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05 mai 2008

RDC : 63 ONG appellent à mettre fin aux souffrances des congolais

63 organisations non gouvernementales recommandent vivement aux Nations Unies et aux acteurs internationaux qui ont aidé à négocier l’accord de Goma de nommer un conseiller spécial indépendant de haut niveau sur les droits humains pour l’Est du Congo afin de concentrer son attention sur la protection des civils en danger, en particulier les femmes et les filles exposées aux violences sexuelles, et de garantir des actions en ce sens. Elles ont également demandé aux acteurs internationaux tels que l’Union Africaine, l’Union européenne et les Etats-Unis d’appuyer cette nomination tant sur le plan politique que financier.

DSC04000 copie2.jpg« Des centaines de milliers de victimes se sont raccrochées à l’espoir que l’accord de paix mettrait fin à leur souffrance. Malheureusement, aucun progrès significatif n’a été opéré du point de vue des engagements en matière de droits humains », a déploré Anneke Van Woudenberg, chercheuse principale sur la RDC à Human Rights Watch. « Nous recommandons vivement la nomination immédiate d’un conseiller spécial indépendant sur les droits humains qui serait chargé d’aider les parties à honorer leurs engagements en matière de droits humains et de faire entendre la voix des victimes qui souffrent en silence. »

Le 23 janvier dernier, après des semaines de pourparlers, le gouvernement congolais a signé un accord de paix à Goma, dans le Nord-Kivu, avec 22 groupes armés, engageant toutes les parties à un cessez-le-feu immédiat ainsi qu’au désengagement des forces présentes sur le front. Pourtant, depuis la signature de l’accord, des dizaines de civils ont été tués, des centaines de femmes et de filles violées et un nombre encore plus important d’enfants recrutés au sein des forces armées, ajoutant ainsi au nombre extraordinairement élevé de civils déjà victimes de ces mêmes crimes au cours des dix dernières années.

Selon les estimations, les provinces du Nord et du Sud-Kivu compteraient 1,1 million de personnes déplacées, dont 555 000 qui ont fui les combats depuis 2007. La malnutrition, le choléra, la malaria et autres maladies évitables sèment la mort parmi ces déplacés à un rythme inquiétant.

« Il s’agit d’une catastrophe humanitaire d’une énorme ampleur. Elle requiert une action urgente et concrète de toutes les parties à l’accord ainsi que de la communauté internationale », a déclaré Colin Thomas-Jensen, conseiller politique de ENOUGH, un projet visant à mettre un terme au génocide et aux crimes contre l’humanité. « Obtenir la signature d’un accord par les parties a constitué un premier pas important mais aujourd’hui, nous devons passer à l’étape suivante et aider les gens à rentrer chez eux tranquillement, en toute sécurité. »

Les agences humanitaires se heurtent toujours à des difficultés pour accéder aux civils en danger et les défenseurs des droits humains qui ont exprimé leur inquiétude face aux exactions sont victimes de menaces et de harcèlement. Les groupes armés ainsi que les militaires congolais continuent à exploiter illégalement les ressources naturelles et à se servir des profits engrangés pour alimenter le conflit.

Les envoyés spéciaux de l’Union Africaine, de l’Union européenne, des États-Unis, des Nations Unies et de la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs ont joué un rôle crucial dans la négociation de l’accord de Goma. Ils ont accepté de continuer à jouer un rôle actif dans le contrôle et la mise en œuvre de ses dispositions.

Aux termes de l’accord, les parties se sont engagées à respecter le droit international humanitaire et des droits humains, notamment à mettre un terme à tous les actes de violence à l’égard des civils, à mettre fin au recrutement d’enfants soldats, à assurer la libération des prisonniers politiques et à autoriser le passage des agences humanitaires.

La semaine dernière, Human Rights Watch a présenté des recommandations détaillées à M. l’Abbé Apollinaire Malu Malu, le coordinateur national indépendant nommé par le gouvernement congolais pour diriger les efforts de paix, ainsi qu’aux représentants de la communauté internationale, sur les possibilités de nommer un conseiller spécial indépendant sur les droits humains pour l’Est du Congo. L’organisation a exhorté M. l’Abbé Malu Malu à mettre en œuvre cette nomination, soulignant que puisque les préoccupations en matière de droits humains se retrouvaient au cœur du conflit, l’absence de réponse à ces questions pourrait conduire à l’échec du processus de paix.

Photo (c) www.afrikarabia.com - Christophe Rigaud

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