussi des militaires qui sont encore dans l'armée aujourd'hui et qui sont avec nous. Ces militaires attendent le moment fatidique pour agir.
- Afrikarabia : Qu'est-ce qui pourrait déclencher ce type d'action miltaire ?
- Jean Kalama Ilunga : Je ne peux pas le vous dire… (rires). Ce moment arrivera, mais je ne peux pas vous dire où, quand, comment et l'heure.. C'est confidentiel et nous sommes en train d'y travailler.
- Afrikarabia : Si la première partie de votre action est militaire, la seconde partie est politique ?
- Jean Kalama Ilunga : Oui, tout doit se terminer par la politique. Même si aujourd'hui on travaille sur la partie militaire, la politique est très importante puisque c'est la politique qui doit encadrer le militaire. C'est la politique qui devra créer la nouvelle armée du Congo.
- Afrikarabia : Quand on pense à une action militaire qui serait l'élément "déclencheur" d'un changement de régime, on pense à l'attaque de la résidence du président Kabila en février 2011, qui a tourné court. Certain ont attribué l'attaque à l'ARP du général Munene ?
- Jean Kalama Ilunga : Il y a des choses que je ne peux pas dire… Quand on parle de forces de la résistance, on parle de tous les Congolais. Après ces actions, l'état d'esprit des Congolais a changé, les gens se sont réveillés. A l'extérieur avec les actions de la diaspora et maintenant à l'intérieur. Aujourd'hui, la résistance est à l'intérieur du Congo.
- Afrikarabia : La différence entre votre mouvement et d'autres mouvement d'opposition, c'est le poids militaire que peut représenter le général Faustin Munene ?
- Jean Kalama Ilunga : Tout à fait, mais quand je parle, moi, je parle politique.
- Afrikarabia : Quelles sont justement vos liens avec les partis politiques d'opposition comme l'UDPS ?
- Jean Kalama Ilunga : L'opposition a fait son choix en acceptant de participer à ces élections. Nous, nous avons rejeté la tenue même des élections. Pour nous, ces élections n'ont pas existé. Nous avions donc deux projets très différents.
- Afrikarabia : Il n'y a donc pas de discussion avec Etienne Tshisekedi ?
- Jean Kalama Ilunga : Non non, nous ne sommes pas sur cette logique là ! Il faut dépasser le problème d'individu. Nous devons avoir des institutions fortes et non des hommes forts. On sait qu'avec des hommes forts, cela se termine toujours de la même façon : de la politique tribale.. ma tribu d'abord !
- Afrikarabia : Quelles sont les qualités du général Munene ?
- Jean Kalama Ilunga : C'est d'abord quelqu'un qui a été Chef d'Etat major général. Sous Laurent-Désiré Kabila, il a été vice-ministre chargé de la sécurité. Il avait donc la confiance total du Mzee Laurent-Désiré. Il a créé la police, qui n'existait pas sous Mobutu et il a installé une certaine sécurité que la population a reconnu. Il y avait de la discipline et ça, c'est l'oeuvre de Munene. Il est très écouté par les jeunes policiers, les militaires, les officiers. Nous leur demandons d'ailleurs de ne pas se signaler, mais nous savons qu'ils sont avec nous.
- Afrikarabia : Certains sites internet ont annoncé la présence du général Munene à Paris et d'autres médias comme Jeune Afrique disaient le général "mal en point" ?
- Jean Kalama Ilunga : Faustin Munene n'est pas à Paris et il n'est pas malade.
Propos recueillis par Christophe RIGAUD
Photo : Jean Kalama Ilunga à Paris en janvier 2012 © Ch. Rigaud - www.afrikarabia.com
23:10 Publié dans République démocratique du Congo | Lien permanent | Commentaires (9)
Commentaires
La région des grands lacs a tellement souffert.Dans toutes les circonstances,il faut toujours penser à la résolution des conflits pacifiquement.Notre leg à nos enfants ne doit pas être la guerre.
Écrit par : Elysé | 24 janvier 2012
La donne militaire ne peut aucunement resoudre la problematique de la crise politique et institutionnelle en RDC. Si JKAB était dictateur il n'aurait pas accepté de partager son pouvoir avec Jean Pierre Bemba et les autres dans 1+4. La Democratie exige le respect de la vie humaine. Du reste ,le moral de l'ARP est fondé sur la santé du General Munene qui, par surcroit est mal-en-point !
Écrit par : Eric | 24 janvier 2012
C'est une démarche à ne pas encourager dans un pays qui a tant souffert des guerres et conflits de tous ordres.
Nous vivons encore des sequelles de ces conflits , il faut penser aux nombreuses victimes innoncentes qui continuent à payer cher les visions des hommes plus attirés par le pouvoir qu'autre chose
Écrit par : Théophile | 24 janvier 2012
Une expérience morose d'oublier ou de vouloir changer les points de l'histoire. Le géneral Munene comme son compagnon Laurent Désiré Kabila ne constituent pas de modéle pour une nation civilisée. A l'époque, nous avons vaincu des assassinants ciblés, des exécutions sommaires des citoyens, les interdictions des réunions et activités politiques, les pillages des ressources du pays, le tribalisme et le dépotisme, en bref basculer la RDCongo dans les antiquités. Quelle police avez t-il formée? Des brigants spoliant la tenue de la police qui detenaient les armes à longue portée et même des lances missiles, qui tirainet sur les manifestants civiles. Certes, je suis victime de abus de la police de Faustin Munene et Laurent Kabila. L'oeil gauche ne sait plus voir ainsi que mon oreille gauche. J'était deshabillé devant une maison commnale de Kinshasa. Monsieur, Etienne Tshisekedi est un modéle politique pour le monde et celui qui a été effectivement élu. Tous, tournons vers cet homme pour changer le Congo et l'Afrique. Pas le barbare Munene ou l'indigne Joseph Kabila.
Écrit par : Senior Khefa | 24 janvier 2012
cette solution peut etre envisangeable mais pas avec des personnes commes et votre soit disant munene qui avec ses allies n'ont respect des congolais , qui n'ont respect de vie humaine et qui avec l'afdl n'ont cessaient de faire couler le sang de congolais veullent aujourd'hui nous faire croire qu'ils peuvent faire quelques choses de bien car ils se retrouvent perdant de tout et sana fonction
Écrit par : patrick kaniki | 24 janvier 2012
TANT QUE FAUSTIN MUNENE RECOURT A L'OPTION MILITAIRE SANS Y ASSOCIER TSHITSHI, QU'IL SACHE QUE SON ACTION SERA VAINE, NULLE ET SANS EFFET.
M'ZEE EN A FAIT AUTANT, IL A RECOLTE LA TEMPETE.
LE PEUPLE NE POURRA JAMAIS TOLERER QUELQU'UN QUI VIENT SE GREFFER SUR LES ACTIONS DE TSHITSHI, SOIT-DISANT POUR LE LIBERER, MAIS QUI A SA DICTATURE EN POCHE.
Écrit par : JEEF | 24 janvier 2012
Si l'ensemble des congolais pense qu'il faut confondre kabila,retenez qu'1 royaume divise ne peut jamais subsister.comme pour dire:opposition desunie ne peux pas aboutir.attention! si munene rejete tsissekedi ou vice versa c'est que c'est 2 la megalomanie.tout compte fait c'est des vieux gerants de ce pays.qui peux mieux faire d'eux tous aujourdhui.l'interet guide l'homme il faut un distinguo entre l'armee et la politique et la paix est mieux que tout
Écrit par : LIPOU | 24 janvier 2012
Je crois que le pouvoir pris par les armes nous apporte touours le malheur, au lieu que le pays puisse progresser à cause des militaires qui ont souvent des idées limiter quelque soit leur niveau d"étude, la régression est accentuée.
Nous voulons que le pays soit dirigé par de technocrates qui ont la maitrise de gestion de la chose publique.
On en a marre du pouvoir acquit par les armes .
Écrit par : masamba | 26 janvier 2012
Chaque jour les congolais vivent dans un calvaire indescriptile, sont arretes et chicotes par le pouvoir en place. A quand l' interventon de cette armee de resistance ? Car au fur et a mesure qeue nous avancons, le pouvoir illegitime et illegal enfonce ses racines et il arrivera qu' il sera impossible de le demanteler et on lui donne encore l' occasion de semer la terreur, verser le sang du paisible et pauvre et mal nourri, mal paye, non scolarise..... si cette force est encore en gestation , inutile de faire esperer aux congolais la terre promise, vaut mieux se taire, le peuple lui- meme avec la providence de Dieu se liberera.....
Écrit par : David | 08 février 2012
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